En Gironde, le syndicat de l’Entre-deux-Mers-Ouest pour la collecte et le traitement des ordures ménagères, SEMOCTOM, se lance dans un nouveau genre de collecte. En partie robotisée à partir de janvier 2020, les camions bennes ne se limiteront plus aux déchets ménagers et au tri sélectif. Trois communes vont s’essayer à la collecte des déchets alimentaires pour réduire les coûts et améliorer la valorisation des déchets.

Prendre en compte la consommation réelle des usagers

Parmi les 85 communes dont le SEMOCTOM gère les déchets, trois ont accepté de relever le défi lancé par le président du syndicat : Mettre en place la collecte des déchets alimentaires et tester la collecte robotisée. Volontaire, la communauté de communes du secteur de Saint Loubès qui réunit Saint-Sulpice et Cameyrac, Beychac et Cailleau ainsi que Saint-Loubès (soit 27 000 habitants), va mettre en place une nouvelle collecte.

« Nous avons déjà essayé d’encourager au compostage sur le territoire mais nous n’atteignons que 27% de foyers équipés au plus, sans la garantie que les bacs ne soient pas détournés de leur utilisation pour devenir des coffres à jouet notamment » explique Jean-Luc Lamaison, président du SEMOCTOM et maire de Nérigean.« D’autre part, les composteurs ne reçoivent pas tous les restes alimentaires ! »

Jean-Luc Lamaison, président du SEMOCTOM
Jean-Luc Lamaison, président du SEMOCTOM

Devant une augmentation du tonnage des déchets sur les deux dernières années, l’élu a souhaité réagir tant pour préserver l’environnement que pour réduire les coûts induits par le traitement des déchets.

« Les déchets alimentaires sont incinérés. C’est malheureux car c’est une matière organique susceptible d’être réutilisée, de devenir une matière noble pour nos sols viticoles qui affichent une pénurie de cette matière. » Cet ancien enseignant en agronomie veut donc valoriser un tiers des déchets de ses administrés.

Dans les trois communes volontaires pour l’expérimentation, 6 000 nouveaux bacs à roulettes marrons de 120 litres mais à la capacité réduite à 60 litres, et 7 200 bio-seaux avec leurs sacs en kraft vont faire leur entrée dans les foyers. Ces nouveaux contenants viseront à récolter les déchets alimentaires. Tout ce qui se mange ou reste après la préparation des repas (épluchures, coquilles d’œufs) ainsi que les restes de repas crus ou cuits (viande, poisson, pain, crustacés…) y trouveront leur place. Les nouvelles poubelles pourront également accueillir le marc de café, les sachets de thé, les fleurs fanées ainsi que les papiers essuie-tout ou mouchoir en papiers, à condition d’être non souillés de produits ménager.  

Un système de collecte repensé

Ces nouveaux bacs de bio-déchets seront récoltés chaque semaine avec, en alternance, le bac de tri ou le bac d’ordures ménagères. « Nous devons limiter le nombre de collecte pour réduire notre impact écologique. Il faut aussi conscientiser les habitants pour qu’ils trient correctement. Ils ne peuvent plus se contenter de dire qu’ils paient pour avoir un service sans se soucier de l’impact. »

Les trois communes volontaires seront donc équipées de points d’apport volontaire pour les bio-déchets. Les zones de forte densité profiteront de bacs de dépôt, accessibles avec un code, tandis qu’ailleurs, une nouvelle benne robotisée fera du porte à porte.

« Cela implique un positionnement spécifique des bacs, avec un marquage au sol. Les habitants seront informés tandis que notre personnel va être formé à l’usage de ce nouveau matériel. » L’objectif affiché reste de réduire les coûts et les kilomètres parcourus par la benne pour limiter l’empreinte carbone de la collecte des déchets.

Collecte de déchets repensé

Fédérer les usagers et les élus

La quinzaine de personnes du SEMOCTOM s’implique sur le sujet dont le budget s’élève à 844 000 euros avec 310 000 € pour l’achat de la nouvelle benne. Après avoir rencontré les maires des trois communes puis les élus, Jean-Luc Lamaison va maintenant participer à des réunions publiques pour informer les citoyens de ce changement de pratique. « Les élus ont montré beaucoup d’enthousiasme. Nous menons déjà des actions dans les écoles qui nous réservent un très bon accueil. La difficulté que nous pourrions envisager est que les habitants soient réfractaires à voir une nouvelle poubelle qui prend de la place chez eux ou qu’ils la placent mal pour la collecte. » Les foyers situés sur le tracé de la benne robotisée recevront les informations dans leur boîte aux lettres et seront contactés individuellement. Jean-Luc Lamaison reste optimiste et garde en tête l’objectif d’atteindre les 600 tonnes de déchets détournés de l’incinération. « Une tonne, c’est 125 euros en coût d’incinération. »

Avant d’étendre la pratique à l’ensemble des 85 communes d’ici 6 à 7 ans, le président du SEMOCTOM travaille en partenariat avec le syndicat voisin, le SMICVAL, propriétaire d’une plateforme de compost à qui il va confier ses bio-déchets.