Avec une gare routière, une gare SNCF, un parc VL et un parc vélos, la gare d’Argenteuil est un hub de mobilité

La problématique du développement durable a obligé à repenser nos modes d’existence et de déplacement. Dans le même temps, l’arrivée des nouvelles technologies du numérique, la connexion permanente des smartphones ont apporté de nouveaux outils permettant d’innover en termes de services dans les transports.

Dès lors, ces deux problématiques poussent à une nouvelle réflexion afin d’établir une meilleure connexion des différents moyens de transports. En parallèle, les pratiques ont évoluées : il y a 10 ans, se déplacer en ville consistait principalement à prendre un mode de transport unique. Aujourd’hui, la pratique multimodale est devenue la tendance dominante.

Près des deux tiers des habitants se déclarant utilisateurs occasionnels des transports publics, un changement de posture s’impose. L’offre de transport doit sans cesse progresser vers plus d’intermodalité, mais elle doit aussi accompagner l’individu qui devient multimodal. Alain Moubarak, directeur de TVO (Transports du Val d’Oise) Argenteuil, nous a éclairé sur ces questions.

Des hubs de mobilité en mutation permanente

Ainsi, à Argenteuil, un véritable « hub de mobilité » a été constitué à la gare en partenariat avec Transdev. Nœuds de connexions multimodales, un hub de mobilité est une « centrale qui permet de connecter différents modes de transport, que ce soit le transport public (bus, vélos), la gare routière, les voitures… C’est une centrale qui permet d’accéder à divers modes de transport ».

La gare d’Argenteuil « associe à la fois du mode lourd avec le train, des connexions bus, des connexions vélos, des connexions VL [sic]… ». On peut donc voir « des actifs qui déposent leur voiture au parking pour pouvoir prendre le train et aller sur Paris, des actifs qui déposent leur vélo pour prendre le train, ou inversement des gens qui arrivent en train et qui prennent leur vélo pour rejoindre un lieu… On est bien dans un espace de connexion qui est centré sur les équipements de la gare ».

La gare accueille ainsi dans un même lieu « une gare routière, une gare SNCF, un parc VL et un parc vélos ».

La délégation de service public qui a été renouvelée en juillet 2015 avec la Ville d’Argenteuil (pour une durée de 10 ans) montre un engagement sur le long terme de chacun des partenaires. Une collaboration qui porte satisfaction notamment de par la volonté de « faire évoluer les solutions dans les modes d’exploitation. On a prévu de la rénovation des infrastructures, une modernisation du parking de stationnement VL, une modernisation du parking de stationnement vélo avec le label Véligo, une modification du jalonnement pour le cheminement des piétons. On a donc proposé des solutions innovantes pour canaliser le flux piéton et les associer aux différents modes de transport ».
Avec l’objectif de répondre au « Schéma Directeur des Gares Routières d’Ile de France” et au « Schéma Directeur du stationnement Vélo » tels que définis par le STIF.

Si ces améliorations sont attendues sur le court terme, le long terme est loin d’être oublié avec une réflexion autour « du développement d’un service annexe, de conciergerie [sic] où le client voyageur pourrait par exemple avoir accès à un programme de livraison d’achats faits sur Internet, ou de colis postaux… Voilà, un service de conciergerie, c’est quelque chose qui pourrait s’imaginer s’intégrer dans cette centrale de mobilité pour faciliter la vie de tous les jours ».

Penser la connexion multimodale

L’innovation et l’apport des technologies du numérique chères à Transdev sont également présentes dans les services proposés à Argenteuil. Par exemple, « on a réussi, dans les équipements du parking VL, à pouvoir rentrer dans le parking avec son pass Navigo. C’est-à-dire qu’il y a des liens directs entre l’abonnement navigo qui permet de prendre les transports en commun et l’accès au parking. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres mais on peut aussi réserver son espace de stationnement vélo, directement sur un espace créé sur Internet, dans la station Véligo (on l’a fait sur la gare du Vésinet pour l’instant). Ce sont des solutions qui vont s’étendre sur les différents points qu’on exploite ».

Dans la droite ligne des déplacements connectés, l’installation de Wifi dans certains transports a été expérimentée. La mise en place au cours du premier semestre 2016 de ces équipements sur les véhicules articulés de la ligne 9, une ligne Mobilien (avec un certain niveau de fréquence et d’amplitude) qui « fait à peu près 4 millions de voyageurs par an » a rencontré immédiatement un succès certain « parce que, sans communication, le nombre de connexions mesurées a pris naturellement. C’est quelque chose qui a été plébiscité par les clients et aujourd’hui on a un nombre de connexions plus élevé que nos prévisions ».

Ainsi, l’installation du Wifi dans les transports, « ça marche » ! Reste la question du financement de ce nouveau service qui en cours de réflexion (il faudrait éviter que cela se répercute par une hausse des prix des billets…).

Transport et transition énergétique

« Le territoire en croissance et avec des besoins de transport qui ont évolués de manière continue » ont nécessité un développement de l’offre de transport. « Le trafic des voyageurs sur le réseau bus est en évolution continue » entrainant notamment la mise en place, grâce au STIF, de davantage de lignes circulant plus tard afin d’assurer plus de correspondances avec les trains.

« On a eu pas mal de développement d’offres à la fois en termes d’amplitude, on commence plus tôt et on finit plus tard, de jours de fonctionnement avec des développements de navettes sur les journées du samedi et du dimanche. Ces développements d’offres se sont traduits immédiatement par une hausse de la fréquentation, ce qui démontre qu’il y a un besoin. On est dans un cercle vertueux ».

Cette hausse du nombre de véhicules ne néglige pas la problématique de transition énergétique avec l’expérimentation d’un véhicule 100 % électrique sur les lignes, « au bout de 8 mois d’exploitation, on a une solution qui est opérationnelle en exploitation, le véhicule est en ligne, il fonctionne ». Dès lors va se poser une nouvelle réflexion autour du réaménagement des équipements et des installations afin de procéder au rechargement le soir. « Aujourd’hui, avec un véhicule, c’est relativement simple. Demain, on a prévu d’équiper toute la ligne 1 et, si on doit équiper 8 véhicules (ce qui est notre projet, en cours de validation avec les équipes du STIF), il faudra une installation de charge dédiée. C’est de la haute-tension, du 20 000 volts² donc une évolution importante des équipements et des infrastructures ».

Et les retours sont positifs ! « Ce qu’on peut dire de l’expérimentation du bus électrique, c’est que ça fonctionne. Le bus électrique a rencontré des avis positifs au niveau de la clientèle parce que c’est un vrai confort, un vrai service différent d’un bus qui vibre et qui fait du bruit. Et en termes d’environnement et d’urbanisation, il est clair qu’il y a moins de pollution sonore, moins de pollution environnementale… Donc ce sont des solutions que l’on peut déployer et qui sont plutôt attendues des politiques ».

Se pose la question du surcoût de l’équipement électrique : « aujourd’hui, on est dans une phase d’expérimentation donc cela coûte plus cher mais je pense qu’à terme, le modèle économique, avec les économies, devrait permettre de trouver un équilibre et dégager des solutions intéressantes ».

Autre possible installation envisagée, celle d’équipements solaires sur la gare afin d’alimenter « de la consommation électrique courante ».

Article écrit en partenariat avec Transdev