Céline nous raconte son expérience d’élue et nous parle de sa nouvelle habitude pour se déplacer en ville : prendre le vélo !

Bonjour à toutes – et à tous – c’est Céline, membre d’EluesLocales. Je n’ai pas bien l’habitude de parler de mon expérience en tant qu’élue et pourtant, comme la très grande majorité d’entre vous, mon quotidien s’articule avec ce mandat. Depuis quelques matins, j’ai une nouvelle habitude : me déplacer à vélo sur mon lieu de travail. 11 km et 3 communes plus tard, j’en ai tiré de précieux enseignements.

Changer de façon de se déplacer pour redécouvrir sa commune

Je fais du vélo depuis bien longtemps, mais j’ai toujours associé cette pratique à un déplacement dans ma ville de travail – intra-muros – ou pour un loisir. Mardi matin, je me lance et j’enfourche mon bolide pour aller à Bordeaux, c’est parti pour 11 km !

Premier enseignement, traverser un quartier à vélo et à voiture, cela n’a rien à voir. Passer de l’espace fermé et confiné de la voiture à un déplacement ouvert sur la commune change le lien à la vie locale. On observe tout différemment : du trottoir bancal à la place réservée aux voitures et la cohabitation entre les véhicules motorisés et les doux. J’ai repensé mon propre environnement avec un regard neuf… et pourtant cette route, je la connais comme si je l’avais faite ! Cette manière d’aborder les voies de circulation me permet de penser à notre plan de déplacement, à la politique urbanistique proposée et aux aménagements locaux… Mais pourquoi n’y a-t-il donc aucun garage à vélo alors que nous soutenons un déplacement doux ?!

Je me rends également compte des différentes phases de l’activité locale : le matin, je croise les commerçants, les visiteurs impromptus, les étudiants qui partent sur le campus, etc. Partir en vélo, c’est partir plus tôt : alors qu’avant je croisais des devantures déjà préparées, j’observe maintenant la vie de la ville matinale. Les bouchons, la mise en place commerciale, les livraisons, tant de choses que je connais mais que je ne pratiquais pas jusque-là. J’observe ces différentes façons de faire et découvre aussi ce qui cloche dans ma commune : le camion de livraison qui ne peut plus se mettre sur le trottoir car le poteau dégondable ne peut plus se désolidariser du sol – et provoque donc des ralentissements importants, les commerçants qui m’alertent sur le panneau lumineux qui ne fonctionne qu’à partir d’une certaine heure, le président de leur association qui fait le tour de la rue pour saluer tous les acteurs locaux pour faire du lien, beaucoup de signaux qui attestent d’une vie locale présente – et me rassurent.

Rencontrer les citoyens cachés au détour des rues

Le matin est propice à la rencontre de ceux que j’appelle les citoyens cachés. Ce papy avec une casquette sur le côté ou celui qui met un masque de plongée – j’aurais certainement dû faire comme lui, parce que pour éviter ce moucheron, ça m’aurait été utile. La dame d’un certain âge qui marche pour garder la forme et parce qu’il fait encore un peu frais ou ces travailleurs aux côtés desquels je pédale, tant de personnes qu’il ne me semble avoir jamais vus, et pourtant que je croise ce matin. En tant qu’élu.e nous le savons, mais rencontrer ces citoyens inconnus provoque toujours plein de questions : où sont-ils ? Que font-ils ? Quelles sont leurs activités ?

Pédaler me fait réfléchir à ces constats. Que ce soit dans le bourg ou dans les quartiers annexes, en croisant des voitures ou en étant dans des lieux plus reculés, les citoyens sont tous là et nous ne les touchons pas, pourtant, ils auraient des choses à nous dire. Car le masque de plongée du monsieur sur son vélo est peut-être le signe que notre politique d’arrêt de fauchage est positive, que la faune est en plein essor, ou au contraire, qu’il y a un dépôt d’ordure caché proche de nous, mais que nous ne l’avons pas encore identifié. J’essaie alors d’identifier leur façon de s’habiller, de se comporter, de regarder les maisons ouvertes, fermées, les quartiers où il y a de l’activité, le matin quand je pars ou le soir quand je rentre – et ce ne sont pas les mêmes ! J’observe, j’essaie d’analyser et d’en tirer des enseignements.

Et tout ça en pédalant !

Réfléchir à son mandat et se poser avant de commencer sa journée

Dernier constat que j’ai pu faire : qu’est ce que ça fait du bien de venir travailler à vélo ! J’ai une demi-heure pour réfléchir à mes volontés politiques pour Latresne, à nos mises en place, à la gestion de nos projets, à notre image, bref, pour moi c’est si rare de prendre le temps de réfléchir que cet instant est bénéfique. Entre le travail, le mandat, la salle de sport, les événements mairie le week-end et les débriefs de journée avec ma colocataire, faire le point avec moi-même, devient assez rare.

Oui, en voiture je parle à haute voix pour faire mes constats et réfléchir à la suite, mais “le feu vient de passer au rouge !” “et le clignotant !” coupent mes réflexions. Sur la piste, en ligne droite jusqu’au bureau d’Elueslocales, j’ai, non seulement, moins de monde sur la route à qui faire attention, mais en plus, un rythme moins agressif qui me fait avoir, moi aussi, un comportement plus doux.

Une notion qui me permet aussi d’être de meilleure humeur – et mes collègues m’en remercient – d’être plus posée voire même de prendre du recul parce que je me suis dépensée dès le matin et donc reste plus canalisée pendant le reste de la journée.

Mais plus important que mon propre challenge – qui égaye mes matinée – de pédaler, ma nouvelle forme de déplacement m’a permis une chose : me reconnecter avec ma propre commune et la redécouvrir. A tou.te.s les élu.e.s : si vous en avez l’occasion, lancez-vous ! A cheval, à vélo, en roller ou à trottinette, changez de point de vue pour redécouvrir ce qui paraissait pourtant évident 🙂