Pour combattre le sexisme qui sévit dans notre société, de nombreuses associations appellent à travailler sur une prise de conscience dès le plus jeune âge. Ainsi, de plus en plus…
Pour combattre le sexisme qui sévit dans notre société, de nombreuses associations appellent à travailler sur une prise de conscience dès le plus jeune âge. Ainsi, de plus en plus de collèges s’engagent dans cette lutte pour l’égalité des sexes à l’aide d’activités et d’ateliers qui se révèlent particulièrement efficaces.
Combattre le sexisme : un enjeu dès l’enfance
Combattre le sexisme, c’est s’attaquer avant tout aux stéréotypes de genre qui creusent les inégalités entre les femmes et les hommes. Ceux-ci apparaissent dès l’enfance, et il n’est pas rare de voir des crèches, des maternelles ou des écoles primaires se mobiliser pour endiguer le phénomène. Période charnière de l’enfance, puisqu’il marque le passage vers l’adolescence, le collège est une étape à ne pas négliger dans la lutte contre le sexisme. De nombreux chefs d’établissement en ont pris conscience.
Principale du collège Henri Matisse, situé dans le 20e arrondissement de Paris, Patricia Jourdy fait partie de ces personnels enseignants qui veulent agir. Elle déplore l’irruption de pratiques sexistes au fur et à mesure que les élèves de son établissement grandissent et dresse auprès de France Info, un triste constat : « l’égalité, on en est loin ». Les attitudes déplacées sont surtout le fruit des garçons qui ont tendance à vouloir s’affirmer en tant que tels : « On se pousse, on s’attrape par le cou. On montre qu’on est un petit garçon, et qu’on est donc plus fort ». Pour contrer ce phénomène, des affiches, réalisées par les élèves eux-mêmes, parsèment les murs des salles de classe. Elles visent à démontrer que les activités ne sont pas prédéterminées par le sexe : on peut être une femme et aimer la boxe ou être un homme et aimer la danse.
Des ateliers à l’écoute des élèves
La tâche est cependant loin d’être aisée car, selon Patricia Jourdy, « il faut déconstruire, à l’heure où ce n’est pas toujours évident de construire. » Pour l’accompagner dans son combat, la principale fait appel à une association. Ainsi, depuis quelques années, Dans Le Genre Égales intervient dans son établissement de 500 élèves. Pour Anne Plouët, chargée de mission dans cette association, l’objectif est de leur montrer les problèmes liés aux stéréotypes de genre : « Nous voulons leur faire comprendre que nos rôles dans la société ne sont pas dus à notre sexe, mais à une image de la femme et de l’homme que la société veut maintenir. Les enfants détestent l’injustice, donc c’est plus facile. »
C’est par ce biais que les élèves prennent conscience du sexisme, comme le confirme Jean-Michel Talierco, lui aussi membre de l’association : « Les enfants sentent quand quelque chose n’est pas normal. Quand une petite fille entend qu’une femme est moins bien payée, elle pose une question. » Leurs interventions font toujours l’objet de discussion avec les élèves. C’est un travail pédagogique essentiel pour accompagner leur prise de conscience : « L’idée, c’est vraiment de débattre. On s’écoute et on ne juge pas les autres. » Mais les préjugés, omniprésents et tenaces, compliquent ce travail.
Interroger les clichés autour du genre
Le sujets autour du sexisme sont nombreux : il y a l’enjeu de l’égalité salariale, la répartition des tâches ménagères, les métiers ou activités genrés, les tenues portées par les femmes, etc. Dans Le Genre Égales s’attaque aussi aux clichés véhiculés à travers les films ou la publicité. Le but est d’interroger les élèves sur la représentation des femmes, mais aussi des hommes, dans la société, à l’aide de la projection d’une vidéo. Puis vient le débat. D’autres associations, comme l’Association Contre les Violences Scolaires (ACVS) qui intervient au collège du Val d’Oudon, reprennent ce même principe – visionnage puis débat – mais sur des sujets plus spécifiques au monde adolescent, notamment le cyberharcèlement : « Très concrètement, nous alertons sur les préjugés, les propos à connotation sexiste, les gestes déplacés de la part des uns et des autres, et de l’envoi de photos dénudées sur les réseaux sociaux. »
Des collèges proposent également des activités hors des établissements scolaires. Le 25 novembre 2018, lors de la Journée Internationale pour l’Élimination de la Violence contre les Femmes, 200 collégiens cannois ont, ainsi, assisté à une représentation théâtrale, jouée par quelques-uns de leurs camarades, autour du sexisme. Alexandra Borchio-Fontimp, organisatrice de cet événement, intitulé Touche Pas à Ma Pote, considère que c’est un excellent moyen pour sensibiliser les jeunes à cette difficile question, comme elle l’expliquait au micro de France 3 Régions : « On a fait le choix d’utiliser une troupe de théâtre pour faire du théâtre d’improvisation où les collégiens se retrouvent sur scène à jouer cette pièce. Le message est tout aussi percutant et passe de manière pédagogique. »
Une diminution du sexisme dans les collèges impliqués
Le succès était au rendez-vous et la mairie de Cannes s’est réjouie du bon déroulement de cette initiative : « C’est très vivant, car les collégiens échangent et participent concrètement, ils sont mis en situation lors de saynètes pour les sensibiliser et frapper les esprits contre les propos, actes ou violences sexistes, voire même le harcèlement sous toutes ses formes. »
Généralement, les associations notent une amélioration dans le comportement des élèves après leurs interventions. C’est le cas pour le collège Henri Matisse, comme le constate Patricia Jourdy. Depuis les ateliers Dans Le Genre Égales, les élèves font beaucoup plus attention à leur langage. Désormais, elle envisage d’organiser prochainement une marche exploratoire, accompagnée d’une trentaine de collégiennes pour déterminer les espaces et les lieux publics où les élèves ne se sentent pas en sécurité.
G-Addiction, une autre association qui sensibilise des collèges à Nice, confirme l’efficacité de ces ateliers : « Les espaces d’expression et d’échanges proposés poussent les jeunes à des changements d’attitude et à réfléchir sur le sens de l’égalité des genres, l’estime de soi, le respect de son corps et de celui d’autrui. Idem pour l’ACVS, qui a su sensibiliser près de 1.300 collégiens depuis 2015. Les résultats ne se sont pas fait attendre : les incivilités ont baissé au collège Val-d’Oudon et le climat scolaire s’est considérablement amélioré. Si bien qu’en 2018, le collège a obtenu le prix du bien-vivre ensemble. Preuve que ce combat pour l’égalité des sexes, au sein des collèges, est aussi efficace qu’essentiel.