Temps d’Activités périscolaires : faut-il les maintenir ou les supprimer suite à la nouvelle réforme des rythmes scolaires ?

La nouvelle réforme des rythmes scolaires a laissé aux communes le choix de revenir à la semaine des 4 jours ou de maintenir celle de 4,5 jours. Derrière ce sujet se pose la question centrale des Temps d’Activités périscolaires (TAP). Quelle place prennent-ils dans ce débat ? Et comment et pour quelles raisons choisir de les maintenir ou de les supprimer ?

De nombreuses réformes sur le rythme scolaire ces dernières années

Une comparaison est révélatrice des difficultés de notre société actuelle pour répondre à la question des rythmes scolaires : il y a eu 3 réformes lors du siècle précédent (en 1966, en 1972 et en 1989) mais il y en a eu 4 depuis les années 2000 :

  • En 2008, pour la réforme de la semaine des 4 jours décidée sous le ministre Xavier Darcos.
  • En 2013, pour instaurer la semaine des 4 jours et demi par Vincent Peillon. C’est à cette occasion que sont mises en place les Nouvelles Activités périscolaires (NAP).
  • En 2014 avec un assouplissement de la réforme par Benoît Hamon.
  • En juin 2017, avec la décision du nouveau gouvernement de laisser aux acteurs locaux le choix du rythme scolaire. Dès cette rentrée, les communes ont pu revenir à la semaine des 4 jours.

A cause des avis qui se contredisent sur les effets des rythmes scolaires sur la santé des enfants, la question n’a pas pu être tranchée dans un sens ou dans l’autre. “A ce jour aucune étude n’a permis de prouver que les effets de l’aménagement du temps scolaire de 4,5 ou 4 jours sont néfastes, voire nuls sur les résultats des élèves” déplore une élue. Dans l’ensemble, si cette dernière décision est plutôt bien accueillie par les collectivités, l’accumulation de ces réformes commence à lasser les élus. “J’ai passé 2 ans à justifier que les choix du gouvernement étaient difficilement transposables à notre commune et finalement nous avons réussi à trouver un consensus  [….] et hop maintenant je dois faire le travail inverse…” raconte une élue.

Un décision à prendre en concertation

Dès cette rentrée, 43% des communes ont décidé de revenir à la semaine des 4 jours. Mais leur nombre pourrait encore augmenter l’année prochaine car certaines communes ont préféré retarder l’échéance à la rentrée 2018 pour mieux s’y préparer, tandis que d’autres se laissent encore le temps de la réflexion et vont consulter tous les intéressés.

Pour certains, le maintien s’explique par les engagements pris par rapport aux activités périscolaires : “Nous avons opté avec le Maire dès le mois de juin de continuer la semaine des 4,5 jours de classe. Nous avions pris des engagements avec les associations et des intervenants avec qui nous avions passé des contrats moraux” témoigne une élue. Mais ce ne sera plus le cas pour 2018 : “Nous avons proposé il y a quelques jours un questionnaire aux familles. À 68% les parents veulent la semaine des 4 jours.

Car les élus locaux ne sont bien évidemment pas les seuls à prendre cette décision. Ils doivent prendre en compte les associations, les employés municipaux qui proposent les TAP mais surtout l’avis des parents ainsi que celui du personnel de l’école, notamment enseignant. Un choix qui ne se fera pas forcément sur les bons critères selon une élue : “Nous savons que la semaine de 4 jours sera privilégiée sans se préoccuper du rythme de l’enfant de la part des enseignants et encore moins des parents qui ne voient que leur intérêt personnel.” C’est là toute la difficulté de cette réflexion demandée par le gouvernement aux communes : réussir à concilier tous les avis particuliers au nom de l’intérêt général et de celui élèves.

Le maintien difficile des activités périscolaires

Un maintien du rythme scolaire à 4.5 jours pour la rentrée 2017 ne signifie pas nécessairement un statu quo. Certaines communes ayant fait ce choix doivent en effet faire face à la baisse de budget, aux répercussions de la suppression des contrats aidés ou doivent se préparer à un éventuel changement à la rentrée 2018.

Des réaménagements ont souvent lieu : “Les NAP sont maintenues mais en accueil de loisirs, permettant ainsi aux enfants de mieux les apprécier, le soir ou le mercredi après- midi et non plus cantonnées sur 1h30. Et cette année ce sont eux qui choisissent leur activité et non les parents, en fonction du projet pédagogique mené par le directeur de l’accueil de loisirs” explique une élue en évoquant sa commune. Mais “l’enfant qui se rend à l’étude ne peut poursuivre en accueil de loisirs car le centre n’est pas sur place.

Une autre élue met en avant le maintien de la gratuité des activités scolaires, point central selon elle : “Pour le budget, nous avons toujours souhaité que cela soit gratuit pour ne pas alourdir le budget des familles

Pour la mairie de Fontaine-l’Abbé, exemple évoqué dans L’Eveil Normand, les TAP se poursuivent malgré tout. Le maire a même décidé d’offrir une nouvelle activité qu’il compte financer en baissant de 10 euros le repas de fin d’année des anciens. Mais, là encore, la question de son maintien reste en suspens puisque le prochain contrat PEDT est prévu pour 2018.

Les temps d’activités périscolaires sont ainsi très difficiles à mettre en place et à maintenir car ils doivent répondre à un double principe contradictoire ; une exigence pédagogique de qualité pour contenter les parents et un coût faible pour être accessible à tous les budgets.

Le retour à la semaine des 4 jours : la fin des activités périscolaires ?

En septembre, 43% des communes sont revenus à la semaine des 4 jours. Des concertations vont avoir lieu dans de nombreuses communes pour la rentrée prochaine. Pour beaucoup, ce retour à la semaine des 4 jours, s’il est favorable aux parents et aux enseignants, l’est aussi pour le budget des communes. Lors de l’annonce de ce retour, l’AMF rappelait que la réforme de 2013 avait demandé aux collectivités “un travail colossal et un investissement conséquent” Les activités périscolaires coûtent du temps et de l’argent aux collectivités et certaines ont profité de ce retour à la semaine des 4 jours pour s’alléger de toutes ces charges que leur imposaient la mise en place des activités périscolaires, d’autant plus que l’aide du gouvernement a souvent été considérée comme insuffisante. L’offre s’est retrouvée particulièrement déséquilibrée selon le territoire et les collectivités. L’AMF a d’ailleurs dressé une carte de la réforme où l’on peut observer d’importances disparités selon les régions.

Quand elles sont de qualité, il est cependant difficile de les supprimer. Une élue regrette la future suppression des TAP dans sa commune en 2018 car elles “permettaient à certains enfants en situation sociale difficile, de découvrir des animations très enrichissantes.”

Cette suppression des TAP, qui marque un retour en arrière, va pourtant contre l’objectif du gouvernement. Le Ministère de l’Éducation affirmait récemment que “cette situation nouvelle doit être l’occasion d’un progrès dans l’organisation des activités périscolaires par la coopération entre les communes, l’Éducation nationale et les structures de la jeunesse et de la vie associative.

Mais le retour à la semaine des 4 jours n’annonce pas toujours l’abandon des TAP. Certaines communes privilégient des alternatives moins coûteuses comme la mise en place des études dirigées. Beaucoup reconnaissent les effets bénéfiques des activités périscolaires sur l’égalité des chances pour les élèves, sur l’emploi local ou sur la vie associative de la commune mais souhaiteraient que l’État leur donne des garanties pour réussir à maintenir des activités périscolaires de qualité.