Témoignage de Annie Debray-Gyrard, Adjointe à Achères qui a mis en place, depuis plusieurs années les “semaines conjugales” qui organisent sa vie.

Une des grandes problématiques des élus tient dans l’organisation de son temps personnel. Pour certaines plus que pour certains – une grande majorité des femmes politiques – de nombreuses tâches quotidiennes viennent s’ajouter à leur mandat. Annie Debray-Gyrard, Adjointe à Achères a mis en place, depuis plusieurs années les “semaines conjugales” qui organisent sa vie.

La triple vie des femmes élues

Vous le savez, nous aussi, les femmes en politique ont de lourdes tâches à mener au quotidien. Une représentation constante : dans la rue, au supermarché, chez les commerçants, c’est un fait.

Mais en plus de leur représentation, les activités liées au mandat, à la vie de famille, à la vie professionnelle, aux loisirs, entre autres, sont très prenants. Actuellement, les femmes sont encore, en moyenne, plus nombreuses à travailler – par rapport à leurs homologues masculins – en parallèle de leur mandat mais surtout, ce sont elles qui assument une grande partie des tâches domestiques. La vie d’élue, la vie de “travailleuse” et la vie de famille ne laissent pas beaucoup de temps pour le reste, et pourtant, couper de cette constante effervescence ou du moins scinder relève de la survie.

La semaine conjugale : une organisation qui laisse la place à tous

Annie Debray-Gyrard le sait bien. Adjointe à Achères, elle n’en est pas à son premier mandat ni à sa première mission en tant qu’agent de la fonction publique. D’abord infirmière, son premier métier lui a appris une chose incontournable : “il faut savoir couper, sinon on ne s’arrête jamais”.

Depuis le début de sa carrière, pour se protéger mais aussi préserver son entourage, Annie met à sa disposition des pratiques astucieuses qui pourraient servir à plus d’une élue ! Il y a quelques années, pour passer de sa journée de travail à sa soirée en famille, Annie adopte la technique de la « phase de décompression ». Dans sa voiture, en rentrant à son domicile, un point visuel lui rappelle qu’il est temps de passer à « sa deuxième vie ». Un pont, un arbre, une arche, un repère qui lui fait penser « je ne pense plus au travail, il est temps maintenant pour ma famille et pour moi ».

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Au fil du temps, ses fonctions ont évolué et son organisation aussi. Depuis qu’elle est adjointe et qu’elle a pris sa retraite – bien méritée après 42 ans dans la fonction publique – Annie organise son emploi du temps en y intégrant ce qu’elle appelle « la semaine conjugale ». Une semaine par mois qu’elle consacre entièrement à sa famille et à elle, une condition pour continuer son mandat dans un environnement favorable. Une condition que son Maire a dû accepter. Pendant cette semaine conjugale : l’exercice de son mandat n’intervient pas. Ni réunion, ni commission, ni rencontre ne viennent s’incruster entre Annie et sa famille ou ses loisirs. Elle en témoigne, le sourire dans la voix « j’en profite pour regrouper le coiffeur, l’esthéticienne et le mari dans ma semaine ! ».

A contrario, quand ce n’est pas sa semaine conjugale, Annie l’avoue « il m’arrive d’oublier ma famille quand je suis en mairie. Et là c’est la course, le trop-plein de mon emploi du temps, je jongle entre tout. Mais je garde quand même des soirées pour mon petit-fils, pour mon mari ou pour moi. »

Quand elle est avec ses amis, Annie clive aussi. « Ils me demandent de ne pas parler de la Mairie quand tout le monde est là. Les amis sont tellement importants, ils me font garder la tête sur les épaules. Nous sommes élus, il ne faut pas prendre la grosse tête, et nos amis nous le rappellent à tous les instants. »

Une question d’organisation ou savoir dire non ?

Les deux mon capitaine ! L’un ne va pas sans l’autre selon Annie. « On ne peut dire non que quand on est bien organisé ». Que ce soit dans sa vie d’élue ou sa vie professionnelle, il faut savoir quelles sont les limites des exercices.

Au-delà de la question d’organisation, il faut savoir quelles sont les attributions de chaque aspect de sa vie. « Certains élus confondent être élus et avoir un travail, ce n’est pas un job, il ne faut pas faire du présentiel 8h par jour. Les élus ne sont pas des chefs de service et doivent faire confiance aux fonctionnaires ».

Pour être efficace dans toutes ses vies, et notamment pour la population, Annie ajoute « les élus n’ont pas le droit de se faire happer dans leur mandat. Il faut trouver les siens en dehors des réseaux sociaux et garder des moments pour soi, ce n’est que comme ça que l’on peut avancer. » Nous sommes d’accord avec Annie, un élu trop pressé ou frustré ne servira pas le service public.

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Alors, 3 choses à retenir :

  • Couper. De sa vie professionnelle, de son mandat ou même de sa famille : il faut trouver des moments où être à 100 % pour une de ses vies car tout mener de front entraîne un surmenage
  • Cliver. Ne pas tout mélanger pour être réellement présent dans ce qu’on vit. Les amis, la famille, les collègues, les autres élus ont besoin de quelqu’un qui est réellement présent avec eux.
  • Connaitre. Savoir où est sa place pour ne pas perdre d’énergie en voulant endosser un rôle qui n’est pas le bon.