A l’approche des campagnes électorales, s’exprimer sur les réseaux sociaux va devenir primordial. Quelques conseils pour les utiliser

À chaque nouvelle campagne électorale votre communication doit évoluer et s’adapter aux évolutions et notamment sur les réseaux sociaux qui sont devenus indispensables. Nous vous proposons quelques conseils pour vous aider à les utiliser efficacement, tout en vous protégeant.

Pourquoi les réseaux sociaux ?

Ils vous permettent d’établir une prise directe et rapide, sans filtre ni prisme déformant. En quelques clics, vous pouvez interagir avec votre électorat, vos partisans, vos opposants, vos soutiens et aussi les indécis.

Aujourd’hui, la très grande majorité des institutions, des collectivités territoriales, des partis et de leurs candidats, des groupuscules, associations et mouvements diverses sont présents sur les réseaux sociaux. Il est donc important d’y être également pour pouvoir s’exprimer, occuper l’espace médiatique et pouvoir repérer et contrer les attaques des opposants.

Cependant, attention à l’affaiblissement du débat politique qu’il peut provoquer. Le format est dédié à la diffusion rapide, ils invitent à la spontanéité, à l’échange, et sont moins adapté à la création de valeur.

Toujours faire attention

Devenus des medias particulièrement utilisés pour s’exprimer, les réseaux sociaux sont un outil très pratique, car très simple d’utilisation, pour s’adresser à ses électeurs ou ses opposants. Mais ils sont également extrêmement traîtres.

Alors que l’on se sent souvent protégé par la notion de liberté d’expression, les régulières affaires médiatiques ou judiciaires impliquant des propos, des « dérapages » contrôlés ou non, nous rappellent bien vite que celle-ci a de réelles frontières qu’il ne faut surtout pas franchir même lorsque l’on est tenté par ses supporters ou détracteurs agressifs.

Si nous ne vous conseillons pas nécessairement d’opter pour le discours aseptisé et froidement factuel, nous ne saurions assez vous encourager à la prudence et à la modération au moment de publier quoique ce soit sur Internet. Pesez bien la pertinence de vos propos.

Se distinguer en apportant une réelle valeur

Dans un monde saturé d’informations déferlant en ligne chaque seconde, il est nécessaire de se distinguer en apportant une réelle valeur. Pour émerger dans ce flux d’informations, vous devez régulièrement écrire et produire du contenu consistant, argumenté et circonstancié.

Pensez bien vos publications :

  • Un visuel (photo ou vidéo) donnera envie à vos lecteurs d’accorder un peu de temps à votre publication
  • Une autre personne est concernée, pensez à l’identifier, ainsi votre auditoire sera plus large
  • Vous voulez être pris au sérieux mais aussi être proche de votre électorat : utilisez un ton à la fois sérieux et simple, ne prenez pas trop de distance, ne complexifiez pas à outrance.
  • Enfin, pensez que vous ne pouvez pas tout dire. Si votre publication doit être argumentée, vos lecteurs ne liront pas une publication si elle est trop longue. Sachez être concis !

Ignorer les commentaires sur les réseaux sociaux

“Peur” des commentaires agressifs ? Il est toujours possible de les ignorer.

Une étude a montré que les « grands » personnages politiques n’utilisent les réseaux sociaux que comme plateforme d’expression personnelle, extrêmement rarement comme lieu virtuel d’échanges avec les citoyensLes réseaux sociaux et l’échange entre l’homme politique et les internautes : le cas de Facebook après les élections présidentielles en France », Galia  Yanoshevsky).

Si vous souhaitez établir un vrai débat, il est conseillé d’opter pour une autre plateforme ou alors d’effectuer un important travail de modération au cas où vos opposants « attaquent ».

