La médiathèque de la commune de Divatte-sur-Loire réalise depuis plusieurs années des livres avec des classes de maternelles en collaboration avec des auteurs d’albums jeunesse. Le succès de cette initiative…

La médiathèque de la commune de Divatte-sur-Loire réalise depuis plusieurs années des livres avec des classes de maternelles en collaboration avec des auteurs d’albums jeunesse. Le succès de cette initiative est tel que la médiathèque a décidé d’éditer elle-même ses ouvrages. Laurence Ménard, adjointe à la culture et Michaël Fortuna, responsable de la médiathèque, nous ont présenté ce projet.

Une initiative qui lie maternelles, médiathèque et auteurs d’albums jeunesse

« Le projet est né des rencontres avec des auteurs jeunesse” commence Laurence Ménard. “L’idée était alors de travailler avec des enfants et de les faire travailler à la manière de l’auteur pour créer ainsi des histoires. Il fallait travailler l’écriture mais travailler également la forme, le dessin. C’est assez complet puisque les enfants doivent écrire l’histoire et la mettre en image. Et puis on s’est dit que ça pouvait aussi être enrichissant pour les enfants qu’ils aient un rendu écrit de ce travail donc on a commencé par faire des petits livrets. Et puis, au fur et à mesure, il y a eu un vrai succès dans les classes, on a décidé d’en faire vraiment un livre mais un livre à la manière de l’auteur que l’on reçoit. C’est le nom de la collection : « A la manière de » et à chaque auteur rencontré, il y a un travail réalisé par des enfants de maternelles de moyennes et grandes sections. »

“Il y a eu un vrai succès dans les classes”
Laurence Ménard, Adjointe à la Culture

Depuis 2014, date de la mise en place de ce projet, la collection a édité huit livres, à raison de deux par ans, un pour chaque classe de maternelles participantes. Parmi les auteurs qui sont intervenus, il y d’abord eu Christian Voltz en 2014, avec un style qui mêle coupage et dessins. Cette première collaboration a donné naissance à Terreur au jardin et Le Jardin extraordinaire. En 2015, ce fut Matthieu Maudet et la réalisation de  Cassé ! et Les Bisous de Louanne. Pour la saison 2016, la collaboration avec Malika Doray a donné Beurk ! et Cache-cache. Enfin, pour la dernière édition, l’auteur Vincent Bourgeau fut convié, et les élèves de maternelles ont réalisé La Princesse, Le Loup et le garagiste et Un cochon très enrhumé. Ces deux derniers albums sont commercialisés et disponibles dans la boutique en ligne de la médiathèque. A la fin de chaque album, les auteurs ont laissé un petit mot pour la classe.

Les auteurs sont sélectionnés astucieusement indique Michaël Fortuna: “Nous les choisissons par rapport au style graphique, qui peut être plus facilement reproduit. Mais également, nous avons un groupe de bénévoles la Croqu’team, spécialisé dans la petite enfance et qui me donne leur avis et coup de cœur. D’ailleurs cette équipe m’épaule également pour les relectures des histoires et avoir une vision neutre des récits. Savoir ainsi si le tout fonctionne ou pas. Nous sommes vraiment dans une démarche éditoriale

A lire aussi : “La Ciotat : un terrain de foot au parfum d’olives”

Un projet porté par la commune

L’idée est venue des bibliothécaires de la médiathèque qui ont proposé ce projet aux élus de la commune. Laurence Ménard détaille ensuite que : “Le projet a été présenté au conseil municipal. On en est à notre quatrième année. On a commencé en 2014. Ça a été un projet de la commission culture qui devait le développer et réfléchir à sa mise en place. Comme on travaille bien, on fait notre propre édition. Toute la mise en page est faite en interne. Et pour l’impression, on collabore avec un imprimeur local. Donc le format a évolué également et on a un budget qui est prévue pour la COOLture éditions. » Ce projet est géré par « la mairie seulement. On n’a pas de partenaire. » 

Michael Fortuna apporte quelques précisions : « Le projet est renouvelé cette année. On repart en novembre avec Isabelle Gil qui est auteure d’album jeunesse également. » Cette dernière ne manquera pas de présenter un nouveau défi puisque son style ne repose pas sur le dessin mais sur des photos d’objets (poupées, peluches, bonbons) savamment mis en scène. Mais cela ne l’inquiète pas : “Nous allons investir dans un bon appareil photo, des lampes pour l’éclairage. Puis, lorsque l’histoire sera écrite nous travaillerons sur des décors en cartons (grands cartons de bananes) et pour la mise en place des personnages, certainement des oursons en guimauves.

