La solution aux centres-villes en difficulté ? Le manager de centre-ville ! Il aide à le rendre actif et à relancer le dynamisme économique.

C’est un fait récurrent, bien des centres-villes français de villes moyennes sont en souffrance aujourd’hui. Avec la multiplication de zones commerciales en périphérie, les consommateurs fréquentent de moins en moins les centres. A Noyon dans l’Oise, un poste de manager de centre-ville a été créé pour y aider les commerçants.

Être un facilitateur pour les commerçants

Manager de centre-ville, c’est « être une interface entre les commerçants du centre-ville et la collectivité, être un interlocuteur unique pour mettre en relation les commerçants avec tous nos services et tout un réseau qui peut répondre à toutes leurs attentes, leurs besoins, etc. » nous explique Pascal Loisel, en poste à Noyon depuis 5 ans.

Régulièrement, les commerçants venant chercher des réponses à la collectivité sont renvoyer de service en service et perdent un temps précieux avant de trouver des solutions à leurs problèmes. L’idée est donc de faciliter la vie des commerçants du centre-ville « qui sont souvent seuls dans leur boutique et dès qu’ils ont un besoin, une question urgente ou pas, ils ont des difficultés à fermer leur boutique pour avoir des réponses ou solutionner quelque chose. Le manager de centre-ville est donc là pour leur faciliter la vie et essayer d’au mieux répondre à leurs besoins et attentes ».

S’il a un rôle très important d’interface, le manager de centre-ville est également « un outil de redynamisation de centre-ville, un outil pour améliorer les choses et surtout c’est quelqu’un de terrain : il est au contact quotidien avec les commerçants, il doit les connaître, travailler avec l’association des commerçants. Il doit être au courant de tout ce qui se passe, de tout ce qui s’est passé, de tout ce qui va peut-être se passer et qui doit être au courant du moindre changement, mouvement ou idée qui peut arriver dans le centre-ville ». Ce travail de terrain est absolument indispensable selon Pascal Loisel car, selon lui, « avec différents services ou quelqu’un qui reste dans son bureau, on n’aura pas la même réactivité, la même efficacité ».

« Je suis un facilitateur de choses », Pascal Loisel, manager de centre-ville

Ayant été voir ce qui se faisait ailleurs en France, Pascal Loisel nous explique avoir constaté un frein récurrent à l’activité dans les centres-villes : bien des locaux sont vacants du fait de propriétaires peu coopératifs. Ainsi, « on rencontre partout les mêmes petits tracas avec des locaux vacants et des propriétaires qui ne baissent pas leurs loyers et, à Noyon, on a connu des propriétaires qui avaient des locaux vacants pendant des années et pas désireux de baisser le loyer. Fait est qu’avec des explications sur le terrain, en les rencontrant et en leur présentant un concept qui fonctionne, aujourd’hui, ce sont les propriétaires qui me contactent pour adhérer au concept et qui acceptent de baisser ces loyers. Preuve que le terrain, cela peut être payant ».

Le manager de centre-ville va donc beaucoup accompagner les commerçants, « il faut être présent aux réunions des associations de commerçants, pas les assister mais les accompagner, leur faire bénéficier de connaissances, de relations ou encore de l’aide de différents services ».

De plus, « pour avoir participer à de nombreuses réunions, conférences, colloques, on se rend compte que les problèmes sont souvent les mêmes : souvent, pour les commerçants, c’est un vrai casse-tête, ils ne savent pas qui appeler, s’adresser à quel service, ils ne comprennent pas comment cela fonctionne, contact direct ou pas direct, etc. et, du coup, [le fonctionnement interne d’une collectivité] c’est un monde un peu à part pour eux. C’est pourquoi le manager de centre-ville existe pour leur expliquer la faisabilité, les procédures, les circuits… En fait, on éduque aussi les commerçants à des procédures, à des réglementations, à des obligations et cela permet à tout le monde d’avancer dans le même sens et d’avoir un résultat dans des délais acceptables ».

Une plaque tournante des acteurs économiques

Ce rôle d’interface unique pour les commerçants du centre-ville permet de n’avoir qu’un seul interlocuteur pour ceux-ci. Le manager de centre-ville va alors assurer un rôle d’intermédiaire et se mettre en relation entre les différents services et les élus. Et il faut croire que ce dispositif d’un interlocuteur unique tampon entre services et élus et commerçants est une réussite, Pascal Loisel nous certifiant que cela se passe « super bien ! Cela se passe véritablement super bien puisque c’est un travail d’équipe ».

