Souvent isolées au sein d’un monde politique masculin, les femmes élues ont du mal à se faire entendre. Notre conseil : créer du réseau !

 

Le 18 octobre s’organisera la première réunion du réseau élueslocales des élues du Golfe de Saint-Tropez à Cavalaire sous l’impulsion de Christelle Roux (adjointe en charges des affaires sociales, de la solidarité, des personnes âgées, de la famille…).

 

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Bien souvent un peu isolée dans un monde politique où les hommes ont régulièrement tendance à se tailler la part du lion, il est parfois difficile de se faire entendre, de s’affirmer quand on est une femme élue. De ce constat est naît l’idée de se réunir en réseaux de femmes élues afin de se soutenir, d’échanger, de partager des expériences et de trouver des solutions ensemble.

La genèse du projet

Aux origines du projet, le sempiternel constat d’une forme de solitude dans une monde politique très masculin, « je me sentais un peu seule dans mes actions et l’idée de monter un partenariat avec mes collègues élues me semblait intéressante ». Dès lors, une recherche Internet sur la question, comment la résoudre, quel type d’organisation existait… un peu avant le Salon des Maires 2015 à Paris l’a mise sur la piste de notre réseau Elues Locales.
Là-bas, la rencontre avec notre fondatrice Julia Mouzon et leurs échanges sur la dynamique qui se créait ont séduit l’élue ainsi que celle d’une élue voisine également motivée (Murielle Pillet, Référente Var-Est, Adrets-de-l’Estérel).

A son retour, déterminée à « travailler à créer du lien » entre les femmes élues au sein de la Communauté de communes du Golfe de Saint-Tropez, « j’ai commencé par envoyer un mail à tous les cabinets des mairies des différentes communes pour me présenter et présenter le projet, pourquoi je voulais monter un réseau comme celui-ci au sein de notre territoire ».
Une initiative qui a enthousiasmée en dépassant les positionnements partisans, « certaines m’ont tout de suite répondu en disant que c’était une bonne initiative ». Les réseaux sociaux ont également été un outil bien utile afin « d’élargir la toile ».
Le soutien d’un maire enthousiasmé par la démarche, « très partie prenante » et des services communication ont été un avantage très important dans la démarche. Avec ces soutiens, a été utilisé « un événement festif sur Cavalaire pour inciter les élues à venir et se rencontrer. C’était la Rosalie Cup au mois de septembre. Puis la date du 18 octobre a été fixée pour une première rencontre à Cavalaire où nous avons invité toutes les élues du Golfe de Saint-Tropez, nominativement et personnellement, par un carton d’invitation ».
6 mois de travail pour ce projet, aidée de Céline Goeury d’elueslocales.fr, qui n’ont fait que renforcer sa motivation : « en 6 mois de temps, c’est très enrichissant, valorisant aussi car j’ai le sentiment que c’est quelque chose qui plaît, j’y crois vraiment. J’ai rencontré des gens très intéressants et je suis contente que ce projet ait sensibilisé un noyau. Si on le fait vivre, ça peut aller loin ».

But du réseau

L’argumentation s’est basée sur une « volonté de créer des échanges, de se soutenir dans nos mandats d’élue, d’échanger sur nos pratiques professionnelles, nos expériences… ». Autre levier d’argumentation, mettre en avant l’intérêt d’un réseau pour faciliter la réalisation de projets, « j’ai porté ça sur de la dynamique, à la fois de la dynamique du réseau, mais aussi sur l’intérêt que cela peut avoir pour créer des événements ou mettre en place des actions : quand on est nombreux, on a plus de facilité à mettre en place des choses que si l’on est seule dans son coin ».
Un discours qui a porté, semble-t-il, « ça a sensibilisé pas mal de mes collègues parce qu’on a un peu toutes le même ressenti dans nos fonctions et le fait de pouvoir se dire qu’à côté de soi il y a quelqu’un qui ressent la même chose et que je vais pouvoir échanger avec elle afin de pouvoir trouver des façons de mener à bien des projets sur lesquels je rencontre des obstacles » et qui a reçu un véritable accueil favorable des élues contactées, les premiers échanges « tournant beaucoup autour de « c’est super, on va pouvoir faire des choses ensemble » ».
L’objectif, amener une véritable solidarité entre femmes élues afin de se soutenir car « on se sent bien seule dans cet univers masculin de la politique, on a besoin les uns et des autres pour mener à bien des projets, pour sensibiliser ». Entre les « jeux de pouvoir » et une parité pas forcément vraiment respecté notamment dans l’intercommunalité, « nous, femmes élues, on est là pour alimenter les commissions et, parfois, on a du mal à se faire entendre ». Dès lors, le fait de pouvoir « mettre en avant ces difficultés, ça permet de se sentir moins seul et de peut-être trouver des stratégies pour agir de façon concrète ».

En filigrane également, on retrouve l’idée de pouvoir échanger sur la « condition » de la femme élue en générale, « on a des contraintes que nos collègues élus n’ont pas forcément. C’est vrai qu’on doit concilier nos vies de mères de famille, de foyer… On n’a donc peut-être pas les mêmes disponibilités, les mêmes sensibilités. Du coup, des discussions émergent le même ressenti : « on a du mal à se faire entendre, on a du mal à être tout le temps présente aussi ». Sur certaines réunions importantes, malheureusement, on a des contraintes qui font qu’on ne peut pas être présente et que certaines choses se font sans nous ».
Première étape : la réunion du 18 octobre et la mise en place d’outils dont un questionnaire qui devrait permettre de mieux cibler les attentes, les besoins des élues. Beaucoup se disent notamment en besoin de formations sur leurs mandats d’élues qui devraient être bientôt organisées localement ainsi qu’un événement commun.

Objectif : prendre de l’ampleur dans le département et les voisins pour pouvoir prendre du poids dans les décisions politiques, « tisser un maillage entre nous pour avoir plus de poids et de force pour peser sur les décisions politiques ».

A l’épreuve de la pratique

Si, pour le moment, les positions partisanes sont laissées de côté (« je n’ai pas du tout connu ce problème-là » dans les premiers échanges), dépassées par la volonté d’un échange commun, de partager des expériences communes, il n’est pas impossible que des tensions puissent émerger dès lors que les membres se rencontreront dans des réunions, se retrouvant à côtoyer des élues des oppositions de leurs conseils municipaux respectifs.
Point encourageant, les participantes à la première réunion montrent une réelle représentativité, tous les partis étant représentés.
Dans l’immédiat, l’annonce de la création du réseau n’a pas encore soulevé de retours hostiles des hommes, mais plutôt quelques soutiens. Le soutien enthousiaste de son maire « convaincu que c’est un projet intéressant, que la femme a sa place dans tout ça » est un réel avantage, l’ayant de fait plutôt « protégé ». Cela dit, qui sait comment la situation évoluera si le réseau prend du poids et menace le pré carré des élus locaux…