Rencontre avec la maire de Saint Pierre Quiberon qui refuse que sa ville s’endorme quand les touristes sont partis.

Rencontre avec la maire de Saint Pierre Quiberon qui refuse que sa ville s’endorme quand les touristes sont partis.

Sa ville et les falaises de son littoral sont connues de toute la France, grâce au tube de Laurent Voulzy. Saint-Pierre Quiberon, dernier port avant Belle-Ile. Le chanteur a d’ailleurs donné un concert gratuit en août 2015 dans une des églises de la ville. “Une de mes plus grandes fiertés ! Une célébrité chez nous !”, sourit Laurence Le Duhevat. Elue maire de cette commune de 2.000 habitants en 2014, Laurence Le Duhevat s’est en effet fixée comme objectif de redonner vie à sa ville, qui ne doit plus être une belle endormie.”
Animée en été avec une population qui double de volume, les hivers peuvent sembler longs à Saint-Pierre Quiberon, regrette cette amoureuse de sa ville.

Le port d’orange à Saint-Pierre Quiberon est plus animé en période estivale

C’est aussi la musique qui a donné envie à Laurence Le Duhevat de s’engager en politique. Ou plutôt son absence. Durant l’été 2012, elle essaie avec des amis et son mari, alors conseiller municipal d’opposition, d’organiser un petit festival à Saint-Pierre. “Nous voulions organiser une soirée, avec de la musique, une guinguette, rien d’extravagant ! Juste s’amuser un peu, prendre du bon temps entre nous. On nous a dit non tout de suite pour pouvoir utiliser le terrain de football pour l’événement. C’était impossible de prendre une initiative avec l’ancienne municipalité. Je me suis dit qu’il fallait que les choses bougent, et avec mes amis, au petit bonheur la chance, j’ai constitué une liste électorale”, raconte celle qui a été élue avec 57% des voix.

 

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“Je n’avais pas peur, j’ai grandi dans une famille où on nous a toujours dit qu’on pouvait inventer et réinventer sa vie”, confie la quinquagénaire. La femme politique a grandi à Morlaix, avec une mère institutrice et un père commerçant. “Tous les deux étaient extrêmement ouverts d’esprit”, se souvient-elle. Sa famille est socialiste : “Fallait voir la fête le soir de l’élection de Mitterrand en 81 !”. Mais l’élue est aujourd’hui étiquetée “divers droites” et “votera Macron.” “La préfecture nous a catalogué divers droites parce qu’il fallait bien écrire quelque chose, mais moi je cherche vraiment à rester hors des clivages sectaires”, précise-t-elle.

Avant la politique, Laurence le Duhevat a consacré sa vie à la médecine. Elle a été médecin généraliste pendant plus de 18 ans à Pluneret, commune voisine, et a continué ces dernières années à exercer à temps partiel au sein de l’hôpital de Belle-Île. “Etre médecin m’aide considérablement dans mon exercice de maire. Trancher sur un dossier c’est comme poser un diagnostic sur une maladie. On doit prendre le temps d’étudier tous les éléments et prendre la mesure de l’importance de sa décision, de sa responsabilité.”

Mais être médecin ne l’a pas préparé au sexisme de la vie politique. “C’est incroyable. Je me suis toujours définie comme féministe sans trop y penser, pour moi c’était évident. Et j’ai découvert, à 50 ans, lors d’une des premières réunions d’intercommunalité ce qu’est le sexisme : on me coupe la parole, on rit quand je m’exprime. Pourtant j’ai été interne toute jeune dans les hôpitaux avec les vieux médecins soi-disant machos, mais je n’avais jamais vécu ça.” L’élue ne s’est pas laissée faire a remis à sa place les élus concernés “publiquement.” Depuis, ils filent droit.

“De toute façon, ce sont mes actions qui parlent pour moi”, poursuit-elle. Depuis son accession à la mairie, l’élue se félicite d’avoir permis la construction de 24 logements sociaux avec accession à la propriété pour “faire venir les jeunes !”. “Nous devons être davantage attractifs pour dynamiser la ville. Nos écoles doivent l’être aussi, c’est pour cela que nous avons enfin autorisé les camps en extérieur et la mise en place de l’aide aux devoirs.” Ainsi que l’organisation d’un vaste festival en été… de musique classique.