Aujourd’hui témoignage vie élue, avec une élue qui s’est laissé déborder avant de débuter un nouveau mandat : le jour où elle a dit non.
Vie d’élue : Les journées, les emplois du temps, les vies des élues sont souvent bien remplis. Le risque quand on est élu.e, c’est de vouloir aider, trop souvent. Témoignage d’une élue qui s’est laissé déborder avant de débuter un nouveau mandat le jour où elle a dit non.
Se laisser déborder… en voulant rendre service
Ce qu’on ne nous dit pas quand on est élu.e, c’est que du travail, il y en aura tout le temps ! En tant que femme qui aime les choses bien faites, la première partie de mon mandat a été rythmée par les emails auxquels je voulais rapidement répondre. Oui mais voilà, se laisser dicter par les emails – qui arrivaient sur mon smartphone créant un ballet incessant de vibrations pour me prévenir d’une nouvelle interaction provenant de ma boite mail – n’a jamais été une bonne idée.
J’ai donc vécu au rythme des alertes initiées par des habitants mécontents, des associations réclamant plus de visibilité ou des commerçants se plaignant du manque de place de stationnement. Et je n’en voyais jamais le bout… Cela sans compter les commissions, les réunions, les entretiens et autres formes de rencontre souvent chronophages. Bref, j’avais des semaines très animées ! Je ne précise pas qu’évidemment, je cumulais cela avec une vie professionnelle et affective, elles-aussi remplies. Les journées de 24h ne suffisaient plus ! Il m’arrivait aussi d’avoir des semaines avec des commissions tous les soirs pour préparer les animations et politiques estivales. Bref un emploi du temps bien rempli !
Sauf que, toute cette organisation ne peut durer qu’un temps !
Apprendre et oser dire non pour se préserver
Petit à petit, j’ai voulu reprendre le “contrôle de ma vie” et de ma vie d’élue. Tout ce que je faisais correspondait à mes choix, certes, mais j’avais la sensation de subir mon mandat. A vouloir arranger et aider pour ma commune, je finissais par me laisser absorber et “dominer” par ces obligations. Alors j’ai fait un travail sur moi.
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Petit à petit, j’ai délégué : aux membres de ma commission, à mes agents, bref à ceux qui pouvaient m’aider. Evidemment, je n’ai pas arrêté toute activité, j’ai seulement appris à laisser les autres prendre en charge ce que je ne pouvais pas gérer. J’ai commencé à me dire “non, tu ne dois pas tout faire”.
Une fois que j’ai compris et intégré cela, j’ai commencé à me faire à l’idée de dire non aux autres. Là aussi, quand il le faut et pas systématiquement. Mais quand, avant, je disais oui à tout pour arranger et ne pas déranger, j’ai fini par me dire qu’il valait mieux que je m’écoute et que dans ma vie, la plus importante, c’est moi. Alors “I say no, no, no”.
Bref, j’ai réorganisé ma façon d’aborder mon mandat en me réappropriant réellement mes besoins. J’ai donc organisé mes commissions de façon plus régulière, je me suis autorisée à ne pas être présente à certaines et j’ai aussi expliqué à mon entourage qu’il fallait que j’arbitre. Un non ne veut pas dire que je n’ai pas d’intérêt mais simplement qu’il faut aussi que je pense à moi.
Depuis, tout va beaucoup mieux ! J’ai compris que, ce n’est pas parce que je suis toujours présente que c’est utile et surtout que si ce n’est pas bon pour moi, ça ne l’est pas pour mon entourage, pour mon mandat, pour mes convictions. Le plus compliqué est, je crois, comprendre son propre fonctionnement, une fois que cela est en place, on ne profite que mieux de toutes les possibilités que nous offre nos choix !