Transformer une plaine polluée en une forêt accueillante pour la faune et la flore, tel est le pari du syndicat mixte d’aménagement de la plaine de Pierrelaye – Bessancourt. Un rêve qui s’imagine sur le long terme et se construit étape par étape.

Forêt du Val d'Oise : planter pour les futurs générations
©CDesheulles

Redonner vie à la terre

Un siècle durant, une partie de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt, 1 350 hectares non-urbanisés et peu fertiles, a servi à l’épandage des eaux usées de Paris. Appuyée par une loi de 1886 pour assainir la capitale, cette solution a notamment permis le développement du maraîchage sur ces terres.

A la fin des années 90, des études ont révélé que cet épandage a entraîné la présence de métaux lourds dans les sols. Le maraîchage a été interdit, transformant l’activité existante pour aller vers une agriculture céréalière destinée aux animaux. L’épandage s’est poursuivi pour faciliter les cultures mais avec des eaux pré-traitées.

« Cette agriculture et l’entretien des réseaux ont entraîné un déséquilibre économique » explique Bernard Tailly, président du syndicat mixte d’aménagement de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt, le SMAPP.

Après une réflexion engagée par les collectivités territoriales sur le devenir de ce site au début des années 2000, l’Etat a annoncé son souhait de voir le département du Val d’Oise profiter d’une compensation environnementale afin de contrebalancer l’impact du trafic aérien voisin.

La volonté politique de faire naître une forêt aux abords de l’aéroport de Roissy-Paris Charles De Gaulle a ainsi pris forme.

Créer une forêt oui, mais pas sans étude de faisabilité

Des études pré-opérationnelles afin de vérifier la faisabilité du projet tant du point de vue financier qu’environnemental ont été mené entre 2011 et 2013.

« Une maîtrise d’ouvrage devait être définie pour la création de cette forêt. La région Ile-de-France, le département du Val-d’Oise et sept communes environnantes se sont réunis au sein du syndicat mixte d’aménagement de la plaine de Pierrelaye – Bessancourt, le SMAPP, pour travailler à la réalisation du projet » détaille Bernard Tailly.

C’était en mai 2014. Depuis la structure a identifié les mesures à prendre. Plus de la moitié du territoire destiné à devenir le parc forestier n’appartient pas aux collectivités mais à 2 000 comptes fonciers distincts. Autant de négociations à engager pour le SMAPP. 

« Au même titre qu’un projet d’autoroute ou d’un autre aménagement, nous avons mené une étude d’impact et une concertation publique. Il n’y a pas d’opposition sur la finalité du projet mais des solutions à trouver pour les agriculteurs et les occupants des parcelles. »

Le président du SMAPP attend prochainement la déclaration d’utilité publique permettant d’entamer les négociations nécessaires ou de procéder à des mesures d’expropriation. Par ailleurs, l’Office National des Forêts est désigné comme maître-d’œuvre et une équipe de six à sept personnes poursuit le projet au quotidien.

Pas à pas

Depuis sa mise en place en mai 2014, le SMAPP avance pas à pas vers la réalisation de cette future forêt. « La principale difficulté, c’est le temps. Nous avons mis six ans pour planter les premiers arbres. Tout est long, de la phase administrative à la pousse des arbres » sourit Bernard Tailly. Le 25 novembre dernier, le premier arbre a ainsi été planté, vite rejoint par 20 hectares supplémentaires.

« A la Sainte Catherine, tout prend racine ! Nous n’avons pas choisi la date par hasard. » La forêt, située entre l’Oise et la Seine, commence peu à peu à s’inscrire dans la ceinture verte de la région parisienne. Pour favoriser la biodiversité, attirer la faune et la flore, le projet intégrera des bois existants, de nouvelles plantations, des plantes et des clairières.

« L’enjeu consiste à retrouver une fonction à un territoire déprécier du point de vue agricole et devenu par endroit un dépôt sauvage. Il s’agit aussi pour les populations de s’approprier ce territoire. Enfin, avec cette forêt, nous avons une solution pour un territoire pollué, sans avoir à intervenir sur une superficie aussi grande. »

Le calendrier n’est pas encore défini mais l’élu espère achever l’acquisition du foncier d’ici trois ans et entamer le boisement d’ici six ans. « Il faudra des années pour que cela commence à se voir. Cela demande 30 ans pour qu’un arbre arrive à maturité. »

Financée par le syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne, SIAAP, l’agence de l’eau Seine-Normandie, les compensations forestières, un emprunt et différentes subventions, la forêt devrait coûter 84.5 millions d’euros. Un investissement pour l’avenir et les futures générations.