Afin de lutter contre l’absentéisme, la Mairie de Romans instaure une prime d’intéressement en fonction de l’assiduité des agents
Afin de lutter contre l’absentéisme des agents municipaux, la Mairie de Romans-sur-Isère instaure, pour l’année 2018, une prime d’intéressement qui sera répartie entre le personnel selon leur assiduité. Une mesure jusqu’alors inédite.
L’absentéisme, un problème de plus en plus important
Depuis 10 ans, l’absentéisme dans la fonction publique territoriale ne cesse de progresser ; en tout, elle a augmenté de 28%. Cela s’explique par les accidents de travail qui sont en hausse de 53% mais aussi par les arrêts pour des maladies ordinaires qui ont augmenté de 44% (15% pour les maladies longues), ce qui cache en réalité un mal plus profond car la situation sanitaire du pays ne s’est pas dégradée sur la dernière décennie. L’absentéisme est donc un véritable problème de société qui incite les collectivités à trouver des solutions pour y remédier.
Pour Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans-sur-Isère, il faut penser au delà du simple schéma récompense/sanction : « Si vous allez lutter contre l’absentéisme, ça ne marchera pas. Si vous pensez lancer la politique du bâton, ça ne marchera pas. La politique de la carotte non plus. » C’est surtout cette dernière solution que privilégient les communes, ce qui n’est pas au goût de Marie-Hélène Thoraval : « Il y avait déjà des collectivités qui avaient mis en place une prime pour présentéisme. Je trouve ça inacceptable ! Comment peut-on considérer qu’on va donner une prime pour que les gens soient là ?”
La maire estime que le coût de l’absentéisme pour la commune de Romans-sur-Isère représenterait 1,6 million d’euros chaque année. Pour trouver une solution qui soit véritablement adaptée, et sans avoir recours à des méthodes qui pourraient choquer l’opinion, Marie-Hélène Thoraval a décidé de s’inspirer du secteur privé, dont elle est originaire. C’est donc par la mise en place d’une prime d’intéressement que la commune compte réduire l’absentéisme, à tout le moins par sa répartition entre le personnel selon leur assiduité. Une mesure différente des autres collectivités ; l’Association des Maires de France reconnaît son aspect inédit en France.
Une prime d’intéressement pour lutter contre l’absentéisme
Si l’idée vient du privé, Marie-Hélène Thoraval adapte son principe au service public : « En tant que collectivité, je produis du service public […] Quel est mon objectif ? De produire de la satisfaction aux usagers donc, à partir du moment où j’en produis, je mets une prime d’intéressement pour que les fruits de cette avancée soit partagée entre tous. » Cette prime représente une enveloppe de 130.000 euros que les 570 agents municipaux doivent se partager à la fin de l’année, si l’objectif fixé est atteint. L’objectif, c’est la satisfaction des habitants par rapport à leur service public. Marie-Hélène Thoaraval explique la méthodologie pour établir ce critère : « Il y a un sondage qui est fait par un cabinet indépendant sur un questionnaire qui va réunir des grands thèmes comme le cadre de vie, la sécurité, la relation à l’usager et ça va être notre mesure de référence. Pour la fin de l’année, nous allons fixer un objectif. ». C’est donc en fonction de cette enquête de satisfaction auprès de 800 habitants que la commune déterminera si l’objectif est atteint. Si c’est le cas, l’enveloppe sera intégralement distribuée. Sinon, ce sera au prorata du pourcentage de l’objectif fixé atteint. En dessous de 50%, elle ne sera pas distribuée.
C’est par sa méthode de répartition que la commune compte diminuer l’absentéisme. En effet, l’enveloppe ne sera pas distribuée équitablement entre les personnels municipaux. Un agent, sans ou avec une absence, touchera 100% de la prime. En cas de deux absences, celle-ci tombe à 70% puis à 30% en cas de trois absences et jusqu’à 10% pour quatre. A partir de cinq absences, la prime n’est pas versée. Mais l’ensemble de l’enveloppe reste fixée à 130.000 euros dans tous les cas de figure. Cette répartition est justifiée par les efforts supplémentaires réalisés par les fonctionnaires présents qui doivent compenser l’absence de leurs collègues.
Une mesure pour améliorer l’image du service public
La mesure, ainsi pensée, a été approuvée par les personnels municipaux de la commune de Romans-sur-Isère, comme le confirme Marie-Hélène Thoraval : « Ils l’ont plutôt accueillie favorablement. Il faut dire que ce sont ceux qui sont, et c’est une majorité, impliqués dans la mission qui est la leur, qui se trouvent, bien souvent, contrariés par des gens qui n’auraient pas la même motivation. Cet engagement à satisfaire l’usager, je pense que ça fait partie de leur culture. On est arrivé à un accord dans des bonnes conditions avec un protocole qui a été signé à l’unanimité par l’ensemble des partenaires syndicaux ». Cette prime d’intéressement est encore nouvelle. L’année 2018 doit être la première année de sa mise en application.
Pour Marie-Hélène Thoraval, l’objectif était aussi d’améliorer l’image de la fonction publique auprès des citoyens. Pour l’instant, la mesure est plutôt bien reçue par la population si bien que la maire de Romans-sur-Isère ne doute pas un instant que l’objectif de satisfaction sera atteint : « Certains ont des visions caricaturales sur ce qu’est la fonction publique ou la fonction territoriale mais de manière générale, et je pense que c’est ce qui va ressortir des résultats de cette enquête, les gens sont attachés à leur service public parce que c’est un service de proximité. » Auparavant, certaines initiatives allaient déjà dans ce sens : « Je dois dire que le service « Allô Madame le Maire » [un service de proximité qui permet aux administrés de signaler tout problème, NDLR] leur a fait prendre conscience de ce qu’étaient les missions, mais aussi de la réactivité des agents de la collectivité sur le terrain. Ce sont des gens de terrain et on en a besoin ».