En 2022, les repas dans les cantines devront être constitués d’au moins 50% de produits bio. Un objectif ambitieux qui peut sembler difficile à atteindre. Heureusement, des outils comme la…
En 2022, les repas dans les cantines devront être constitués d’au moins 50% de produits bio. Un objectif ambitieux qui peut sembler difficile à atteindre. Heureusement, des outils comme la plateforme Agrilocal facilite la tâche des élus en les mettant en relation avec des producteurs locaux.
50% dans les cantines bio en 2022
Après de longues séances de débats et maintes controverses, les députés ont finalement voté le 26 mai dernier, l’article 11 du projet de loi agriculture qui prévoit d’établir un seuil de 50% de produits bio dans les cantines. Les repas dans la restauration collective publique devront comprendre en 2022 au moins 50% de produits issus de l’agriculture biologique ou « intégrant la préservation de l’environnement. »
En 2007, le Grenelle de l’environnement organisé sous la présidence de Nicolas Sarkozy prévoyait d’instaurer 20% de bio dans les cantines pour l’année 2012, un objectif qui n’avait pas été réalisé et nombreuses sont les collectivités territoriales à considérer cette nouvelle obligation pour 2022 comme une nouvelle contrainte inatteignable. Mais d’autres, au contraire, se mobilisent pour renforcer les relations entre pouvoirs publics et agriculteurs bio et de rendre ainsi l’objectif possible.
Agrilocal, une plateforme qui met en relation élus et producteurs locaux
Fondée en 2013, l’association Agrilocal s’est fixée comme objectif de « promouvoir les circuits courts, le développement de l’agriculture de proximité et de l’artisanat des métiers de bouche et le renforcement de l’économie locale, notamment via la restauration collective et toute la restauration hors domicile. »
Afin d’atteindre ces multiples buts, Agrilocal a créé une plateforme internet de mise en relation des acheteurs publics avec des producteurs locaux. Tout en respectant les codes du marché public, elle facilite « les échanges entre les acheteurs de la restauration collective et les fournisseurs de produits agricoles. » Cet outil, gratuit, favorise aussi les circuits courts, en intégrant une option permettant de choisir le périmètre voulu. Et même si le réseau Agrilocal n’est pas uniquement dédié à l’agriculture biologique, il représente un moyen simple et efficace pour les élus d’entrer en relation avec des producteurs bio de leur département.
Un réseau qui a déjà convaincu de nombreux départements
Depuis sa création, Agrilocal s’est constitué un important réseau : leur site internet indique qu’il y a 1.171 « acheteurs utilisateurs » dont 54% de collèges et 14% de communes et 2.349 fournisseurs locaux pour plus de « 1.000 tonnes de produits alimentaires locaux commercialisés depuis le lancement » de la plateforme. A ce jour, 34 départements ont rejoint Agrilocal et ils devraient être 40 d’ici la fin de l’année, selon leur prévision. Chaque département qui adhère au réseau possède son propre portail « permettant de mettre en relation les acteurs de son territoire, voire des départements adhérents limitrophes, s’ils le souhaitent. »
La nouvelle loi devrait donner un nouveau souffle au réseau car la plateforme Agrilocal propose des outils intéressants pour répondre à ces enjeux, notamment en donnant la possibilité aux collectivités de se constituer une base de données des producteurs locaux, leur permettant ainsi de répertorier les fournisseurs de produits bio. Si un conseil départemental ou une collectivité est intéressé et souhaite rejoindre le réseau, cette page peut leur fournir les renseignements voulus ainsi qu’un numéro de téléphone pour les contacter.
Le marché bio en pleine expansion
Mais l’enjeu autour de la réussite de cette nouvelle loi va au-delà de la mise en relation des acheteurs publics avec les producteurs bio, même si ce point demeure essentiel. L’agriculture biologique, encore très largement minoritaire puisqu’elle ne représente que 6,6% de la surface agricole en France, doit continuer à s’étendre pour pouvoir réaliser ce nouveau défi. Heureusement, la demande toujours plus croissante en produits bio s’accompagne d’un essor de cette agriculture : depuis cinq ans, la filière bio augmente de presque 10% chaque année. Le gouvernement souhaiterait que l’agriculture bio passe à 15% en 2022. La conversion des surfaces agricoles en surfaces bio semble représenter la meilleure solution pour atteindre cet objectif et la loi sur les produits bio à la cantine devrait convaincre davantage d’agriculteurs et les amener à se lancer dans l’aventure. Outre la question de l’environnement et celle du bien-être alimentaire, l’agriculture biologique représente aussi un enjeu social : elle requiert plus de main-d’œuvre que l’agriculture classique. Un autre avantage non négligeable en sa faveur !
Malheureusement Agrilocal ne me semble pas aussi pertinent et efficace : la restauration collective exige surtout une qualité de services : livraisons, facturations, regroupement des marchandises,…ce que ne peut pas faire Agrilocal. Proposer de la mise en relation entre acteurs locaux, c’est bien, mais il faut que les approvisionnements soient viables: un producteur ne pourra pas raisonnablement livrer 30kg de carottes à 50 km, il faut passer par un regroupement de l’offre locale à travers un intermédiaire qui donne ainsi une plus-value au travail des producteurs bio locaux.
Par ailleurs la mise en relation ne suffit pas non plus à structurer des filières durablement : la “main invisible du marché” ne fait pas tout : mettre des producteurs en concurrence sur des appels d’offre ponctuels est plutôt déstabilisant.
Pour notre part dans le réseau des Manger Bio nous prônons la création d’outils économiques bio locaux (des plateformes de distribution) aux mains des producteurs, qui peuvent ainsi maîtriser la commercialisation de leurs produits et leurs revenus, organiser les filières en s’entendant sur des prix de vente rémunérateurs, regrouper leur offre, et fournir ainsi des services groupés (commandes, livraison, facturation, suivi,…) qui rendent un approvisionnement en produits bio locaux viable et durable.
http://www.mbim.fr