Voilà plusieurs années que la charte entreprises-quartiers existe. En permettant la collaboration entre le monde de l’entreprise et les acteurs publics, elle a pour objectif de contribuer à l’essor économique…

Voilà plusieurs années que la charte entreprises-quartiers existe. En permettant la collaboration entre le monde de l’entreprise et les acteurs publics, elle a pour objectif de contribuer à l’essor économique des quartiers dits prioritaires.

Une charte pour valoriser les quartiers difficiles ?

Le projet est né en 2013, afin d’améliorer la vie économique de certains quartiers spécifiques dans les communes françaises. La crise financière ayant aggravé le chômage en France, elle a empiré « la situation déjà très difficile des quartiers prioritaires de la politique de la ville, qui connaissent des écarts importants et persistants par rapport au reste des agglomérations auxquelles ils appartiennent », comme l’indique le document de présentation du ministère de la Ville. En effet, le taux de chômage était de « 23% en 2011 dans les ZUS (zone urbaine sensible, NDLR), 40% pour les jeunes de 15 à 24 ans et un tiers des habitants vivant sous le seuil de pauvreté ». Un plan pour résoudre cette situation s’imposait.

C’est en créant ce partenariat d’envergure, aux dimensions à la fois sociales et économiques, entre le monde de l’entreprise et les acteurs de la politique urbaine, que le ministère de la Ville a voulu résoudre le problème de la pauvreté et du chômage dans les quartiers dits prioritaires. Plus qu’une simple implantation en banlieue des entreprises signataires, cette charte propose leur implication dans la vie économique de ces quartiers, en collaboration avec les pouvoirs publics, sur des missions d’éducation, de formation et d’insertion à l’emploi.

Une charte qui mobilise plusieurs échelles de la politique

C’est au niveau national que le programme a été initié et les premières entreprises ont signé une convention directement avec le ministère de la Ville. Mais par sa dimension à la fois nationale, puisque c’est un plan du gouvernement, et territoriale, puisqu’ils concernent les quartiers prioritaires de certaines collectivités, c’est sur différents échelons que le programme se vit et se décline.

Dans son guide pratique pour la “Déclinaison locale de la Charte Entreprises et quartiers”, le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), en charge du projet, donne quelques conseils sur la procédure à suivre : « Pour être efficace, la démarche de déclinaison locale doit être portée clairement par le préfet ou un membre du corps préfectoral. » Aujourd’hui, les préfets ont initié cette démarche dans plus de quarante départements. Mais si le projet est coordonné par le haut, il faut que différents acteurs s’associent pour le mener à bien. Ainsi, de nombreuses associations, entreprises, élus locaux et services de l’État ont collaboré ensemble, depuis 2013, pour monter de multiples projets.

Si vous souhaitez en savoir plus, quel que soit votre statut, le CGET met à disposition toutes les informations nécessaires ici. On y retrouve les personnes référentes à contacter, la liste des projets par région, les entreprises signataires, etc.

Les entreprises au cœur du projet

En janvier 2017, 65 grandes entreprises étaient signataires de la charte à l’échelon nationale. Mais elles sont plusieurs centaines à l’échelle locale. Et la charte n’est pas l’apanage des grands groupes puisque beaucoup de PME au niveau local se sont engagées. C’est d’ailleurs l’un des enjeux du projet : accompagner et valoriser l’entreprenariat de ces quartiers.

La Charte se veut souple, sans texte législatif ou réglementaire. L’objectif est de promouvoir une dynamique et de soutenir les contributions des entreprises. Celles-ci doivent définir un type d’action à proposer (emplois, stages, coaching, visites d’entreprises, interventions scolaires, etc.) à un public cible (collégiens, lycéens, jeunes en difficulté d’insertion, etc.) sur un territoire défini (Ile-de-France, Gironde, etc.). Les entreprises sont accompagnées dans cette démarche par un comité d’action qui les aide à définir et à remplir un objectif.

La mobilisation autour de la charte ne se limite donc pas aux entreprises mais doit concerner l’ensemble de la vie économique locale pour que cela puisse fonctionner pleinement. Les missions locales, la CAF, les établissements scolaires, etc. sont des structures grandement sollicitées puisqu’elles permettent de relayer au public ciblé, les actions que les entreprises leur proposent.

Des retombées bénéfiques pour les quartiers

On ne compte plus les différents plans de la ville qui ont tenté en vain d’améliorer la situation économique et sociale des quartiers prioritaires, ni le nombre d’articles ou d’ouvrages écrits pour déplorer leur inefficacité. Avec cette charte, la problématique du chômage est traitée à plusieurs niveaux et non plus simplement sur l’emploi en lui-même. L’objectif est d’impulser toute une activité économique, sociale et culturelle dans les quartiers difficiles.

Depuis 2013, beaucoup d’actions concrètes ont pu voir voir le jour et la continuité du projet, qui concerne de plus en plus d’entreprises et de plus en plus de localités, montre que la charte réussit ses objectifs. Rares sont les projets aussi complets qui proposent d’intervenir sur autant de domaines-clés : l’orientation scolaire, l’emploi, l’insertion et la formation, la création d’entreprise, le développement économique local, etc. Une réussite qui incite à décliner la charte sur un autre type de territoire, lui aussi en difficulté : le monde rural.