Dans notre témoignage de vie d’élue, Amélie nous raconte comment dans sa commune elle s’engager en faveur du développement durable.
Amélie est élue depuis 2014, elle siège dans une commune de 2.000 habitants. Quand la tête de liste est venue la chercher, son “oui” était à une condition : lancer une démarche et une réflexion globales en faveur du développement durable. Pour Amélie, faire entrer cet axe dans la phase de réflexion d’un projet municipal est parfois un combat. Pourtant, il ne devrait pas être un axe politique, mais présent dans l’ensemble des conceptions territoriales.
Le développement durable, ce concept flou
Cela fait plus de 10 ans que le développement durable fait parler, mais chez nous, c’est encore une nébuleuse. Dans les projets scolaires, dans certaines politiques, dans les discours … on en abuserait presque ! Pourtant, quand il s’agit de parler concret et attribuer des lignes budgétaires dédiées, le concept paraît loin des objectifs locaux.
Je ne compte plus le nombre de discussions auxquelles on m’a répondu “oh arrête un peu avec ton développement durable ! On n’a pas le temps, et il y a des routes à réparer”.
Ah les routes ! Préoccupation n°1 des habitants, enfin, bien souvent ! Les nids de poules, les excréments canins sur les trottoirs, les trottoirs et les ralentisseurs… une multitude de combats qui déchaînent les passions. Et voilà comment l’écologie passe en second plan. De plus, derrière ce beau terme “développement durable” existent de nombreux concepts, ce qui le rend encore plus compliqué et surtout, bien moins lisible.
Avec ses piliers, ses valeurs et ses applications qui peuvent prendre de nombreuses formes le développement durable est une façon de concevoir l’avenir. Alors, en tant que Mme Brocoli (oui c’est comme cela que l’on me surnomme depuis que je me suis battue pour le bio dans les cantines !) je m’organise pour “vulgariser” tout cela.
Qui convaincre ?
Entre mes collègues élus – ceux qui ne sont pas familiers avec le développement durable – et les habitants qui ne veulent plus des représentants locaux qui utilisent l’écologie comme argument, il y a de quoi faire ! J’apprends à évangéliser.
Et comme dirait un des acteurs du développement durable ici chez nous “les gens en ont marre d’entendre ce terme ! Ils veulent autre chose, et ne veulent plus de ces mots, pour eux, ce n’est qu’une tendance”. Alors, nous essayons de faire passer de meilleures pratiques grâce à une nouvelle gouvernance.
Bienvenue à l’heure de l’Agenda 21 local, dans une petite commune. Et là aussi, il fallait convaincre : le Maire et les élus qui ont peur d’être attaqués en réunion, les habitants qui pensent qu’ils ne seront pas écoutés, les commerçants qui ne voient pas où est leur intérêt ou les associations qui n’ont pas le temps. Bref, beaucoup d’énergie à donner pour mener à bien nos valeurs.
Mais la dame Brocoli qui sommeille en moi aime à convaincre et n’est pas prête d’abandonner ! Nous avons donc constitué un groupe – un des plus conséquents du territoire – qui se réunit tous les mois, qui invente une nouvelle gouvernance dans la commune et qui met en place des solutions durables. Nous avons également rayé les mots “développement durable” et “écologie” pour agir via des termes qui ne portent pas une image politisée. Et pour finir, nous restons libres sans obligation de présence. Une recette qui semble fonctionner car tous les semestres, nous accueillons de nouvelles têtes !
Pour nous, la semaine du développement durable (organisée chaque année fin mai-début juin, N.D.L.R.) permet, tous les ans, de faire connaître les actions du groupe, faire adhérer et fédérer autour de nos missions et présenter les acteurs locaux qui nous soutiennent. Figurez-vous que ça marche !
Nous organisons des débats, des rencontres avec des acteurs locaux, des échanges, des moments ludiques pour mieux comprendre les enjeux de la gestion des déchets, de l’eau mais aussi des économies d’énergie. Là aussi, il y a beaucoup de choses à faire, et petit à petit, les choses changent, depuis l’intérieur.
Les résultats concrets
Que remarquons-nous ? Les élus avancent petit à petit dans ces “nouveaux” axes : nous remarquons que les commissions s’arment avec des produits ou des solutions plus respectueux de l’environnement. Les agents soutiennent les politiques durables menées, les citoyens apprennent et cherchent à comprendre, les associations et les commerçants s’ouvrent petit à petit. L’optimisme de Mme Brocoli a dépassé les frontières de mon bureau, et j’en suis très fière !