Se souvenir que tout est public, surtout en campagne électorale

N’oubliez jamais que vos opposants n’hésiteront pas à fouiller vos déclarations passées afin de vous mettre en difficulté. Le peu d’attention qui est souvent fait aux paramètres de confidentialité des propos et des comptes Facebook ou Twitter pose une situation de grande vulnérabilité. Tout le monde peut savoir ce que vous dîtes sur les réseaux sociaux, ce que vous publiez (dans la grande majorité des cas), vos supporters, les journalistes mais aussi vos opposants. Il est donc vivement conseillé d’être prêt en cas d’attaque, de pouvoir argumenter et se défendre. Etre mis(e) en difficulté étant bien mauvais en termes d’image.

De plus, jugez soigneusement de la pertinence de recourir à l’humour. Notion particulièrement subjective, ce qui choque certaines personnes peut en amuser d’autres. Le juge peut être amené à trancher des litiges complexes, et la décision ne pourra qu’être subjective.

L’humour dispose d’une large tolérance certes mais il n’existe néanmoins pas « d’impunité de principe pour l’humoriste et que la liberté d’expression doit demeurer dans certaines limites » (TGI Paris, 17eme ch., 12 janvier 1993). Cette subjectivité fait que l’on peut donc aisément glisser dans le cadre de l’injure, c’est-à-dire une « expression outrageante » ou méprisante (on voit là que la frontière est très subjective)…

Vérifier l’exactitude de ses propos

Alors qu’un nombre grandissant de journalistes et titres de presse, mais aussi de collectifs citoyens, s’adonnent à cette vérification systématique de tout chiffre ou information évoqué publiquement, appelée le fact-checking, il est donc maintenant conseillé de parfaitement connaître son sujet et de ne pas s’en tenir qu’aux grandes lignes au risque que ce fact-checking ne taille en pièce votre discours et vos arguments.

L’étiquette d’ « approximatif », d’ « enjoliveur », voire tout simplement de « menteur » , est rapidement accolée et bien difficilement effacée…

Privilégier la régularité

La communication via les réseaux sociaux est un vrai travail du quotidien. Si vous ne devez pas noyer vos lecteurs sous une montagne de contenus…qu’ils ne liront pas, vous devez absolument rester régulier dans vos communications.

Tous les jours, tous les deux jours, vos actualités, vos déplacements, vos propositions, ne les laissez pas vous oublier et publiez le plus régulièrement possible.

Faire bien attention à ne pas mélanger votre rôle d’élue et de candidate

C’est un vrai point d’attention à avoir dans votre utilisation des réseaux sociaux, surtout dans les moyens que vous allez utiliser. Le “vous” candidat.e et le “vous” élu.e doivent être bien séparés. Oui, c’est un travail compliqué, qui vous donnera peut-être l’impression d’être schizophrène, mais c’est essentiel !

Bien sûr, votre mandat n’est pas encore terminé, vous êtes encore au quotidien mobilisé.e par les habitants de votre commune, votre département ou votre région mais aucune publicité de cette action ne doit être faite. Vous ne pouvez pas vanter votre bilan, les actions que vous avez pu mener, vous ne pouvez pas non plus créer de nouvelles actions en tant qu’élu.e.

Et surtout, attention aux outils que vous utilisez : le compte Facebook de la mairie, ou du département, ne doit absolument pas être utilisé pour faire campagne. Utiliser votre compte personnel ou votre page. Cela vous évitera tout malentendu.

Attention à la publicité sur Facebook

Vous l’avez peut-être remarqué, sur des réseaux sociaux comme Facebook, proposition vous est faite de “booster” vos publications en échange d’un petit budget. C’est une méthode habituelle dans le marketing en ligne mais vous devez savoir que celle-ci vous est interdite en tant que candidat.e.s à une élection.

La justice a refusé à plusieurs reprises que des candidat.e.s payent pour améliorer leur visibilité dans les six mois précédant l’élection et a sanctionné l’achat de référencement sur Google et la publicité Facebook Conseil d’État, 13 février 2009, n° 317637 ; Conseil d’État, 25 février 2015, n° 382904. Si vous êtes tentés pour cliquer sur cette proposition qui est parfois un peu insistante…résistez.

Vous avez des conseils ? N’hésitez pas à nous les partager, ils seront utiles pour toutes et tous ! 😊