Optimisme, détermination et franc-parler. Rencontre avec une femme élue, Sophie Piot, conseillère municipale aux droits des femmes de sa ville.
Optimisme, détermination et franc-parler. Rencontre (rafraîchissante) avec une femme élue, Sophie Piot, la conseillère municipale aux droits des femmes à la mairie de Pontault-Combault (77) et notre ambassadrice du réseau de Seine-et-Marne.
Naturel et honnêteté
Sophie Piot vient de recevoir les insignes de Chevalier d’Ordre national du mérite de la part de la secrétaire d’Etat chargée des Collectivités territoriales. Mais ce n’est pas ce qui va lui ôter son naturel et son franc-parler. “On ne peut pas dire chevalière ?”, s’amuse-t-elle.
Sophie Piot est chargée du droit des femmes depuis 2015 et la réélection de Monique Delessard (PS) à la mairie de Pontault-Combault (77). C’est la première fois qu’une telle délégation existe dans la ville, et en quelques années, Sophie Piot n’a pas chômé.
Elle y a impulsé l’organisation de marches exploratoires dans les quartiers populaires, la création de la course La Pontelloise, l’organisation de soirées débat sur les violences faites aux femmes, la mise en place de séance de théâtre pour apprendre le respect aux collégiens et de formations anti-sexiste pour le personnel de la mairie… Et la liste est encore longue ! “Ce n’est pas facile, il faut se battre pour tout, admet Sophie Piot. Surtout quand vous êtes en charge d’une délégation transversale comme la mienne. Au début on me disait de me reposer sur les chefs de services des autres délégations, mais personne n’avait de temps pour moi ! Je me suis donc battue pour avoir ma propre chef de service, et je l’ai obtenue. De toute façon en politique, il ne faut jamais rien lâcher”, glisse-t-elle en un sourire.
S’accrocher pour avancer
Une détermination qui s’enracine dans la profondeur de ses convictions féministes. “J’ai grandi dans une famille de femmes, où les hommes faisaient les courses et le ménage ! Ma mère nous a élevé presque toute seule, je n’ai donc jamais douté de la possibilité pour une femme d’être forte et indépendante”, raconte Sophie Piot. C’est aussi sa mère qui lui transmet le goût de la politique, car cette dernière était aussi… conseillère municipale à Pontault-Combault. “Elle m’a montré que c’était possible de s’engager ”. Enfance, adolescence et âge adulte, Sophie Piot a habité toute sa vie à Pontault-Combault. La quadragénaire “adore” sa ville, à une vingtaine de kilomètres de Paris et accolée à la vaste forêt de Notre-Dame
Avant de s’engager en politique et de devenir une femme élue, c’est dans les épreuves de la vie que la conseillère municipale puise sa force de caractère. En 2007, après une dizaine d’années passée à la mairie de Torcy en tant qu’adjoint administratif, Sophie Piot décide de s’arrêter pour s’occuper de ses 3 enfants et aider son mari dans son travail, alors kinésithérapeute. “Grossière erreur ! Trois ans plus tard, nous divorçons, et je me retrouve toute seule. Avec un trou dans mon CV et mes trois enfants à la maison. J’étais pieds et poings liés à lui. Je vous assure que quand on est une femme seule avec 3 enfants, personne n’a envie de vous embaucher, personne.” Mais la mère de famille parvient à sortir de la galère, en décrochant d’abord un CDD à temps partiel en temps qu’assistante de direction à La-Varenne-Saint-Hilaire, sans en avoir les diplômes. “Le soir et sur mes congés j’étudiais pour décrocher le bac pro et faire valider mes expériences professionnelles. Quand je l’obtiens en 2010, je reprends confiance en moi. Deux ans plus tard, je me re-marie, bref, le soleil revient sur ma vie”, se réjouit l’élue.
C’est là qu’elle est approchée par l’équipe de Monique Delessard pour figurer sur les listes municipales. “J’avais 39 ans et tout le monde me disait que j’étais une petite jeune, ça me faisait rire”, se souvient Sophie Piot. Elle a d’abord été adjointe au maire en charge de la jeunesse. “Ma première année a été très difficile, reconnaît-elle. Je ne savais pas quoi faire, je suis restée abstraite, je n’ai pas fait aussi bien que ce que j’aurais pu, je le sais. Quand on débute en tant qu’élu, on est très seule.” Mais Sophie Piot a fait ce qu’elle sait si bien faire : elle s’est accrochée.
Continuer tant que le rêve existe
Aujourd’hui elle jongle entre obligations professionnelles (elle continue à travailler comme assistante de direction dans une entreprise de la région), portefeuille de femme élue et vie de famille. “J’adore tout ce que je fais, alors je le vis bien”, poursuit-elle. “Je me fixe des limites : pas plus de trois réunions le soir par semaine, par exemple. Mes enfants sont grands, certes, mais ils ont encore besoin de moi. Je repasse tous les soirs à la maison pour vérifier les devoirs. Même si c’est souvent la course et que je fais réciter l’espagnol en faisant cuir les pâtes !” Tous les mercredi matin, c’est réveil à 5H30 pour un jogging avec son compagnon. Et ballade avec le chien le soir, parfois au retour d’une réunion, vers 23 heures. Vous avez dit infatigable ? Elle entend continuer la politique tant qu’elle “ne se fane pas”. “Moi je suis utopiste, j’ai besoin de rêver à une France unie et une société soudée. Quand j’arrête de rêver, j’arrête la politique.” On espère qu’elle continuera longtemps de rêver !