Le harcèlement, qu’il soit physique ou psychologique sévit partout, dans tous les milieux et même dans les plus hautes sphères du monde politique. Les femmes politiques ne sont pas à…
Le harcèlement, qu’il soit physique ou psychologique sévit partout, dans tous les milieux et même dans les plus hautes sphères du monde politique. Les femmes politiques ne sont pas à l’abri des violences. Entre témoignages et analyses, coup d’œil sur un fléau qui ne se cache plus.
L’exhibition publique d’une violence historiquement ancrée
Les scandales récents de violence à l’égard des femmes, notamment l’affaire Denis Baupin ou l’affaire DSK, largement médiatisées sont venus mettre le doigt sur les failles d’une société encore blottie dans des mœurs passéistes et machistes. Ils ont permis, malgré leurs tristes conditions de faire entendre une cause et de révéler des comportements encore bien trop ancrés. C’est aussi que l’impact médiatique a pu susciter une prise de conscience non négligeable auprès de l’opinion publique.
Par ailleurs, comme nous l’explique Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe d’EELV, “l’élue qui au sein de son parti vient révéler des actes de violence peut mettre en péril son avenir professionnel ainsi que l’image même du parti”.
“Si une femme parle fort au Parlement, on lui fait signe de baisser d‘un ton (…) Mais cela ne se produit jamais lorsque c’est un homme.”- Lisa Mazzone, parlementaire suisse
D’où vient ce mal qui exacerbe tant l’espace politique ? A cette question se trouve la réponse qu’induit notamment Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes et féministe convaincue : “l’exercice politique, notamment en France, est fondé sur une certaine virilité et la fonction tribunicienne est venue en dessiner les contours.”
Des avancées actuelles encore trop limitées
Si l’on s’en réfère à une étude menée de front par l’UIP (Union Interparlementaire) en octobre 2016, la grande majorité des femmes parlementaires à travers le monde sont encore trop nombreuses à subir des formes de violence au cours de leur mandat. Selon l’enquête, 81,8% des femmes élues interrogées déclarent avoir été confrontées à de multiples actes d’agressions. Certaines d’entre elles, aux alentours de 40% indiquent avoir même reçu des menaces de mort, de viol, de coups ou d’enlèvement, y compris des menaces d’enlèvement ou d’assassinat de leurs enfants.
“S’ils veulent s’ériger en exemple, faire cesser les discriminations et la violence envers les femmes, les parlements doivent déjà mettre de l’ordre dans leurs propres affaires. Il en va de l’efficacité des parlements et des progrès vers l’égalité hommes-femmes“, a déclaré M. Chungong, secrétaire général de l’UIP .F
En France, le récent dessein d’une moralisation de la vie politique aurait pu contribuer à faire avancer le débat sur ces violences notoires. Mais comme le précise Sandrine Rousseau, cette moralisation se voit limiter à l’aspect financier et patrimonial des élus ainsi qu’à la question du cumul des mandats. Il faudrait donc entendre que la volonté d’une morale en politique n’a pas encore entrepris de capter toutes les inégalités. Toujours selon la porte-parole du parti écologiste, le renouveau politique annoncé sous l’ère Macron n’est pas tout à fait en marche, au regard du temps de parole accordé aux députées élues estimé à 3,5% pour le moment.
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Des espoirs venant de la société internationale
- En octobre 2015, l’OEA (Organisation des Etats Américains) a adopté une déclaration de suivi de la convention de Belém do Para qui condamne spécifiquement le harcèlement politique et la violence à l’égard des femmes.
- En 2012, la Bolivie est le premier pays au monde à adopter une loi interdisant le harcèlement et la violence contre les femmes en politique.
- En Norvège, le ministre de la famille et de l’enfance présente régulièrement au Parlement norvégien la situation dans le domaine de l’égalité. Le ministère est engagé dans la coopération nordique et internationale sur l’égalité, y compris la lutte contre la violence (notamment au sein du Conseil Nordique, au Conseil de l’Europe, au sein de l’Union Européenne à laquelle la Norvège est associée, à l’OCDE et dans les instances des Nations Unies).
- En ce qui concerne l’Europe, selon Sandrine Rousseau, les institutions de l’Union « n’ont pas tellement de pouvoir » pour être les acteurs de premier plan d’un changement au niveau du traitement des femmes en politique. Il faut que les parlements nationaux œuvrent dans un sens commun, celui d’une vraie réforme sur la place des femmes élues et de sa condition dans l’espace politique.
- Pour l’instant, seulement 4 Parlements (Afrique du Sud, Canada, Costa Rica et Thaïlande) ont mis en place des règlements et une politique d’égalité hommes-femmes visant à protéger explicitement les femmes parlementaires contre les remarques sexistes, le harcèlement sexuel et les menaces de violence provenant de leurs collègues.
>> lire le communiqué de presse de l’Union Interparlementaire