Sébastien, 32 ans, tête de liste dans une commune de 10 000 habitants pour les municipales, nous raconte comment il a dû gérer une invasion de trolls sur ses réseaux sociaux.

Troll sur les réseaux sociaux : garder la tête froide

Candidat tête de liste dans ma commune pour 2020, je suis déjà bien identifié par les habitant.e.s puisque je suis également le président actuel de l’association des commerçants.

J’ai toujours été particulièrement engagé pour mon territoire et ne me suis jamais caché d’être un fervent défenseur du commerce de proximité.

Pourtant, depuis de nombreuses années, le maire actuel de la commune développe des projets de commerces de périphérie. C’est d’ailleurs la raison principale qui m’a poussé à me présenter aux élections municipales.

Après avoir mobilisé une équipe de colistier.e.s entièrement renouvelée, nous avons rapidement décidé de créer une page Facebook, Twitter et Instagram pour mettre en valeur nos projets pour la ville.

Nos différents réseaux ont rapidement fédéré les habitant.e.s. Tout allait donc pour le mieux, jusqu’au jour où je me suis réveillé avec une centaine de notifications en attente sur ma page Facebook. Plusieurs textos d’alerte de mes colistiers très inquiets et deux appels en absence du journal local ont rapidement suivi.

Mal réveillé ce jour-là, je remonte alors avec stupéfaction le fil de mes réseaux sociaux où je découvre de nombreux posts incendiaires m’accusant d’avoir manœuvré pour faire échouer l’installation de plusieurs commerces en centre-ville sous prétexte qu’ils auraient pu faire de l’ombre à ma boutique.

Identifier les « trolls »

Affolé par la multitude de réactions agacées, je fouille les profils Facebook de mes détracteurs et ne reconnait aucun nom. La majorité des profils ont été créé tout récemment et n’ont que très peu de contacts.

Je comprends alors rapidement qu’une grande opération de diffamation en ligne vient d’être lancée contre ma liste sur les réseaux sociaux.

Pour mieux comprendre d’où cela peut venir, je décide d’arrêter de fouiller ces « faux profils » et de me concentrer sur les réactions en commentaire. Tout s’éclaire alors : la plupart des commentaires qui viennent ajouter de l’huile sur le feu viennent de la liste concurrente, celle du maire sortant.

Après une petite crise de nerfs, je décide de me calmer au plus vite et de réunir mes colistier.e.s au local de campagne le matin même.

Déconstruire la rumeur et apaiser le débat

Je démens d’entrée de jeu la rumeur auprès de mes colistier.e.s, rien ne sert de laisser durer les théories du complot qui sont en train de s’installer dans les rangs.

L’essentiel à ce moment-là est de réfléchir avec toute l’équipe à la meilleure manière de reprendre la main sur cette crise : le maire sortant essaie de nous attaquer par des coups bas, nous allons en sortir la tête haute.

L’axe d’attaque de ces « trolls » est d’ailleurs extrêmement maladroit : accuser le président de l’association des commerces de centre-ville d’empêcher des commerçants de s’installer alors que l’équipe sortante privilégie le commerce de périphérie va rapidement apparaître comme un acte désespéré de casser notre image.

Plutôt que de nous laisser enliser à démentir point par point la rumeur, nous décidons de réagir par l’humour et préparons plusieurs publications sur nos réseaux sociaux et un communiqué de presse de démenti où nous insistons très clairement sur le caractère diffamant et non fondé de ces attaques de faux profils.

Nous invitons également la liste concurrente à venir débattre de la stratégie à mettre en place pour le commerce de centre-ville dans le cadre d’une réunion publique ouverte à tous.

Cette réaction décomplexée a rapidement fait reculer la liste concurrente qui a eu le plus grand mal à démentir qu’elle n’était pas à l’origine de cette rumeur.

D’ailleurs, peu d’habitant.e.s les ont cru et je pense que cela se ressentira probablement dans les urnes !