Un adversaire de Paul s’est embarqué dans une déclaration de campagne qui se s’est retournée contre lui, une annonce ratée

Paul est candidat dans une commune de 12 000 habitants, proche d’une station balnéaire. Un adversaire de Paul s’est embarqué dans une déclaration de campagne qui se s’est retournée contre lui, une annonce ratée. Paul raconte.

Prendre un moment pour soi

Après avoir enchaîné 5 réunions d’affilé : de l’urbanisme, à la sécurité communale en passant par les finances, je décide de prendre un moment pour moi. Je vais donc m’installer pendant un moment pour souffler – une eau gazeuse avec une rondelle de citron me font déjà envie – et me rend alors dans un petit bistro que j’apprécie particulièrement.

Quand j’arrive, certains font la fête depuis quelques heures. Les seaux avec quelques cadavres de bouteilles vides, trônent sur les tables. A côté des groupes d’amis sont installés et profitent des premiers rayons de soleil.

Je les imite, prends la table la mieux exposée, sors mes lunettes de soleil, mon calepin et note des plannings prévisionnels pour la campagne. Je suis investi dans une liste, Sylvie, notre tête de liste m’a proposé de la rejoindre il y a presque un an et je prends ma place très au sérieux. Alors, ce moment pour réfléchir m’est très précieux et c’est avec beaucoup d’exigence personnelle. Mais c’était sans compter la présence de Georges*.

Un affrontement public pour une future campagne

Georges* est notre adversaire. Enfin, c’est comme ça que nous analysons sa présence territoriale. En effet, ce sexagénaire de la commune ne s’est jamais officiellement déclaré candidat mais il agit de manière pro-active.

Sur les réseaux sociaux, il se positionnement ouvertement contre l’ensemble de nos politiques expliquant que nos choix sont mauvais et desservent la commune. Il est très véhément dès lors qu’il nous croise et n’hésite pas à alpaguer la presse locale quand il le peut. De plus, dès qu’il y a une manifestation locale, nous le voyons apparaître alors qu’il n’était pas aussi investi il y a 2 ans.

Bref, il sème des cailloux nous laissant entendre que sa candidature pourrait arriver. Ce jour-là, il est attablé avec quelques amis à lui… Un seau à glace et quelques bouteilles vides disposés sur sa table. Je le sens un peu pris par l’alcool mais ne fais pas attention jusqu’à ce que j’entende “Beh alors, tu prépares ta candidature ?” Je me retourne et vois Georges* à quelques centimètres de moi. “Alors voisin, tu travailles sur votre liste ?” Je me contente de dire à Georges que j’ai à faire et qu’effectivement je travaille à la liste – si nous n’avons pas officialisé notre candidature, notre future présence est un secret de polichinelle.

Je sens Georges de plus en plus véhément et le laisse parler : “de toutes façons vous faites de la politique de bas étage. Je suis visionnaire moi ! Je ne vous laisserai pas faire !
Certaines têtes commencent à se retourner vers nous. “Et de toutes façons, vous ne parlez qu’avec ceux qui vont dans votre sens ! Moi, je sais ce qu’il se passe vraiment ! J’ai tous les commerçants avec moi !” Je le laisse parler avant de voir le sourire de Brigitte derrière lui “Alors, Paul, quand est-ce que Sylvie se lance ? Parce qu’elle peut compter sur moi ! Et faites de mon bistro votre QG de campagne, rien ne me ferait plus plaisir !” 

Je regarde Georges et voit sa tête se décomposer, qu’est-ce que je jubile ! Cette situation digne d’un film est pourtant bien vraie. La politique locale continuera toujours de m’étonner…

* Les prénoms ont été changés pour l’article