Jean-François, adjoint d’une commune de 5000 habitants, revient sur un épisode marquant : la déclaration de campagne de son adversaire

En ce début de semaine, un nouveau récit de campagne est présenté. Ce lundi, c’est Jean-François*, adjoint d’une commune de 5000 habitants et tête de liste dans le sud de la France qui revient sur un épisode marquant : la déclaration de campagne de son adversaire.

Jean-Luc H. se déclare candidat

Un mardi matin, alors que je sur sur la route pour ma tournée de la commune – en tant qu’adjoint à la voirie, je m’organise pour faire le tour des chantiers une fois par semaine – je reçois un texto “lis La Dépêche”. Yves, mon acolyte délégué aux réseaux ne commence jamais sa journée sans avoir lu le fameux journal. Ce matin, il est le premier à me prévenir d’une grande information que je découvrirai une heure plus tard.

Après avoir fait un premier arrêt non loin de la mairie – et m’être assuré que la réfection de la voirie était en bonne route (sans jeu de mot) ainsi que l’enfouissement des réseaux – je rentre dans la mairie. A la fois intrigué et pressé de voir ce que peut bien titrer la Dépêche, je m’empresse de dire bonjour aux secrétaires d’accueil et vais directement dans l’espace fermé au public, où est posé, tous les matins, le journal local. Nous sommes évidemment abonnés au décrochage ultra local afin d’avoir une visibilité sur l’actualité territoriales du territoires ainsi que son traitement médiatique.

Dans un encart très visible je vois “Jean-Luc* H. se déclare candidat“. Et me*** ! Je pensais bien qu’il allait être face à nous. Tout le monde m’en parlait et les bruits de couloirs – ou du moins de quartiers – convergeaient en ce sens, mais je ne croyais pas qu’il l’annoncerait si tôt ! Nous n’avons pas encore déclaré notre engagement. Si certains sont au courant, ce n’est qu’un cercle proche, loin de toucher la majorité des habitants.

La campagne s’accélère

Je dois avouer avoir été pris dans mon égo et je sens même un peu de colère monter en moi, il a lancé la première offensive. Henry, le maire sortant m’entend, sort de son bureau et me dit “t’as vu La Dépêche ?“, lui aussi est énervé.

Jean-Luc H. n’est pas n’importe qui. Ancien adjoint d’une mandature précédente, il s’est retiré de la politique locale lorsque notre liste a fait le choix, en 2014, de changer sa stratégie et devenir un peu plus offensive dans l’approche territoriale. Depuis, il tient un blog commentant, depuis son bureau, tous nos choix et allant jusqu’à dire que certains de nos élus sont “dangereux pour la commune” “sans sens pratique” ou expliquant que “la commission ne fait rien et ferait mieux de surveiller les actions de son adjoint”. Alors, une annonce de cet ordre n’est pas une bonne nouvelle.

Jean-Luc* H. nous oblige à répondre, à nous positionner, à agir parce qu’il a donné un coup avant nous, et je n’aime pas cela. Nous n’avons pas encore choisi le nom de notre liste, nous travaillons les axes de travaux mais sans avoir un programme défini. Lui, dans l’article a déjà annoncé 4 noms, les axes importants et l’adresse de son QG. Force est de constater qu’il est prêt et nous, pas encore.

Je provoque une réunion avec mes colistiers pour parler éléments de langage en réponse à ses attaques (qui étaient précisément énoncées dans le journal), choisir définitivement le nom de la liste et lancer, nous aussi les hostilités. Il reste encore beaucoup de travail, mais le faire pour ma commune me motive plus que jamais. L’histoire continue…

* Les prénoms ont été changés pour l’article