Votée dans le cadre de la loi de transition énergétique depuis le 1er janvier 2017, l’usage des produits phytosanitaires par l’État, les collectivités locales et établissements publics pour l’entretien des…

Votée dans le cadre de la loi de transition énergétique depuis le 1er janvier 2017, l’usage des produits phytosanitaires par l’État, les collectivités locales et établissements publics pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts, et les voiries est désormais interdit. Déjà alertées par les nombreuses études ou les reportages chocs sur leurs grandes toxicités, bon nombre de collectivités avaient pris de l’avance et s’étaient engagées dans une démarche « zéro phyto ». Oui, mais comment faire ?

Faire un diagnostic

En tout premier lieu, bien évidemment, il convient d’effectuer un diagnostic approfondi des produits utilisés, des zones traitées ou à traiter, des méthodes employées, etc. Ce diagnostic peut se faire en 2 temps :

  • L’identification des pratiques des services de la collectivité. Il est nécessaire que la commune réalise l’inventaire de ses pratiques. Réaliser un plan de désherbage communal et un plan de gestion différenciée permettra de recenser les surfaces désherbées et les méthodes de désherbage correspondantes, les zones à risque du point de vue de la qualité de l’eau… Ensuite, produire un inventaire des moyens humains (nombre de personnes, qualifications…) et des moyens matériels permettra une meilleure analyse de l’existant. Ainsi, la commune sera en possession d’une cartographie précise des zones qu’elle entretient et des moyens correspondants. Elle pourra alors déterminer quels sont ses objectifs et les moyens à mettre en place pour entamer une démarche vers le zéro phyto.

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  • La définition des objectifs d’entretien. Il s’agira d’identifier les espaces où il n’est plus jugé utile de désherber, nécessaire de continuer à désherber, mais dans une moindre mesure et enfin là où un désherbage efficace doit être maintenu.

A Latresne (33), ce travail de diagnostic a commencé avec l’élaboration d’un Agenda 21 (ndlr : document regroupant les actions programmées par la collectivité dans un document créé avec les citoyen sur la thématique du développement durable) s’est accompagné d’un diagnostic sur la biodiversité sur le territoire. Les discussions avec les équipes municipales ont permis de faire un point sur les endroits où les produits maintenant interdits étaient utilisés, explique la conseillère municipale Frédérique Constans. La « chance » de pouvoir disposer d’un nouveau directeur des services très engagé et motivé par les questions environnementales, l’accompagnement du CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement) et du département, le fort investissement des services techniques et du maire de la commune mais aussi un vrai travail de collaboration avec les communes voisines a permis à Latresne d’être depuis novembre 2015 un territoire « zéro phytosanitaire ».

Renoncer aux produits phytosanitaires, c’est bien, mais comment les remplacer ? Les alternatives sont légion.

Quelles solutions alternatives ?

  • Désherbage intelligent à Villeneuve-sur-Lot (47). Depuis juin 2014, la municipalité s’est engagée dans une démarche de réduction de l’utilisation de ces si décriés produits. Dans le cadre de son Agenda 21, le plan de désherbage pluriannuel des Espaces Verts de la Ville prévoyait ainsi déjà l’expérimentation de traitements non polluants. Ce plan de désherbage « intelligent » imposait des techniques d’entretien adaptées à chaque espace et à leur fonction, permettant de travailler de façon sélective et respectueuse de l’environnement : paillage des arbres et arbustes des sites pilotes : posés sur sol humide, le paillage empêche la pousse des mauvaises herbes car, empêchant la lumière de passer, ce système bloque la photosynthèse et empêche ainsi les herbes indésirables de pousser. En se dégradant (à condition d’utiliser un paillage organique), il nourrit les bactéries du sol et contribue à la biodiversité du milieu tout en maintenant un bon taux d’humidité dans le sol. Il est possible de réaliser de nombreux paillages différents : feuilles mortes, copeaux de bois, herbe de tonte… Paillages minéraux ou plastiques sont efficaces et ont une durée de vie illimitée mais présentent l’inconvénient de ne pas nourrir les sols.

