Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Peggy Plou et de Gaëlle Lahoreau, ambassadrices du réseau Élues Locales pour l’Indre-et-Loire !

 

 

 

 

 

 

 

 

Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ?

Peggy Plou : Je suis une femme élue, maman, engagée dans le féminisme et cheffe d’entreprise, je suis graphiste de formation donc je travaille dans la communication et je viens de monter une entreprise d’artisanat bio. Je suis convaincue qu’il n’y a pas de petit combat : c’est à nous de trouver le moyen de changer les choses, ça ne se fera pas tout seul.

Gaëlle Lahoreau : je suis élue depuis en juillet 2021. C’est mon premier mandat en tant que conseillère régionale. Je me suis engagée par féminisme et écologie. Je suis également ancienne sportive, maman, rédactrice scientifique. Ma phrase c’est “qui ne tente rien n’a rien”. Quand je m’engage dans quelque chose, je le fais à fond.

Selon vous, quels sont les enjeux pour une femme engagée ?

P : Je dirais que c’est d’aller au bout de ses convictions sans se faire catégoriser parce qu’on est une femme, batailler pour faire ce qui est le mieux pour les personnes de notre territoire. Il y a beaucoup de choses à faire mais on voit beaucoup de femmes avec des difficultés à prendre leur place, nous souhaitons donc dépasser ces obstacles pour prendre notre place ensemble, accéder à ce à quoi nous avons le droit au même titre que les autres hommes.

G : Moi je dirais que c’est prendre toute sa place dans les délégations et les commissions notamment en n’hésitant pas à se proposer au moment de leur composition. Il est important que les femmes prennent leur place et la parole dans les différentes sphères politiques, qu’elles n’hésitent pas à lever la main afin de se visibiliser, à demander le silence en cas de brouhaha.

Une figure féminine qui vous inspire de par ses engagements (sport, politique, associatif, familial, etc.) et pourquoi ?

G : Sans hésiter, je parlerai de Gisèle Halimi, j’ai lu ses biographies avant d’être engagée en politique et elle m’a réellement permis de mettre le pied à l’étrier et de me lancer.

P : Moi je souhaiterais parler d’une femme de mon territoire qui s’appelle Régine Charvet-Pello, c’est une femme cheffe d’entreprise qui a été élue, c’est entre autres la designeuse du tram de notre ville (et également d’autres villes dans le monde). Voir des femmes comme ça, ça me motive beaucoup. Dernièrement, j’ai également rencontré Sandrine Rousseau et je trouve qu’il y a beaucoup de choses très intéressantes et inspirantes à prendre chez cette femmes politique.

Que représente pour toi le réseau Élues Locales ? Pourquoi en être l’ambassadrice ?

P : Pour moi c’est un propulseur, un dynamiseur, un levier pour les femmes en politique. J’en suis l’ambassadrice parce que quand j’ai commencé à faire des formations et rencontrer des femmes partout en France, élues à différents niveaux, j’ai compris qu’on pouvait échanger entre nous et je voulais créer la sororité entre les femmes de notre département pour que les femmes du territoire puissent accéder à ces outils et au dynamisme que dégage le réseau Élues Locale.

G : De mon côté, c’est une militante qui m’a fait connaître les Journées Nationales des Femmes Élues et comme l’idée de sororité en politique me paraît indispensable, je me suis inscrite sans hésiter. C’est vraiment ce côté transpartisan qui m’a beaucoup plu. Élues Locales est une super caisse de résonance et si on veut faire changer les lois en politique pour la parité et pour la place des femmes. Ça ne pourra se faire que par le réseau. En tant que femme élue, nous avons besoin de cette sororité, de cette bienveillance, on recharge nos batteries, on se rebooste ensemble. On partage les problématiques qu’on rencontre et le fait de les partager nous permet d’être moins isolées et nous aide beaucoup. Grâce aux formations, on revient aussi avec des outils pour avancer.

Être deux ambassadrices d’Elues Locales en Indre-et-Loire de sensibilité politique différente me paraît aussi essentiel parce que la charge de travail est répartie entre nous deux, parce que cela permet de dynamiser le réseau mais surtout parce que cela incarne le côté transpartisan du réseau d’Élues Locales. On travaille et on échange avec les femmes de tous les partis et avec des idées différentes. C’est sûr que ça nécessite une ouverture pour le faire mais c’est nécessaire pour faire avancer la parité en politique à tous les niveaux.

Un conseil, une bonne pratique, une lecture, etc., qui a pu vous aider en tant que femme engagée et qui pourrait aider nos lectrices élues dans leur engagement politique ?

P : Et bien adhère à Élues Locales ! (rires)

Travailler et se faire accompagner en réseau est essentiel pour moi, c’est une belle façon d’évoluer. En lecture, je conseillerais « Le coût de la virilité », un essai de Lucile Peytavin qui met en exergue le coût en France, en 2020, des conséquences de la virilité érigée en idéologie culturelle dominante. Ça questionne sur l’intérêt qu’on aurait à éduquer nos garçons différemment… ou à nous comporter autrement…

G : Moi j’ai lu récemment Virginie Despentes, King Kong Theory, je pensais que ce n’était pas mon univers et finalement je l’ai dévoré, c’était une révélation. Sinon je dirais également de prendre leur place sur les photos, parce qu’en effet quand les gens lisent des articles, ce qu’ils regardent en premier ce sont les photos donc il faut que les femmes s’imposent sur la photo afin que visuellement on puisse les voir.

P : Il est nécessaire que l’on soit présente sur les photos parce que si on voit sur les photos autant de femmes que d’hommes politiques alors ça pourra permettre à nos filles de comprendre que oui elles ont autant leur place que les hommes et de ne pas se poser de questions.

G : Les femmes peuvent jouer sur les couleurs pour se démarquer par rapport aux hommes qui sont souvent habillés de manière plus classique. C’est d’ailleurs ce que beaucoup de femmes politiques font aujourd’hui.

Moi présidente, quelle sera ma première mesure ?

P & G : AVOIR DE LA PARITÉ PARTOUT !

G : Alors j’en ai plusieurs, moi présidente je passe à un régime parlementaire avec un parlement élu à la proportionnelle pour éviter les débats clivants. L’objectif est de fédérer et d’arriver à un consensus. La politique ne doit pas forcément être un combat violent, on doit pouvoir chercher une solution commune sans forcément de gagnant ou de perdant. Je pense que cette volonté de “détruire l’autre” que l’on retrouve dans le monde politique aujourd’hui provient du modèle patriarcal qui est omniprésent dans la société, avec toujours une logique de domination.

Ensuite, on observe une zone blanche de la parité en politique dans les intercommunalités notamment ainsi qu’un manque de démocratie en général. Donc je proposerai de mettre en place une élection à la proportionnelle au suffrage universel direct avec des listes paritaires pour les EPCI.

P : J’ajouterai également la parité au Sénat, parce que si les personnes qui décident ne sont pas en mixité, alors on ne pourra jamais arriver à des lois et des applications permettant de changer la société. Une dernière mesure serait de réaliser un vrai travail autour de l’égalité des genres dans les écoles : il ne me semble pas normal de trouver un stade de foot en plein milieu de l’espace récréatif parce que ça leur apprend dès tout jeune qu’ils méritent plus de place que les filles. L’utilisation de la violence également est un problème parce qu’ils intègrent que la violence est normale et ils l’utilisent ensuite dans leur vie et notamment en politique pour rabaisser les femmes.