Malgré la réussite de ce projet, l’initiative semble demeurer inédite. “A ma connaissance, nous sommes les seuls dans le département” pense Laurence Ménard. Mais l’idée semble plaire :“On a déjà eu des appels du pied de certaines médiathèques voisines qui veulent se lancer dans le projet. »

Des démarches précises

Laurence Ménard détaille les grandes démarches de ce projet: « On commence en novembre par une rencontre avec l’auteur. Il vient à la médiathèque et les élèves le rencontrent. On organise des lectures. Mais c’est aussi une rencontre autour de la personne de l’auteur; qui il est, afin rentrer dans son univers. Ensuite, Michaël Fortuna propose des ateliers aux instituteurs et institutrices sur la thématique de l’auteur. Les enfants sont amenés à travailler sur du dessin pour s’approcher un petit peu de l’univers de l’auteur et également raconter leur propre histoire avec leur mots à eux. Donc en fait c’est une retranscription orale de la part des institutrices qui travaillent dans leur classe. Ensuite, ils reviennent à la médiathèque et on travaille sur une base numérique. On a un rendu d’à peu-près trois à quatre cents dessins. Et sur cette base de plusieurs dessins, on essaie de retranscrire les personnages. Ils sont crayonnés. Après, ils ont un atelier qui leur montre comment travaille un illustrateur. Le travail de l’illustration se fait via Photoshop. »

« Le fait de créer cet album se fait sur un temps assez long. On débute en novembre  et il est remis aux familles l’avant-dernier weekend de juin. Il y a deux albums et nous avons trois écoles donc on fait tourner les institutrices et instituteurs. Ils attendent ce rendez-vous. Ils ne sont pas inscrits tous les ans mais on choisit équitablement deux classes : on fait tourner le projet dans les écoles. C’est très enrichissant.”

Des retombées bénéfiques

Le succès est bien évidemment au rendez-vous. Et l’initiative répond à plusieurs objectifs comme l’indique Laurence Ménard :« Ces ateliers ont un objectif pédagogique pour les enfants. Mais le but, c’est aussi de faire venir les parents via leurs enfants à la médiathèque. Les faire venir dans ce lieu qu’ils ne connaissent pas forcément. Les enfants, eux, ont des visites de la médiathèque comme dans toutes écoles, pour des ateliers lecture, etc. Créer cet atelier original permet aux enfants de s’approprier leur travail puisque le livre édité est mis à disposition dans les caisses du fonds album jeunesse.”

“Il y a à la fin une remise officielle avec les parents de chaque enfant, puisque chaque enfant repart avec son album. C’est très important pour eux. Les enfants sont fiers de présenter leur travail à leurs parents et les parents sont fiers du travail de leurs enfants. Maintenant, on a aussi des grands-parents qui viennent à la médiathèque les jours des remises. Au début, on était un petit groupe, aujourd’hui, il faut pousser un peu les meubles pour recevoir les familles à la médiathèque. »

Pour la médiathèque, la notoriété ainsi acquise lui a permis de lancer sa propre édition : COOLture éditions. “C’est une marque créée par la médiathèque et qui donc appartient à la mairie” précise Michaël Fortuna. Il y a une centaine de tirages par titre et l’édition continue de se développer : “Les albums jeunesse sont en vente à la librairie « Les enfants terribles » de Nantes et nous travaillons pour les déposer dans d’autres points de vente : Super U et d’autres librairies“.

Une initiative à développer

“On est des gens cools à Divatte-sur-Loire !”

Quand on lui demande si elle conseillerait cette initiative à une autre commune, Laurence Ménard n’hésite pas un instant :  « Oui. Travailler avec les enfants, c’est riche. Evidemment à cet âge-là, ils n’ont pas forcément de limites donc les idées fusent et c’est « rigolo », pour utiliser un terme enfantin. Mais en même temps, ils le font avec beaucoup de sérieux.” Elle propose même de développer ce concept dans un cadre associatif : « Il faudrait solliciter SOS villages d’enfants et travailler sur ce type de projet pour les accompagner. C’est un peu plus compliqué pour une collectivité. On commence à avoir des demandes hors les murs.” Et de conclure avec enthousiasme : « C’est COOLture éditions parce qu’on est des gens cools à Divatte-sur-Loire ! On aime vulgariser, dans le bon sens du terme, la culture et la mettre à disposition de tous et on tend vraiment à travailler avec les enfants. Voilà, c’est notre credo. »