Le sujet de la maîtrise des déchets gagne en importance au fur et à mesure que le climat se réchauffe, que la biodiversité s’érode, et que les ressources s’épuisent. Le tri…

Le sujet de la maîtrise des déchets gagne en importance au fur et à mesure que le climat se réchauffe, que la biodiversité s’érode, et que les ressources s’épuisent. Le tri des déchets, en faisant des produits recyclés des véritables matières premières, est intéressant en ce qu’il permet de réduire l’utilisation de ressources naturelles – en développant les bio-déchets comme ressources primaires -, et d’éviter une partie des émissions de polluants et de gaz à effet de serre liées à l’enfouissement ou à l’incinération.

Certains territoires ont compris qu’il faut faire prendre conscience aux habitant.e.s que tout comment par l’école. Pour les responsables de la restauration collective à Élancourt, la sensibilisation des plus jeunes représente un levier important, dans la mesure où les enfants sont les consommateurs de demain, et peuvent avoir une influence, indirecte mais non négligeable, sur les pratiques de leurs parents.

L’enfant au cœur de la sensibilisation

À Élancourt, les 12 cantines de la commune sont équipées depuis janvier de poubelles de tri, et les enfants pèsent leurs déchets alimentaires avant de les jeter. “Quand on a renouvelé notre marché, on a eu la possibilité avec un prestataire d’obtenir des tables de tri” explique Claire Meisels, responsable de la restauration collective. “Avec une poubelle pour les ‘restes’, et une poubelle pour les emballages, le but est de sensibiliser les enfants au tri sélectif”.

Une façon aussi de rendre compte du gaspillage alimentaire. “Sur les tables de tri, il y a une balance qui pèse la poubelle”, indique Claire Meisels. “À la fin du service, les enfants voient combien de kilos ont été jetés ce jour-là.” À terme, l’objectif est évidemment de réduire la quantité de nourriture gaspillée.

Un concours entre écoles pourrait même être organisé dans un futur proche, pour faire monter en puissance le dispositif. “En proposant quelque chose de ludique comme ce concours, les enfants pourront se rendre compte qu’on peut toujours faire mieux”, explique Claire Meisels.

Au-delà de la sensibilisation directe, la mesure précise de la nourriture jetée est aussi un moyen pour les restaurateurs de connaître et d’adapter les repas qui n’ont pas de succès, et ainsi de réduire les risques de gaspillage : “grâce à cette mesure, on peut améliorer ce qu’on propose aux enfants en fonction de leurs goûts”.

L’attention portée au tri et au gaspillage fait par ailleurs partie intégrante de l’enseignement dans certaines écoles de la commune, avec des moments dédiés à la compréhension des enjeux environnementaux liés aux déchets. Et quelques écoles vont plus loin encore : “Des responsables des temps périscolaires ont travaillé en commun avec les enseignantes pour mettre en place des lieux de compost, avec l’idée d’installer, à terme, des potagers pour utiliser ce compost sur place”.

Le tri sélectif : une solution qui ne résout pas tout

Une étude de l’ADEME et de FEDEREC (2017) a estimé qu’en France, durant l’année 2014, les filières de recyclage auraient permis d’éviter environ 22,5 millions de tonnes de CO2, soit 4,9% des émissions totales du territoire français, et 123 500 GWh d’énergie primaire, soit 10,3% de la consommation totale d’énergie primaire pour la production d’électricité en
France.

Néanmoins, le recyclage des déchets doit s’accompagner d’une réflexion plus large, en amont, sur la production. L’incinération et l’enfouissement des déchets ont des effets délétères sur l’environnement et la santé des habitant.e.s via l’émission de gaz à effets de serre, la pollution de l’air, de l’eau et des sols, et aujourd’hui, plus de la moitié des déchets produits sont encore enfouis, ou incinérés sans production d’énergie. Pour accélérer la réduction de l’impact environnemental des déchets, la promotion du recyclage doit donc nécessairement s’accompagner d’une réduction drastique de la production de déchets.

Les responsables de la restauration collective peuvent s’emparer du sujet. À Élancourt, “toutes les cuisines centrales ont dans l’idée de réduire leurs déchets plastiques et de trouver des alternatives”, avance Claire Meisels, “et un jour ou l’autre, ça pourra éventuellement faire l’objet d’une clause dans la commande publique”.

Dans ce maillage complexe de responsabilités, la transition nécessite une sensibilisation à toutes les échelles. On le voit ici, le tri sélectif à la cantine, en mettant le sujet sur la table, incarne une porte d’entrée intéressante.