Voilà plus d’un an que le collège Paul Eluard de Garges-lès-Gonesse a créé un club d’éducation à l’égalité filles-garçons. Une initiative qui semble jusque-là inédite et qui permet d’interroger les…
Voilà plus d’un an que le collège Paul Eluard de Garges-lès-Gonesse a créé un club d’éducation à l’égalité filles-garçons. Une initiative qui semble jusque-là inédite et qui permet d’interroger les collégiens sur cette question cruciale.
Un club en faveur de l’égalité filles-garçons
À Garges-lès-Gonesse, une commune du Val-d’Oise, le collège Paul Eluard organise depuis un an un club d’échanges et de discussions autour de l’égalité entre les sexes. Une initiative qui vient du personnel éducatif, comme l’explique la CPE de ce collège, Goundo Diawara, lors de l’émission C Politique sur le mouvement Me Too : « Notre démarche, en tant qu’enseignants et enseignantes, a été de mettre en place ce club d’éducation à l’égalité filles-garçons parce que dans nos sensibilités personnelles, on trouvait que c’était important. Par ailleurs, au vu de nos observations dans les établissements scolaires, on a vu qu’il y avait une grande banalisation des propos sexistes. Cela existe dans les établissements scolaires, à Garges-Les-Gonesses comme partout ailleurs, on le sait malheureusement. Donc on a créé ce club l’an dernier. »
Baptisé de Simone à Beyoncé, en référence à Simone de Beauvoir et à l’une des chanteuses les plus populaires du moment afin de parler à tous, le club met en place un espace de paroles qui « permettrait aux élèves, filles comme garçons, d’aborder la question de la place des filles et des femmes dans la société et également de déconstruire les stéréotypes de genre. »
Laisser la parole libre
Pour Goundo Diawara, l’objectif n’est pas de faire la leçon aux élèves mais de les faire participer activement lors des séances du club : « On part vraiment des questions des élèves, de leurs réflexions. On les laisse même discuter entre eux, entre elles, sachant que la plupart du temps elles arrivent parfois à déconstruire les choses par elles-mêmes, et nous on intervient toujours en les relançant et en leur reposant des questions. »
Pour que cela fonctionne, la parole doit être libre et sans tabou : « Ce qui est vraiment important dans notre démarche et qui nous tient à cœur – c’est un parti-pris – c’est de comprendre que, bien évidemment il faut un espace de parole comme ça ; parfois on entend des énormités et c’est notre rôle en tant qu’éducateur d’intervenir. On considère surtout que l’école doit être le lieu de l’erreur parce que si les élèves sont suffisamment confiants pour nous dire finalement ces énormités-là, c’est qu’ils nous laissent aussi la possibilité de corriger leur logique de pensée. On préfère que les élèves soient suffisamment confiants pour venir nous voir et nous faire part de tout ce à quoi ils pensent, plutôt qu’ils se construisent des certitudes dans leurs chambres sur Internet. »
Un club ouvert aux garçons
Le club est ouvert à tous les élèves du collège, de la 6e à la 3e. Et bien évidemment, les garçons sont invités à y participer. Si le club a, depuis sa création, attiré logiquement plus de filles, progressivement la tendance pourrait s’inverser, comme l’explique la CPE Goundo Diawara : « Timidement, les garçons viennent. En voyant notre affiche de Simone à Beyoncé, les garçons se sont dits que ce n’était peut-être pas si mal pour eux. Au fur et à mesure de l’année, les garçons ont montré une grande curiosité pour le club et cette année, lorsqu’on a relancé les inscriptions, des garçons se sont inscrits. »
Pour l’équipe enseignante, l’enjeu est surtout pédagogique et il faut donc répondre aux attentes et aux appréhensions de chacun quant à la nature du club : « Ce qui apparaît, c’est déjà de la curiosité : de quoi on parle quand on va dans un club qui s’appelle de Simone à Beyoncé. Donc on leur explique notre démarche. »
Une initiative à généraliser dans tous les collèges
Présente sur le plateau de l’émission, Marlène Schiappa, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a tenu à rendre hommage à cette initiative, qu’elle connaissait déjà, ainsi qu’à toutes les actions en faveur de l’égalité réalisées au sein des établissements scolaires : « Je voudrais saluer l’engagement qui est le sien et puis celui aussi de tous les enseignants, les CPE qui s’engagent partout. On a fait un tour de France de l’Égalité femmes-hommes qui nous a permis, avec notamment le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, de les repérer. »
Selon Marlène Schiappa, le principe de cette initiative se rapproche du dispositif qu’elle a mis en place cette année, toujours en collaboration avec le ministre de l’Éducation nationale : « Nous généralisons, à partir de cette année, les séances dites d’éducation à la vie affective et sexuelle qui correspondent, à peu près, à ce qui vient d’être décrit. C’est à dire qu’on part aussi des questions des élèves et les réponses sont bien sûr fondées sur le bon sens et adaptées à leur âge. Cela permet donc de poser des questions qu’on oserait peut-être pas toujours poser dans le cadre familial ».