Depuis 50 ans, Auroville accueille en Inde une communauté universelle qui prône un mode de vie alternatif. Fondée par une Française, cette ville multiplie les expérimentations écologiques et architecturales. Petite…
Depuis 50 ans, Auroville accueille en Inde une communauté universelle qui prône un mode de vie alternatif. Fondée par une Française, cette ville multiplie les expérimentations écologiques et architecturales. Petite présentation d’une cité qui pourrait bien inspirer bon nombre de communes françaises, sur de nombreux aspects.
Une ville universelle abritant une communauté alternative
Au Nord de Pondichéry, en Inde, se trouve une ville d’un genre bien particulier. Baptisée Auroville, cette ville se définit comme une cité universelle, où chacun, peu importe sa nationalité peut postuler pour y vivre. C’est aussi une cité sans religion, même si la spiritualité y prend une place importante. C’est surtout une cité entièrement dédiée à une société alternative, visant à promouvoir une vie communautaire abolissant la propriété privée et où les soins médicaux, l’éducation, la culture, etc. sont gratuits et à la disposition de tous.
Aujourd’hui, Auroville accueille une population de plus de 2.300 personnes. Ils proviennent de cinquante pays différents. Le fonctionnement de la ville est extrêmement bien structuré car chaque individu doit choisir entre différentes catégories pour contribuer à l’effort de la cité : agriculteurs, artisans, personnels d’éducation ou de soins, etc. Auroville possède aussi un centre de recherche scientifique afin d’améliorer les techniques de recyclage et développer des méthodes d’énergies renouvelables.
Une ville fondée par une Française et conçue par un architecte français
Bien que située en Inde, Auroville est le fruit d’une française, Mira Alfassa. Devenue proche du philosophe indien Sri Aurobindo après un voyage en Inde, elle fonde cette cité en 1968 à l’aune de ses idées. Auroville est inaugurée en présence du président de l’Inde et ce projet de communauté internationale obtient dès son origine, le soutien de l’UNESCO.
Quand on observe Auroville et sa végétation luxuriante aujourd’hui, rien ne laisse imaginer ce qu’était le site avant la création de la ville. En effet, à l’origine, le lieu n’était qu’un désert de terres rouges. Depuis, 5 à 6 millions d’arbres ont été plantés par les Aurovilliens.
Créé ex nihilo, Auroville a été conçu méthodiquement par un architecte français renommée, Roger Anger. La ville, qui a la forme d’une galaxie spirale, est découpée en quatre zones : industrielles, internationales, résidentielles et culturelles. Au centre se trouve le Matrimandir, littéralement la « Maison de la mère », lieu de spiritualité qui fait office de cœur de la ville.
Une charte qui rappelle les principes d’Auroville
Comme toute communauté alternative, Auroville possède des règles et des principes que chaque habitant doit respecter. Une charte de la ville est là pour rappeler, en quatre points importants :
- les idéaux universels et spirituels de la communauté, ainsi que l’abolition de la propriété privée : « Auroville n’appartient à personne en particulier. Auroville appartient à toute l’humanité dans son ensemble. Mais pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine. »
- l’importance de l’émancipation personnelle : « Auroville sera le lieu de l’éducation perpétuelle, du progrès constant, et d’une jeunesse qui ne vieillit point. »
- sa vision à la fois traditionnelle et progressiste : « Auroville veut être le pont entre le passé et l’avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s’élancer vers les réalisations futures. »
- l’importance du recueillement et de la méditation : « Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète. »
Même si la communauté est ouverte à tous, devenir Aurovillien n’est pas simple : il faut venir une première fois en tant que visiteur pendant trois mois pour prétendre ensuite à être aspirant. Une fois sa candidature déposée, l’aspirant va vivre et travailler pendant un an au sein de la communauté pour montrer qu’il peut s’intégrer. S’il réussit et qu’il obtient des parrainages de la part des habitants, il peut devenir Aurovillien.
Quelques échecs mais surtout des réussites
Si Auroville peut se vanter d’avoir atteint sa cinquantième année d’existence, ses idéaux d’origine ont dû, pour certains, se confronter à la dure réalité. Auroville devait, notamment, abolir le concept de la monnaie, mais n’y est pas arrivée, faute d’autarcie, mais aussi d’organisation interne. Autre déception, les Aurovilliens sont bien moins nombreux qu’espérés ; à peu près 2.300 personnes alors que la ville était conçue pour 50.000 habitants. Mais le processus de recrutement particulièrement contraignant semble en être la cause.
Mais, dans l’ensemble, Auroville est une réussite au vu de ses objectifs initiaux. La ville peut se vanter d’être très écologique, avec sa cantine qui fonctionne à l’énergie solaire, ses maisons conçues à l’aide de produits recyclées par endroits et son traitement des eaux usées avec son propre équipement ingénieux, surnommé le vortex.
Auroville est surtout une cité parfaitement organisée qui attire de nombreux touristes étrangers venus pour y découvrir à la fois son mode de vie, son organisation alternative, ses lieux spirituels, ses bâtiments architecturaux originaux et ses inventions écologiques.
Une source d’inspiration pour les communes françaises ?
Imaginer une Auroville en France relève de la pure fantaisie : la cité indienne, par son organisation particulière, par son contenu très spirituel, fondée sur la pratique intense du yoga, par son aspect communautaire très fort aurait peu de chance d’être culturellement reconnue et acceptée en France, et ce, sans même évoquer l’aspect juridique. Mais Auroville n’en demeure pas moins, pour certains de ses aspects, une potentielle source d’inspiration pour nos communes qui pourraient adopter, voire qui adoptent déjà, certaines de ses pratiques comme :
- la production agricole bio et locale : une manière de promouvoir le bien-manger au sein de sa population, de respecter l’environnement et de contribuer à l’économie locale. Sur ce point, quelques communes en France sont en avance. Et la nouvelle réglementation concernant les cantines scolaires devrait permettre de promouvoir davantage l’agriculture bio et locale.
- le développement des énergies renouvelables ;
- la plantation continue d’arbres : Auroville a l’ambition d’être le poumon vert de l’Inde et ses millions d’arbres plantés sont un modèle à suivre à l’heure de la déforestation. En France avoir de nombreux arbres dans sa commune permet d’améliorer le bien-être de ses habitants, d’enjoliver sa ville, et de combattre les hausses de chaleur, notamment en période de canicule.
- l’architecture adaptée et solidaire : si l’abolition de la propriété privée est un concept inapplicable en France, il existe de plus en plus d’alternatives aux modèles pavillonnaires individuelles. Certaines communes se sont lancées dans la création de nouveaux habitats collectifs et solidaires.
Ainsi, même sans adhérer à l’ensemble des idéaux prônés par Auroville, la ville indienne a le mérite d’expérimenter des concepts que l’on peut appliquer dans nos villes.
Bonjour,
Article appréciable mais titre confus : les Auroviliens conservent leur nationalité, l’argent est toujours présent (bien qu’il y ait des tentatives pour s’en défaire).
C’est dommage qu’on lise toujours de gros titres chocs comme celui-ci, qui ne renvoient à aucune forme de réalité.
Cordialement,
Un chercheur sur Auroville.