La désindustrialisation laisse de nombreux bâtiments voire quartiers à l’abandon. La création d’un espace vert est une solution
Attractivité des métropoles et/ou morosité économique locale, de nombreuses communes rurales, voient leur force vive ou leur jeunesse attirées ailleurs par les offres d’emploi plus attractives des pôles. Pour palier à cette diminution d’activité, certains territoires multiplient les zones industrielles ou d’activités dans l’espoir de pouvoir proposer une offre d’emplois attrayante. Quid du vieillissement : quand les hangars ou entrepôts sont vidés de leur activités, que deviennent-ils ?
Aux USA, d’intéressantes initiatives se multiplient : démolir les locaux vacants obsolètes voire délabrés et les remplacer par des espaces verts.
L’attractivité de ces nouveaux quartiers
Diminution du nombre d’habitants et restrictions budgétaires, de nombreuses collectivités françaises sont freinées dans leur dynamisme. Mais des villes telles que Detroit, Cleveland, Buffalo ou Colorado Springs par exemple, y ont vu une opportunité pour impulser un véritable développement durable. Celui-ci permet à la fois des ressources économique et l’amélioration du cadre de vie des habitants, apportant ainsi un nouveau ressort d’attractivité.
Face aux difficultés économiques locales et financières institutionnelles, les pouvoirs publics ont été amenés à instaurer des politiques d’urbanisme durables. L’idée : faire des économies. Le choix peut surprendre mais certaines villes ont décidé de remplacer des quartiers industriels ou résidentiels à l’abandon par de vastes espaces verts, des terrains agricoles, des champs de céréales, des serres ou des étables pour animaux à tel point que le paysage se rapproche davantage de celui du 19ème siècle modernisé.
C’est le choix qu’a fait la ville de Detroit – qui s’est déclarée en faillite en 2013. Du fait de la profonde crise qui a frappée la Motor City, la ville possède de nombreux quartiers industriels et résidentiels délabrés, vides d’activités et d’habitants. N’ayant plus les moyens qu’elle pouvait avoir auparavant, la municipalité a décidé de réduire la superficie construite de la ville (supérieure à San Francisco, Boston et Manhattan réunies) en démolissant des dizaines de milliers de bâtiments abandonnés et remplaçant par des espaces verts, des infrastructures agricoles, des parcs… C’est le concept du rightsizing (que l’on pourrait grossièrement traduire par une réduction de la ville à des dimensions plus “pertinentes”).
Sans aller aussi loin, certaines villes françaises se sont lancées, elles aussi, dans l’aventure. Exemple à Villeneuve-sur-Lot (47) où une ancienne friche industrielle aux terrains abandonnés et aux quelques silos désaffectés a été rachetée au début des années 2000, rasée puis remplacée par un grand parc, « vrai poumon vert pour une ville qui respire », espace agréable accueillant des installations de jeux pour les enfants et traversé d’une piste cyclable.
« Une population moins nombreuse n’est pas synonyme d’une population en retard », Jay Williams, équivalent du Secrétaire d’Etat au Commerce adjoint en charge du Développement Economique et ancien maire de Yougstown (Ohio).
Dans le même ordre d’idée, il est monnaie courante de remplacer certaines voies de tramways, de train ou même certaines portions de routes inusitées et laissée à l’abandon par des voies piétonnes ou des voies vertes (exemple américain avec l’abandonnée High Line à New York remplacée par une allée piétonne ou le vieux Centerway Arch Bridge à Corning (Etat de New York) transformé en un pont réservé aux piétons).
Il n’existe pas une solution miracle mais que des initiatives à lancer
Attention, remplacer le bitume par du gravier, mettre de grands espaces verts à la place de bâtiments délabrés ne sont pas des solutions miracles adaptables absolument partout pour essayer de faire des économies. Chaque territoire comporte ses lots d’interdictions (PPRI, zones Natura 2000, changement de destination dans un PLU…), son histoire et son dynamisme local. Une initiative concluante dans un département peut ne pas l’être à quelques centaines de kilomètres.
De plus, démolir certaines infrastructures peut être inadapté dès lors que l’on estime qu’elles puissent être réutilisées ultérieurement en cas de meilleure santé économique – le coût pour les reconstruire pourrait être supérieur au coût d’un minimum d’entretien. D’autre part, nous voyons de plus en plus de logements se créer au sein d’anciennes usines pour donner une nouvelle et conserver un patrimoine local. Une fois de plus, la solution unique n’existe pas et le respect du territoire est la première des considération à avoir.
Il est enfin très important de ne pas prendre ce genre de décisions de façon unilatérale : les résidents (ou les propriétaires) d’un quartier en piteux état peuvent vouloir garder leurs locaux, tablant sur une nouvelle attractivité permise par une amélioration du cadre de vie. De plus, les consulter et les intégrer au processus de création permet de savoir ce qui peut être bon pour l’avenir de leur quartier. Il est important de prendre en compte ces feedbacks afin de les faire adhérer au projet de nouvelle orientation urbaine. Maintenant, à vous de jouer !