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  • L’« enherbement » à Latresne (33). Dans certaines communes, la problématique a été traitée de façon inverse : plutôt que de travailler à de nouvelles façons de désherber, elles ont décidé de favoriser « l’enherbement ». Il ne s’agit pas de laisser l’herbe pousser de façon anarchique dans l’espace public mais d’en contrôler la pousse, facilitant ainsi l’entretien de ces espaces verts mais aussi améliorant le cadre de vie de la commune qui, plus verte, plus fleurie, devient plus agréable à vivre : A Latresne mais aussi à Issoire (63), la Ville a décidé de reverdir les allées du cimetière municipal pour ne plus utiliser de produits chimiques dans ce site public. Les allées gravillonnées du cimetière sont ensemencées par hydroseeding, technique consistant à projeter un mélange de graines accompagné d’un mulch, un cocktail d’éléments permettant la pousse en terrain hostile. L’objectif ? En lieu et place d’un cimetière triste aux allées arides nécessitant des produits polluants, obtenir un tapis d’herbe, de trèfles et de fleurs sauvages nécessitant bien moins d’entretien.
  • L’enjeu est écologique, il est aussi économique pour les collectivités: l’utilisation de ces techniques alternatives, telles que « l’enherbement » ont pour avantage de nécessiter un entretien mineur des espaces verts. Aussi il est possible d’imaginer un traitement chimique raisonné par une utilisation plus ciblée des produits. On réduit donc drastiquement les couts, les achats de désherbants chimiques ont pu être diminués de plus de 10 000€ par an à Villeneuve-sur-Lot. Ces économies réalisées permettent d’investir plus intelligemment dans des causes publiques d’avantage prioritaires, ou de réinvestir dans des méthodes de désherbage plus écologiques, la commune du Lot-et-Garonne a pu acheter des désherbants thermiques et mécaniques.

Mais quelles sont alors plus précisément les méthodes “anti pesticides” ?

Méthodes de désherbage alternatives

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  • Le désherbage mécanique manuel

La « méthode binette » dixit les équipes techniques de Latresne consiste à désherber à la main des zones précises à l’aide de binette, couteaux désherbeurs ou sarcloirs. Méthode la plus respectueuse de l’environnement, elle nécessite un temps de travail plus  important de la part des agents techniques, ce qui peut être vu comme un inconvénient ou comme un avantage (c’est là la possibilité de création d’emplois durables).

  • Le désherbage mécanique électrique

Les brosses rotatives  sont constituées de balais généralement en acier ou en nylon. Ces engins arrachent les jeunes pousses par une action de décapage des zones imperméables, comme les trottoirs par exemple. Les sabots rotatifs permettent de déraciner les herbes indésirables des sols perméables comme les graviers ou le sable en les travaillant sur quelques centimètres.

  • Le désherbage thermique

Il existe différents types de désherbeur thermique : à eau chaude (l’eau montée à haute température provoque l’arrêt de l’activité biologique de la plante qui finit par noircir et mourir), à vapeur (même principe mais l’eau est sous forme de vapeur), à mousse (une mousse composée d’eau, de fibres de noix de coco et d’amidon de maïs est appliquée sur le végétal. De par sa consistance, la mousse reste plus longuement sur le végétal que l’eau ou la vapeur, ce qui augmente son efficacité) ou, enfin, à gaz  (la très haute température de la flamme nécessite un cours passage sur la plante d’une à deux secondes. Le but n’est pas de brûler la plante).

Un bénéfice écologique certain pour les villes et leurs habitants par le biais de méthodes simples et innovantes. De plus, les investissements financiers et humains pour ces nouvelles pratiques écologiques ne semblent pas hors de portée. Alors, qu’attendez-vous ?

>> Le guide des solutions du ministère de l’environnement