Nous recevons de multiples témoignages d’élues qui, lors de leur mandat, témoignent de la violence qu’elles subissent dans le monde politique.

Nous recevons de multiples témoignages d’élues qui, lors de leur mandat, témoignent de la violence qu’elles ressentent. La politique, c’est un monde violent. Cette violence se retrouve dans des situations qui peuvent être anticipées, mais aussi, et par de nombreux moments, lors d’échanges inattendus. Retour sur ces témoignages.

Œil pour œil, dent pour dent.

La loi du talion incarne ce que le monde politique – et ce même dans un échelon local – peut avoir de plus vrai. Souvent, les élu.e.s avec qui nous échangeons nous en parle. Un jour, Isabelle, conseillère d’une commune de 5.000 habitants nous expliquait certaines pratiques politiques de son territoire. “Ici les élus ne se laissent rien passer, et si une place est à gagner, plus aucune valeur n’est valable”. Malheureusement, je n’étonne personne en relatant ce témoignage, certains sont prêts à tout pour avoir la place, au détriment même du territoire. “Je me souviens d’une élection pour laquelle une tendance politique… appelons les choses comme elles sont : un parti politique, a vu 2 élus se présenter car tous deux voulaient la même place ! Notre canton n’avait pas besoin de cela… résultat, les deux élus ont été sortis dès le premier tour” continue Isabelle.

L’intérêt du territoire ne vaut pas forcément dans l’ambition politique de quelques candidats. “J’ai un collègue qui a été coopté sur un territoire qu’il ne connaissait pas, dans un département où il n’habite pas. Tout ça pour créer un “bad buzz” et permettre à un autre candidat de se présenter. Celui qui devait, au départ, mener sa liste, n’était pas vraiment soutenu par son parti. Mais comme il ne faut pas afficher de désaccord médiatique, ils ont profité d’alliances nationales pour détruire toute l’organisation avec un montage aussi grotesque que détestable” explique Martine avant de regretter le manque de dialogue et d’honnêteté. “Je pense que des nœuds au ventre ont dû se créer pour ce premier candidat, la destitution en public est très malsaine alors qu’un dialogue franc est plus honorable”.

Cette violence se traduit aussi via des intimidations, des dénonciations ou du harcèlement à l’encontre des élus qui représentent un obstacle sur la route de leurs “collègues”. La véritable rivalité s’organise parfois au sein même des partis politiques dans un territoire commun. C’est dans cette conception que la violence politique prend toute sa forme.

“Démissionnez !”

Combien d’élu.e.s ont entendu cette interpellation ? Pas plus tard que la semaine dernière, une élue nous parlait d’une altercation avec une association “ils nous ont reproché de ne pas être assez pour ranger les tables et les chaises avant de nous dire que si nous n’avions pas le temps, nous devions démissionner.”
La violence en politique ne se fait pas qu’entre paires, les citoyens, les associations, parfois même les acteurs économiques s’avèrent être agressifs. Et si le conseil de prendre du recul avec une situation est applicable, dans la réalité, c’est souvent bien compliqué.

Les reproches vont bon train, nous entendons souvent les conseillères nous expliquer que leurs actions sont régulièrement remises en question. Valérie en parlait lors d’une formation “je crois que certains administrés se disent qu’ils sont nos employeurs et peuvent donc tout nous reprocher. Sans connaître les tenants et les aboutissants. A croire qu’ils pensent que notre but est de détruire la qualité de vie locale.”
Ces critiques ont des échos réguliers et dépassent parfois les frontières de la représentation en arrivant dans le cercle familial. Florence était à un repas de famille où un cousin lui reprochait l’état du cimetière, elle nous expliquait qu’elle ne sentait jamais aucun répit.

Se recentrer pour surmonter cette violence

Face à ce type de difficultés, il faut pouvoir se recentrer. Plus facile à dire qu’à faire, mais les élu.e.s régulièrement confronté.e.s à ce type de situation nous donnent leur trucs :

  • Le petit carnet, “celui dans lequel je note tous les meilleurs souvenirs de mon mandat et qui me sert à me remémorer les moments forts. Je le ressors dès que j’ai un coup de blues, mon sourire revient à chaque fois que je relis ces passages” nous explique Eugénie. Pouvoir se rappeler ces moments vous permettra de vous remotiver et avancer avec en tête ces échanges qui vous ont aidée et non pas ceux qui vous minent.
  • Faire le tour de la commune. Un conseil d’une DGS qui nous explique “quand les moments sont trop difficiles, que mes interlocuteurs sont agressifs, je fais le tour de la commune pour aller voir les services. Les écoles, les crèches, les services techniques, voir leur implication me rebooste et je me sens bien mieux après”. S’inspirer du bien-être des autres n’est que positif et aide à tenir ! En tant qu’élu.e n’hésitez pas à faire la même chose, cela vous aidera.