La désertification du centre des villes moyennes et des villages est un véritable problème en France. Pour relancer leur dynamisme, l’association Villages vivants propose d’accompagner des projets commerçants, culturels ou…
La désertification du centre des villes moyennes et des villages est un véritable problème en France. Pour relancer leur dynamisme, l’association Villages vivants propose d’accompagner des projets commerçants, culturels ou coopératifs, destinés à réinvestir les locaux abandonnés.
Des centres-villes abandonnés
Le monde rural et périurbain semble séduire de plus en plus de Français, attirés par une qualité de vie qu’ils jugent plus agréable qu’en milieu urbain. Mais cet attrait tranche avec la réalité et les difficultés qui concernent de plus en plus de communes rurales et moyennes. En effet, alors que ces lieux représentent un style de vie prisé, « il y a beaucoup de villages qui sont abandonnés, notamment en terme de commerces. Nous voyons les vitrines vides se multiplier », déplore Marie Isserel, chargée de communication pour Village vivants, dans un entretien accordé au site Territoires-Audacieux.fr. La situation confine au paradoxe.
Créée en mars 2017 par trois jeunes entrepreneurs, Sylvain Dumas, Valérie Dumesny et Raphaël Boutin Kuhlmann, l’association a pour objectif de redynamiser les villages. Conscients de la désertification des centres villes, ils souhaitent accompagner des projets afin de relancer des activités commerciales, associatives ou culturelles dans les locaux abandonnés. Car leurs fermetures représentent une véritable perte économique et sociale. Sylvain Dumas en fait le constat pour France 2 devant une vitrine laissée à l’abandon dans le Val de Drôme : « Ici, nous avons une boutique magnifique à l’entrée du centre-ville, témoin d’un passé que l’on imagine vivant avec des clients, des vendeurs qui connaissent leurs produits sur le bout des doigts… et c’est vide depuis plusieurs dizaines d’années ».
Villages vivants, au service des acteurs locaux
« La solution que nous proposons est de racheter des boutiques vides, de les rénover et d’y installer des projets qui sont utiles pour le territoire » explique Marie Isserel. Pour cela, Villages vivants se décline désormais en deux structures ; outre l’association, il y a, depuis 2018, une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Cette foncière SCIC SARL « propose aux investisseurs institutionnels, acteurs locaux et citoyens d’investir en faisant l’acquisition de parts sociales et de titres participatifs ». Elle permet ainsi de « monter des projets publics-privés responsables » et possède un comité d’experts qui « étudie, donne un avis et des préconisations sur les projets immobiliers envisagés ».
La force de Villages vivants est de lier les différents acteurs pour le rachat des locaux abandonnés, et d’accompagner des projets portés par des communes ou par des citoyens eux-mêmes, comme le confirme Marie Isserel : « parfois nous commençons par identifier un bien, une boutique ou parfois cela peut être des entrepreneurs, des porteurs de projets qui viennent à nous. Ce sont des gens qui ont souvent des idées pour remettre de la vie dans leurs villages mais qui se heurtent à l’immobilier commercial, qui est inaccessible. » En effet, le rachat de ces biens immobiliers peut avoir son lot d’obstacles difficiles à surmonter. Par exemple, une « difficulté que nous avons est d’identifier les propriétaires. Parfois dans une rue qui est complètement déserte, il n’est pas toujours évident de trouver ceux des bâtiments vides. Surtout s’ils ne sont pas du coin par exemple. »
Des projets pour redynamiser les centres-villes
Depuis sa création, l’association Villages vivants est très sollicitée. Pour Valérie Dumesny, c’est parfaitement logique puisqu’ils répondent à une demande forte : « Il n’y a pas un citoyen qui n’ait pas envie que son village vive, qu’il y ait du lien, de la fête, des couleurs, plein de commerçants dans le centre-ville… » La jeune femme répond spontanément « dynamiseur de territoires » lorsqu’on lui demande quel est son métier. Car pour elle, tout est avant tout une question de dynamique. De la même façon que les fermetures successives des commerces entraînent les communes dans une spirale négative, relancer l’activité crée un cercle vertueux qui peut amener à relancer le dynamisme perdu d’un village.
Ce fut le cas de Loriol, situé dans le département de la Drôme. D’avril à décembre 2017, l’association a accompagné la mairie dans le cadre du contrat de ville, afin de renforcer la cohésion sociale, le cadre de vie et le développement économique de la commune. Claude Aurias, le maire, ne tarit pas d’éloges sur le savoir-faire de Villages vivants après leur partenariat : « Accompagnement des propriétaires de locaux vacants, valorisation des vitrines, installation d’exposition éphémères, animation d’une dynamique citoyenne… le travail sur Loriol a immédiatement porté ses fruits. L’originalité et la force de Villages Vivants est d’impliquer les habitants, les commerçants et les propriétaires dans la mise en œuvre de solutions concrètes. Et leurs retours sont très positifs ! »
Depuis Loriol, Villages vivants a mis en place d’autres projets. De septembre 2017 à décembre 2018, ils ont engagé un processus de redynamisation du centre ville de Die, aux côtés de la Communauté de Communes du Diois. Et prochainement, une librairie coopérative va voir le jour à Trévoux. Actuellement, trois autres projets sont en cours.
Une association locale, bientôt régionale puis nationale ?
Pour l’instant, Villages vivants se focalise sur des actions dans le département de la Drôme (quatre projets) ou à proximité (un projet dans l’Ain, deux en Ardèche) mais souhaite se développer rapidement : d’abord au niveau régional à partir de 2020, puis au niveau national, si le succès est au rendez-vous, à partir de 2023. Mais cela ne fait aucun doute pour Marie Isserel car l’association répond à une vraie demande : « La raison pour laquelle nos projets fonctionnent, c’est que ce sont des choses attendues. C’est-à-dire que dans les villes et les villages, il ne reste qu’un seul commerce parfois. Les gens sont alors obligés de se déplacer plus loin pour aller acheter leur pain. L’installation du projet répond alors à un besoin. »
Car la désertification des centres-villes est un véritable phénomène de société qui va au-delà de la simple utilisation des espaces abandonnés. C’est tout un pan de la vie d’une commune qu’on interroge en réalité. En abordant cette problématique, « vous allez forcément traiter de la paupérisation des centres et de la perte de lien social. Ça recouvre par exemple des thématiques comme l’isolement des personnes âgées. Nous pouvons aussi traiter des questions environnementales. S’il y a moins de commerces dans les villages et villes, l’utilisation de la voiture est beaucoup plus courante. » C’est une mission qui apparaît donc de plus en plus importante pour bon nombre de communes.