Ce mercredi, succédant à un David Cameron démissionnaire suite au Brexit, les sujets britanniques ont vu une femme prendre ses quartiers au 10, Downing Street. Première femme Prime Minister depuis…

Ce mercredi, succédant à un David Cameron démissionnaire suite au Brexit, les sujets britanniques ont vu une femme prendre ses quartiers au 10, Downing Street. Première femme Prime Minister depuis la fin du règne de Margaret Thatcher en novembre 1990, Theresa May s’est imposée assez aisément dans la course à la succession, profitant du dispersement des leaders des partisans du Leave, mais aussi d’un solide parcours politique.

Un pont entre pro-Brexit et pro-RemaIN

Plutôt tenante d’un certain euroscepticisme, elle a pourtant soutenu (sans grand enthousiasme) le RemaIN tout en n’hésitant pas à ouvertement critiquer certains aspects de l’UE. Réussissant ainsi à se positionner à distance des virulents débats, elle s’impose de fait comme un consensus intéressant pour réunir partisans et opposants au Brexit.

Elle profite notamment du désistement critiquable et critiqué des grands leaders du camp pro-Brexit (Boris Johnson, Nigel Farage par exemple), ainsi que de l’abandon de sa concurrente Andrea Lesdom (auteure d’une attaque peu élégante sur le fait que, Theresa May n’ayant pas d’enfant, elle ne puisse pas bien comprendre les enjeux de l’avenir pour les futures générations).

Dès son discours de victoire (voir ci-dessous pour les anglophiles), elle a annoncé sa volonté de respecter le résultat du référendum (« Brexit means Brexit ») et d’accélérer le processus de sortie de l’Union Européenne. Elle s’est également engagée à négocier le meilleur accord possible pour sortir de l’UE, tournée vers le nouvel enjeu d’assurer un nouveau rôle fort pour l’ Angleterre dans le concert des nations.

Ancienne ministre “de fer”

Un surnom de “nouvelle Iron Lady” pourrait être mérité au regard de son parcours de ministre de l’Intérieur depuis 2010.

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Tenante d’une ligne dure en matière d’immigration, l’accusant de rendre impossible la cohésion sociale dès lors qu’elle serait trop élevée, elle a néanmoins échoué à tenir la promesse gouvernementale de maintenir le solde migratoire en dessous de 100 000 par an, ce qui lui a été reproché.

Cette “main de fer” s’est en revanche davantage fait sentir dans sa lutte contre les délinquants, les immigrés clandestins ou les prêcheurs islamistes (elle a notamment réussi à faire extrader le prédicateur radical Abu Qatada en 2013, alors que ses prédécesseurs avaient tous échoué).

Hostile à la Convention européenne des droits de l’Homme (qui a amené la Cour Européenne des Droits de l’Homme à prendre régulièrement des décisions critiquées au Royaume-Uni), Theresa May s’était engagée à la quitter.

Un style qui en rappelle une autre

S’il serait facile de la considérer comme une héritière de Margaret Thatcher – étant la première femme issue du Conservative Party à accéder au poste de Premier Ministre, c’est plutôt du côté d’Angela Merkel que l’on pourrait déceler des similarités de style.

Décrite par certains proches de Cameron comme « dull, boring, ambitious » (« terne, ennuyeuse, ambitieuse »), son caractère sobre s’accompagne pourtant d’un solide caractère, n’hésitant pas à énoncer froidement et à haute voix ce qui dérange (elle n’a pas hésité à vertement critiquer la ligne très droitière de son parti aux débuts des années 2000  ou à prononcer un discours fustigeant les problèmes de corruption, incompétence, racisme et brutalité de la police face aux principaux intéressés).

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La comparaison avec Margaret Thatcher est en réalité trop facile tant Theresa May s’éloigne de l’Iron Lady sur les questions sociétales : libérale sur ses questions, féministe convaincue (Theresa May avait publié dès 2008 une tribune pour dénoncer les écarts de salaire hommes-femmes), elle s’efforce ainsi de donner un visage humain au courant conservateur tout en désirant moderniser la société britannique (pro-mariage gay).

Capable de s’émanciper des carcans idéologiques du libéralisme politique, elle s’est engagée à travailler à construire un pays qui s’occupe de tous ses citoyens, « pas d’une poignée de privilégiés », annonçant une volonté de produire une solide réforme sociale.

Décrite par le Financial Times comme une « femme politique non idéologique avec un côté impitoyable et qui fait son travail », elle a notamment exprimé sa profonde détermination à incarner un fort leadership afin d’unir le pays face aux bouleversements du Brexit, « ensemble, nous allons construire une meilleure Angleterre »…