Le système électoral n’a pas évolué depuis sa mise en place, l’association Mieux voter entend changer les choses et les moderniser !

Les élections rythment la vie des citoyens – et des élu.e.s – depuis que la démocratie est en place (et depuis le 21 avril 1944 pour les femmes). Le système n’a que peu évolué depuis sa mise en place et beaucoup le reprochent : du vote utile au vote de résignation, les élections ne font plus rêver. L’association Mieux voter entend changer les choses. Explications.

Le scrutin de vote : ses faiblesses

Les derniers sondages en attestent : les Français adhèrent de façon quasi-unanime aux principes démocratiques. Pourtant, même si le principe est accepté, les modalités ne semblent que peu convenir et on remarque le manque de débat autour des aspects plus techniques, mais essentielles, de la question. Le système électoral, notamment, pose à chaque élection des frustrations de la part de bon nombre d’électeurs, et l’augmentation quasi-constante de l’abstention témoigne d’un mal assez profond.

Les présidentielles, de loin l’élection la plus importante en France, par son importance politique, son aura médiatique et son taux de participation, cristallise toute cette frustration. En effet, le système uninominal majoritaire à deux tours utilisé depuis l’apparition des élections présidentielles en 1965, montre désormais ses limites.

En ne sélectionnant que deux candidats pour le second tour, le résultat peut fausser les attentes initiales des électeurs. L’exemple le plus marquant est l’élection présidentielle de 2002, où Lionel Jospin, pourtant donner vainqueur au second tour, est éliminé dès le premier tour, légèrement distancé par Jean-Marie Le Pen, le candidat du FN. Le score qui en a résulté : 82 % pour Jacques Chirac contre 18 % pour Jean-Marie Le Pen témoigne des tords que reprochent une partie des votants à cette élection. Depuis, on vote de moins en moins.

Le “principe majoritaire” : une nouvelle façon de voter

Face aux problèmes conjoncturels que pose l’élection présidentielle, mais aussi aux problèmes structurels du système (deux paradoxes), Michel Balinski et Rida Laraki, tous deux chercheurs au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), ont réfléchi à un nouveau mode de scrutin : le jugement majoritaire.

Celui-ci ne se compose que d’un seul tour et chaque électeur doit attribuer un jugement à chaque candidat. Ainsi, tous les bulletins évaluent l’ensemble des candidats, ce qui évite les problématiques liées aux votes utiles ou au vote de résignation. Les électeurs attribuent une mention simple à chaque candidat : excellent, très bien, bien, assez bien, passable, insuffisant, à rejeter. On peut attribuer la même mention à plusieurs candidats, et un « à rejeter » à ceux qu’on ne connaît pas suffisamment.

Une fois les bulletins dépouillés, on établit le profil de mérite de chaque candidat en classant les mentions dans l’ordre ; c’est le bulletin du milieu qui détermine sa mention. Et si deux candidats ont la même mention, on compare avec l’ensemble des électeurs : le plus important parmi ceux qui pensent que le candidat vaut plus ou moins que sa mention.

Pour connaître précisément les détails du jugement majoritaire, vous pouvez lire la remarquable bande dessinée réalisée par « le choix commun » sur la question.

Si c’est la présidentielle qui est mise en avant car elle représente l’élection la plus importante de notre système politique, il est bien évident que le jugement majoritaire ne se limite pas à cette seule élection. Ce principe peut être décliné à tous les niveaux de la politique. Son principal avantage est de déterminer précisément les attentes et la vision politique des électeurs.

Actuellement, quand un homme ou une femme politique est élu.e, c’est une décision absolue. Le jugement majoritaire permet au contraire de connaître la mention précise de chaque candidat, et donc, leur légitimité, au-delà des simples pourcentages qui peuvent être faussés par les pratiques des électeurs. Un homme ou une femme élu.e avec la mention passable, n’aura pas le même poids politique que si lui ou elle a été élu.e avec la mention très bien.

En se présentant comme un mode de scrutin plus précis, le jugement majoritaire devrait permettre de répondre aux problématiques électorales actuelles : plus besoin de vote blanc ou nul, moins de frustration car chaque vote est une expression ou encore moins de stratégies électoralistes qui faussent le résultat.

Comme pour beaucoup de pratiques, c’est peut-être par l’échelon local que le jugement majoritaire pourra le mieux s’exprimer et le mieux se diffuser. Car c’est avec une vraie pratique qu’il pourra s’imposer. Cette échelle offre de nombreuses possibilités, y compris hors élections : ateliers de concertation citoyenne, référendums locaux, votes sur les budgets participatifs des communes, etc.

Une nouvelle association : mieux voter

Le jugement majoritaire est devenu le fer de lance d’une nouvelle association Mieux Voter qui cherche à promouvoir ce système électoral. Fondée par Chloé Ridel et Rida Laraki, à l’origine de cette méthode, l’association prévoit, dans son statut, d’inciter “à l’utilisation du Jugement Majoritaire pour procéder aux élections et scrutins de toutes natures (professionnelles, sportives, sociales, culturelles, politiques…), à toutes les échelles (locale, nationale, internationale) dans tous les milieux (écoles, entreprises, associations, coopératives, collectivités publiques…) et sur tous les sujets.

Voter Mieux souhaite alimenter le débat public autour des systèmes de vote et de choix collectif. De nombreuses initiatives sont prévues afin d’accompagner la pratique du Jugement Majoritaire, dans différents domaines : expériences locales, expérimentations via Internet, etc.

Maintenant, il ne reste plus qu’à lancer le processus ! Pour cela l’échelon local semble le plus adapté mais tout est à faire. Alors, si vous voulez en savoir plus, rendez-vous sur le site du choix commun.

Pour aller plus loin : http://mieuxvoter.fr