Rencontre avec une femme politique qui n’a pas fini de vouloir construire l’avenir, Marta de Cidrac l’une de nos ambassadrices.

 

Rencontre avec une femme politique qui n’a pas fini de vouloir construire l’avenir, Marta de Cidrac.

C’est l’ombre qui lui a donné envie de passer à la lumière. Avant d’être la première adjointe au maire de Saint-Germain-en-Laye, Marta de Cidrac était à la tête de son agence d’architecture. La ville d’Orsay avait fait appel à elle pour bâtir une nouvelle école. C’est grâce à cette école que j’ai eu LA révélation”, s’amuse Marta de Cidrac. En réunion avec les parents d’élèves et les élus de la ville, certains parents regrettaient qu’ériger de nouveaux murs ne fasse de l’ombre dans la cour. “Hélas, quand on bâtit, on fait de l’ombre, on ne peut rien y faire ! Et quand il a été question plus tard dans la réunion de devoir malheureusement abattre un arbre pour permettre l’exécution des travaux, les mêmes ont alors regretté… l’absence d’ombre à prévoir”, sourit la femme politique. “C’est là que j’ai admiré la finesse et la patience des élus, qui sont parvenus à écouter chacun, et convaincre tout le monde.”

Depuis l’école est sortie de terre et la carrière politique de Marta de Cidrac aussi. Elle commence avec les élections municipales de 2008, sur la liste d’Emmanuel Lamy. Ce dernier est resté maire de la ville jusqu’au 24 mai dernier, où il décède suite à un accident cardiovasculaire cérébral. Marta de Cidrac ainsi que l’ensemble du conseil municipal et personnel ont publié une déclaration pour “s’associer à la très grande douleur de son épouse Alice Lamy et de ses deux enfants”. C’est Marta de Cidrac qui s’est vu confié l’ensemble de ses délégations jusqu’à la désignation imminente d’un nouveau maire par le conseil municipal.

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Marta de Cidrac avait commencé sa carrière politique auprès d’Emmanuel Lamy, en tant qu’élue chargée des affaires scolaires et de la petite enfance de la ville des Yvelines. “Ce fut une aventure passionnante, car nous avons dû gérer deux dossiers d’une importance extrême. La mise en place de la réforme des rythmes scolaires, qui s’est bien passée à Saint-Germain-en-Laye”, raconte la femme politique. Et aussi l’installation d’une école de Sciences Po, le 10ème IAE de France, dans notre ville, qui est jusqu’à aujourd’hui une des actions politiques qui me rend la plus fière… “Même s’il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers.” Aujourd’hui, Marta de Cidrac jure que le pire danger pour un élu c’est quand il commence “à se sentir utile”. “Il faut rester modeste et prendre la mesure de l’importance de la contribution de tous les autres agents de la ville, des citoyens, etc.” 

Quand elle est devenue première adjointe, Marta de Cidrac a mis son agence d’architecture en sommeil. Elle continue toutefois d’enseigner la construction au sein de l’université de Cergy-Pontoise. Pour être capable de mener carrière et vie de famille, cette mère de trois enfants recommande “de se faire aider”. Je n’ai jamais joué à la super-woman et quand je suis dépassée, je le dis. Il faut aussi bien se choisir son mari, s’assurer qu’il sera un vrai soutien. Le mien fait bien son job ! Je suis aussi persuadée que plus on fait de choses, plus on parvient à être efficace, c’est un cercle vertueux. J’ai confié mes enfants à leurs grands-parents, à des amis, à des nounous et ils ne sont pas devenus psychopathes… Du moins pas encore”, s’amuse Marta de Cidrac. “Je me suis toujours considérée comme féministe”, explique-t-elle. “Ca a commencé quand j’étais très jeune, car mon frère avait plus le droit de sortir que moi, et ça ne me plaisait pas du tout”, sourit Marta de Cidrac. Sa mère venait d’un milieu où les femmes ne travaillaient pas, et toute son enfance durant, Marta de Cidrac entend qu’il faudra, qu’elle, soit indépendante. “C’est elle qui m’a transmis le goût d’oser car elle avait une totale confiance en moi.” Marta de Cidrac assure que c’est en découvrant le monde politique qu’elle en a réalisé l’ampleur du sexisme. “Jusqu’alors, je crois que j’avais été protégée. Mais depuis, je l’ai expérimenté, à travers une multitude de petites choses. Quand plusieurs fois on vous préfère un homme pour gérer un dossier, au début vous vous dites que c’est parce que vous débutez… Et au bout d’un moment vous comprenez.” 

Lors des prochaines élections municipales, Marta de Cidrac ne serait pas contre se présenter mais cette fois en haut de l’affiche, en tant que maire de ville. “Je ne dois pas être la seule à en rêver”, concède-t-elle. Mais je trouve que c’est un rôle politique passionnant, au plus proche des administrés. On le voit d’ailleurs dans les enquêtes, le maire est l’élu dans lequel les Français ont le plus confiance.” Avec en tête une motivation secrète : ses deux filles, qui face au sexisme de la société, insistent auprès de sa mère pour qu’elle “ne lâche rien”. Message reçu.