En Autriche, une partie du réseau ferroviaire est désormais alimentée grâce à l’énergie solaire. Une prouesse technologique qui relance le débat sur les trains à énergie solaire, même si la…
En Autriche, une partie du réseau ferroviaire est désormais alimentée grâce à l’énergie solaire. Une prouesse technologique qui relance le débat sur les trains à énergie solaire, même si la France semble accuser un retard sur la question.
Un réseau alimenté par une énergie solaire
En Autriche, dans la ville de Wilfleinsdorf, à proximité de la frontière slovaque, se trouve désormais la première centrale photovoltaïque au monde, entièrement dédiée au réseau ferroviaire. C’est une véritable ferme solaire composée de pas moins de 7.000 m³ de panneaux solaires qui peuvent fournir en électricité les trains qui longent l’Ostbahn, la partie est du réseau autrichien.
Gérée par l’ÖBB, la SNCF autrichienne, la centrale produit 1.100 Mégawatt-heures, ce qui permettra d’alimenter chaque année 200 trajets entre Vienne et Salzbourg, soit près de 60.000 kilomètres de réseaux ferroviaires. Les bénéfices écologiques sont considérables : les émissions de CO2 vont ainsi être réduites de 400 tonnes par an.
Une prouesse technologique qui devrait changer la donne
Si un tel projet a pu voir le jour, c’est grâce aux avancées technologiques. Premièrement avec l’invention d’un nouveau type d’onduleur qui rend possible l’alimentation des trains électriques en l’envoyant directement dans les caténaires, évitant ainsi les pertes de conduction. Ceci est renforcé par le fait que le parc solaire se situe immédiatement le long de la ligne ferroviaire.
En outre, des capteurs vont pouvoir indiquer en temps réel les données concernant la production électrique du dispositif. L’objectif est de mesurer et de connaître les besoins du réseau mais ces capteurs vont aussi servir à démontrer que l’énergie solaire est fiable et qu’elle est plus rentable que le système classique. Les résultats seront collectés, analysés et utilisés pour la conception de nouvelles installations solaires. L’Autriche en prévoirait actuellement 20.
Les initiatives se multiplient dans le monde
Si l’ÖBB se déclare être le premier à mettre en place un tel dispositif, d’autres pays ont déjà expérimenté l’énergie solaire pour alimenter leurs réseaux ferroviaires, mais dans des conditions différentes. En 2011, la Belgique a inauguré le « tunnel du soleil » : un tunnel de 3,5 kms sur lequel ont été installés 16.000 panneaux photovoltaïques, permettant de produire 3.300 Mégawatt-heures par an. Mais, défaut non négligeable, son efficacité dépend fortement de l’ensoleillement. Le tunnel fournit le TGV partant d’Anvers pour rejoindre Amsterdam et aura coûté plus de 15 millions d’euros.
Plus récemment, en Australie, c’est directement sur un train réhabilité que des panneaux photovoltaïques ont été fixés. Inauguré le 16 décembre 2017, il est devenu le premier train électrique au monde fonctionnant entièrement à l’énergie solaire. Enfin, en Inde, l’idée d’installer des panneaux solaires est actuellement étudié par le gouvernement. L’objectif est double : limiter la dépendance énergétique du pays et réduire sa forte pollution. Deux problèmes qui concernent directement les trains puisqu’ils circulent au diesel. Mais il s’agit seulement d’une transition, car contrairement au train australien, ils ne seront pas entièrement à l’énergie solaire.
La France en retard ?
En France, les initiatives pour alimenter le réseau ferroviaire avec l’énergie solaire se font bien plus rares. Il y a quelques années, en 2010, la région Poitou-Charente avait investi avec la SNCF, 250.000 euros pour équiper un TER en panneaux photovoltaïques. Il n’était alors pas question de l’alimenter en énergie solaire pour le faire circuler mais simplement d’alimenter son éclairage et sa climatisation. A l’époque, l’idée qu’un train puisse circuler à l’énergie solaire semblait tout simplement impossible. Et ce n’est pas un hasard si le projet du train australien a commencé la même année, en 2010, mais ne s’est concrétisé que fin 2017 ; les progrès technologiques l’ont rendu possible, à l’instar de la centrale photovoltaïque autrichienne. Le train alimenté à l’énergie solaire n’en est qu’à ses balbutiements mais les progrès sont réels et encourageants pour l’avenir.
C’est une évolution qui semble se jouer loin de la France. Nous l’avons vu, l’énergie solaire, si elle est bénéfique d’un point de vue écologique, représente un investissement conséquent, difficile à concevoir aujourd’hui en France, alors que la SNCF est en déficit et tente de réduire drastiquement ses coûts. Sans oublier que le retard pris sur le solaire dans notre pays est général ; nous restons encore attachés au modèle nucléaire.