On parle souvent des moments critiques de la vie d’élue car tous les jours ne sont pas roses, et l’engagement contient une part de risque…

On parle souvent des moments critiques de la vie d’élue car tous les jours ne sont pas roses, loin de là, et l’engagement contient une part de risque. Notamment le risque de ne pas plaire à tout le monde.
Pour beaucoup d’entre nous, la date de mi mandat se rapproche … à l’anniversaire des trois ans de mon élection, je prends le temps de revenir sur ce jour qui a changé ma routine quotidienne.

Un engagement que j’ai découvert…par hasard

Comme pour de nombreuses élues, mon engagement tient du hasard, il a été provoqué par un tiers, un homme qui a pensé à moi quand la parité imposait de chercher des femmes pour les listes. Quand cet adjoint m’a dit un matin que mon nom avait été cité et qu’on pensait à moi pour rejoindre la liste qui se constituait, je n’ai pas réfléchi une minute et j’ai dit oui.

Beaucoup m’ont mise en garde et, maintenant, je me dis qu’avoir dit oui “sur un coup de tête” avait été risqué. Un risque que j’ai pris en une demi seconde et à côté duquel je serai sûrement passée si j’avais pris le temps de peser le pour et le contre. Autant dire que je suis très heureuse d’avoir manqué de “discernement” à ce moment là !

Une fois mon “oui” entendu par toute l’équipe et les premiers échanges avec le noyau dur de cette liste, la campagne a commencé. Ont débuté des réunions, des groupes de travail, des rencontres, des échanges avec les habitants, tout était très nouveau et stimulant. Une sorte de nouveau monde s’ouvrait à moi dans une commune où j’ai pourtant toujours vécu. Il fallait tout apprendre vite – une campagne ce n’est pas long, comprendre les enjeux, les présenter, défendre nos ambitions et nos idées, tout ça avec joie et bonne humeur. Plus que les projets et les idées, il fallait apprendre à se connaitre et à travailler en groupe avec des personnes qu’on découvrait…et ce n’est pas toujours le plus facile. Mais tout s’est plutôt bien déroulé et le train avançait. Les réunions publiques ont commencé à s’organiser, en petit groupe dans des quartiers et avec l’équipe entière dans les salles les plus importantes. La liste adverse était présente mais n’était pas vraiment agressive, les coups bas ne venaient pas d’eux mais d’anciens opposants…ou de lettres anonymes dénonçant des enfants illégitimes… oui ça allait jusque là ! On est bien loin des campagnes pendant lesquelles les adversaires essaient de s’étrangler (au sens propre, car c’est aussi arrivé sur d’autres élections !). En 2014, nous avions la chance d’être dans une dynamique de campagne intelligente.

Des moments qu’on n’oublie pas

Et puis, les élections ont eu lieu et nous avons été élus en mars 2014. Parmi ces instants que je garde gravés dans ma mémoire : mon premier dépouillement, le moment où les agents indiquent sur le tableau la liste gagnante, l’élection du Maire, l’article dans la presse locale, ma famille qui me félicite…mais aussi tous ceux que je ne connais pas. Tout va très vite.

Nous sommes aspirés dans la vie tumultueuse des collectivités

Ensuite, il faut prendre le train en marche, découvrir les équipes techniques et administratives de la commune – heureusement, une part de la liste est représentée par des sortants qui connaissent parfaitement l’organisation de la mairie – et donner son énergie à ce nouvel engagement. Ces nouvelles journées changent totalement l’organisation de mes semaines, je découvre, en débauchant, qu’une deuxième vie commence. Je suis étonnée par ma capacité à allier différentes activités et à découper mon emploi du temps pour essayer de tout faire fonctionner. Les journées semblent faire 72 heures, mais c’est tellement enthousiasmant ! Je sors littéralement de ma zone de confort, mais finalement, ce n’est pas si inconfortable au delà des lignes.

La joie de ces nouvelles fonctions m’anime encore, même si toutes les journées ne sont pas évidentes. Et, si je suis arrivée là sans trop savoir pourquoi, je sais aujourd’hui pourquoi j’y reste et pourquoi je veux le faire encore longtemps. Quand l’équipe est dans le creux de la vague, je leur rappelle les moments cités au dessus : ce qu’on ressent quand notre nom de liste est annoncé comme gagnant, la joie de pouvoir amener sa pierre à l’édifice, les rencontres que cet engagement permet… Souvent ce n’est pas facile et je ne vois pas où aller dans le brouillard des réunions et décisions, mais j’échange avec d’autres élus, avec des collègues d’autres communes, et les valeurs reviennent vite nous animer et nous motiver pour continuer. Etre élue est certainement une des aventures les plus difficiles que la vie peut apporter, mais aussi une des plus belles !

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