Aujourd’hui dans témoignage de “vie d’élue” nous nous penchons sur le traditionnel “repas des années” qui a lieu au mois de décembre.
Les premiers jours du mois de décembre ouvrent une période pleine de festivités. Pour certaines communes, l’une des premières est le traditionnel “repas des aînés”, un moment de partage avec les seniors de la commune. Un déjeuner qui promet beaucoup d’animation, de sang-froid, bref un excellent moment pour mettre en application nombre de conseils en communication.
Un moment d’échanges entre deux plats
Pour fuir le froid, les aînés de ma commune restent cloîtrés chez eux une grande partie de l’hiver, nous les voyons hiberner et ne sortir qu’entre 14h et 16h, quand le soleil illumine les rues. Habitude qui ne concerne pas ce premier dimanche après-midi de décembre, moment pendant lequel tous les aînés de 70 ans et plus sont invités à nous rejoindre pour un repas.
Plus qu’un simple déjeuner, c’est l’occasion pour l’équipe municipale d’échanger avec les “mémoires vivantes” de la commune et avoir des retours des habitants les plus âgés. Chaque élu installé à une table dédiée passe le repas en compagnie des seniors et doit défendre les projets communaux face à un public souvent exigeant. C’est l’occasion pour nous de bachoter ! Imaginez une table d’une dizaine de septuagénaires (pour les plus jeunes) qui nous pose des questions sur les travaux, les écoles, les projets d’urbanisme, les politiques sociales – souvent tout à la fois. C’est la meilleure façon de mettre en application les conseils en communication récemment appris !
Avoir le bon ton, la bonne attitude et la bonne répartie
Mais, et ce n’est pas un scoop, les aînés sont souvent des personnes exigeantes, qui peuvent être aussi bienveillantes que dotées d’une répartie cinglante. Partager un repas avec eux, c’est souvent s’armer de patience. On ne sait pas qui est face à nous : une personne plutôt réfractaire à nos choix ou un habitant aussi positif que curieux, il faut savoir adopter un ton neutre avant de se lancer.
En tant qu’élu.e, nous avons l’habitude d’échanger avec les citoyens, dans le cadre d’une commission ouverte, dans la rue, sur le marché ou au détour d’un couloir de la maison des associations, lors d’échanges courts. Nous avons également pour habitude de parler de nos projets à nos voisins, à des amis, bref à des publics plutôt conquis. Enfin, il y a les échanges dans nos bureaux, en face-à-face avec des citoyens, des commerçants ou des associations, dans un contexte de “travail”. Mais ce repas ne correspond à aucun de ces trois moments d’échanges : la discussion n’est ni courte, ni auprès d’un public conquis et encore moins dans un contexte officiel.
Imaginez-vous arriver à une table avec 10 habitants que vous ne connaissez pas, ou seulement de vue. Il vous faut : engager la discussion, la maintenir, défendre les projets municipaux, en étant constructif et ouvert… le tout un dimanche matin ! Un vrai défi 😉
Mais un repas toujours sympathique
Malgré quelques remarques, le fond est toujours positif. J’indiquais plus haut que certaines remarques pouvaient être cinglantes, mais qui n’a jamais été abrasif ? L’avantage pour l’équipe municipale, grâce à ce type de repas, c’est pouvoir entendre, au détour d’une conversation – longue de plusieurs heures, 3 ou 4 – les signaux faibles. Ces informations nous permettent d’avoir un meilleur regard sur ce qu’il se passe dans nos rues. “Je ne traverse plus la route depuis que le stop a été déplacé, les voitures roulent trop vite” : un signal sur les politiques de déplacement et d’aménagement qui ne sont peut-être pas adaptées. Plus que des critiques ou des approbations, ce sont des retours d’une partie de la population que nous ne côtoyons pas tous les jours dont nous prenons connaissance.
Un moment à vivre pour en parler ! Un moment d’échanges à ne pas louper dans une année, surtout pour ceux qui aiment les bals musettes 😉
Retrouvez d’autres témoignages de “vie d’élue” : ici