Du haut de ses 25 ans, la skippeuse nantaise Marie Gendron comprend à son actif un palmarès déjà prolifique. Nous l’avons rencontrée dans le cadre de la réunion de notre…
Du haut de ses 25 ans, la skippeuse nantaise Marie Gendron comprend à son actif un palmarès déjà prolifique. Nous l’avons rencontrée dans le cadre de la réunion de notre club Mixité & Territoires à Nantes. Un projet de construction d’un bateau qui a germé le temps de ses études avec en tête la célèbre Transatlantique en 2019. Son parcours ne nous a pas échappé, ses combats non plus ; focus sur une femme de la nouvelle vague …
Le parcours rocambolesque
Dès le début de nos échanges, nous avons compris que le monde nautique a toujours été pour elle une passion dévorante, qui ne l’a jamais lâchée. A l’âge de 6 ans, la navigation l’inspire déjà et la fait rêver. Le mouvement s’accélère autour des premières années d’enseignement supérieur d’IUT de Nantes. C’est à cette époque que lui vient le projet ambitieux de construction d’un bateau. C’est surtout lors de sa deuxième année que cela prend forme. Au vu de l’ampleur de la tâche, la jeune étudiante va mobiliser 18 de ses camarades afin de réaliser les premiers travaux. Elle va d’ailleurs se voir attribuer la responsabilité de gérer l’avancement de la construction, les plannings et toute la communication. Parallèlement, elle continue de participer à des compétitions, d’ailleurs non sans succès : Marie termine 6ème mondiale du Championnat de J80 sous les couleurs de Dunkerque. Cependant, le projet prend du retard, et Marie commence à douter…
“En un an, j’ai grandi de 3 ans !”
Continuant ses études à Lorient puis à Bordeaux, elle va avoir une visibilité réduite sur son projet mais ne désespère pas et continue d’avancer. Vient la période postuniversitaire où la jeune skippeuse continue de se créer un réseau et fait appel à des financements participatifs. Prospection et gestion du projet deviennent son quotidien. L’élément accélérateur est provoqué par une rencontre incongrue alors qu’elle effectue un covoiturage à destination de Dunkerque pour une compétition. Son conducteur deviendra un an plus tard un de ses principaux sponsors. Quand elle nous évoque cette rencontre étonnante, Marie Gendron semble ne pas l’expliquer par le jeu du hasard mais par simplement un travail mené de front qui provoque des opportunités. « Le facteur chance n’existe pas, il se provoque et je me suis créée des opportunités. Il faut oser ! »
Si ce parcours de vie peut sembler loin des problématiques des femmes élues, il est pourtant envisageable d’en tirer quelques enseignements…
Un appel à l’opportunisme féminin
Quand on lui demande si le fait d’être une femme et de surcroit jeune peut poser problème, elle nous répond que c’est en sa faveur mais aussi en sa défaveur. Au début, ça me décrédibilisait (…) et la réussite venant, c’est l’inverse qui s’est produit ».
Quel que soit le milieu dans lequel on évolue, il n’y a pas de limite lorsque, selon notre jeune navigatrice, on « apprend à oser » et à déconstruire les enracinements idéologiques et les logiques préétablies.
« Au début le fait d’être une femme m’a porté préjudice et décrédibilisée. Comme je me suis accrochée, c’est devenu un atout »
La femme moderne, délivrée du carcan structurel traditionnel doit faire face aussi à des inégalités de fait et apprendre à faire malheureusement des efforts inconsidérés pour être intégrée à ce monde encore quelque peu phallocratique. Comme le note d’ailleurs Nathalie Loiseau (actuellement ministre chargée des affaires européennes) le rapport à l’argent et aux diverses gestions financières est souvent associé à une fonction masculine, il faudrait donc toujours selon elle « apprendre à parler d’argent ». Autre notion importante : l’échec, souvent l’apparat des premières tentatives et des premières actions menées par l’élu.e, ne semble pas être déterminant pour la suite du parcours, et peut même être vu comme structurant et stabilisant.
« Après un échec on développe de plus en plus d’énergie et on se concentre sur l’essentiel. »
Enfin, la figure du mentor : Marie Gendron est soutenue dans son projet par la célèbre navigatrice Catherine Chabaud, actuellement Déléguée à la Mer et au Littoral. Ce soutien est pour elle un sérieux atout et lui apporte motivation et volonté d’avancer.
« Une personne suffit pour ouvrir de nouvelles portes »
Encourager les projets innovants, les politiques locales à l’ère des nouvelles technologies
Au-delà de son initiative personnelle de réaliser sa première Transatlantique en 2019 et toute la préparation physique et psychologique que cela entraîne, Marie Gendron a mis l’économie circulaire au cœur de ce projet de vie. Certaines pièces de son voilier ont en effet été fabriquées en fibres de carbone recyclées, une première dans l’industrie de la construction nautique. C’est d’ailleurs avec l’esprit tourné vers les nouvelles technologies que Marie a rejoint la société Airbus où elle focalise son activité sur l’utilisation des composites dans l’industrie aéronautique . Nous saluons aujourd’hui ce bel engagement de trouver de nouvelles solutions plus respectueuses de l’environnement, sa détermination et sa force de conviction !