Ainsi, le manager de centre-ville va avoir pour interlocuteurs principaux « l’élu responsable du commerce en priorité mais aussi l’élu en charge de la sécurité, de tout ce qui est transport, circulation, public, bref des élus divers et variés puisque les demandes sont diverses et variées ».

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A Noyon, Pascal Loisel, manager de centre-ville, est une des plaques tournantes de l’activité économique

Qu’est-ce qui fera le bon manager de centre-ville ? Beaucoup de polyvalence, de relationnel et de créativité nous explique Pascal Loisel, « le côté relationnel, c’est la base du métier. Je vous donne un exemple : Noyon, c’est 15 000 habitants et, 3 ou 4 mois après mon arrivée, la plupart des commerçants du centre-ville m’appelaient par mon prénom ». De plus, « il faut savoir ne pas dire oui à tout, il faut savoir écouter, avoir une vraie écoute active. Si on n’a pas la réponse, il faut avoir l’honnêteté de le dire et surtout ne pas faire de promesse ». Etablir un lien de confiance avec les commerçants sera absolument indispensable pour établir une collaboration efficace avec l’ensemble des acteurs mais il « doit être aussi force de conseils et être un appui, même on n’est pas là pour dire oui à tout ».

Pas de journée type pour le manager de centre-ville. Pascal Loisel nous explique ainsi que « je peux avoir une demande de n’importe quoi, d’occupation du domaine public, un problème de rénovation de façade, un problème d’enseigne… Il y a tellement de choses, il n’y a pas de journée type ». Dès lors, beaucoup d’organisation sera nécessaire afin de pouvoir faire face à la multiplicité des demandes.

Redynamiser le centre-ville

Chargé d’être un intermédiaire facilitant la relation entre commerçants et collectivité, un manager de centre-ville va également avoir pour difficile tâche de redynamiser des centres-villes bien souvent en difficulté. Comment ?

Un des exemples d’initiatives les plus marquantes serait pour Pascal Loisel le lancement du concept de « boutique à l’essai » :  pendant 6 mois, un porteur de projet peut tester son idée de commerce dans un local de 60 m² idéalement situé au centre-ville. Pour ce faire, M. Loisel nous explique « qu’on identifie des locaux vacants, on fait des démarches auprès des propriétaires pour les faire adhérer au concept, pour les faire accepter de baisser les loyers. On crée un réseau de partenaires pour aider les porteurs de projets à tester en situation réel leur projet de commerce, pour accompagner avant, pendant et après l’ouverture ». Le succès est au rendez-vous car, non seulement une ministre s’est déplacée pour découvrir le projet, mais « le système s’est répandu dans toute la France et même aujourd’hui au Canada. Sans manager de centre-ville, c’est plus compliqué à mettre en place ».

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En facilitant la vie des commerçants, le manager de centre-ville va aider à redynamiser ce centre-ville

Si, à Noyon, le territoire n’est plus éligible, le manager de centre-ville était il y a peu en charge de la gestion du FISAC. Le Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce est un dispositif de subventions pour les communes qui s’engagent dans un projet d’actions en faveur du développement du commerce et de l’artisanat, « c’est un fonds pour pouvoir aider les commerçants dans leurs travaux de création, d’agrandissement, de rénovation » mais aussi pour aider à la réalisation d’études et de diagnostics, la mise en place d’animations, d’opérations de promotion du commerce et de l’artisanat locaux, d’aides directes à la rénovation des vitrines, à la mise en accessibilité et à la sécurisation des locaux commerciaux…


S’il est difficile d’avoir une appréciation chiffrée de l’apport du poste sur l’activité économique du centre-ville, celui-ci est cependant indéniable selon Pascal Loisel : « sans, les choses ne se feraient peut-être pas ou, en tout cas, beaucoup moins rapidement. Pour le commerce existant, cela apporte beaucoup car il y a quelqu’un qui est présent physiquement et qui accompagne le plus rapidement possible. Pour les porteurs de projets qui désirent créer, ils ont dès le départ un interlocuteur et on sait que c’est compliqué lorsque l’on crée une entreprise avec des demandes de tous les côtés… ».

Enfin, aspect non négligeable dans le climat de défiance généralisée vis-à-vis des institutions publiques, ce poste permet de faire « voir que la collectivité n’est pas là que pour percevoir des taxes ou des impôts, elle est là aussi pour aider les commerçants et participer à la redynamisation du centre-ville ».