Pour la journée de commémoration du 8 mai de l’Armistice, Sylvie, élue d’un village de moins de 500 habitants revient sur ces événements !

En cette semaine du 8 mai, journée de commémoration de l’Armistice de la 2nde Guerre Mondiale, Sylvie, élue dans un village de 500 habitants, revient avec humour sur toutes ces cérémonies qui rythment la vie d’un.e élu.e. Témoignage.

 

 

Jours fériés oui, mais pas de grasse matinée

Si pour beaucoup les jours fériés riment avec “grasse matinée”, quand on est élu.e ce n’est pas la même affaire. La journée débute tôt : chez nous, une cérémonie est célébrée et nous avons tous rendez-vous au monument aux morts à 9h30 pétantes.

Pas question de partir de chez moi sans un brushing, sinon les réflexions vont bon train. Parce que les commémorations – du moins dans mon village – c’est un rendez-vous très suivi… par les seniors. Pour eux, l’apparence des élu.e.s est très importante, notamment un jour qui rend hommage aux soldats qui se sont battus pour leur pays. Je comprends tout à fait leur intransigeance à ce sujet, mais n’oublie pas que ce regard – impitoyable – me prend 30 minutes sur mon emploi du temps.

Et puis, nous nous devons d’arriver un peu en avance. A la fois pour parler avec les “early commémoration” qui sont toujours sur place 15 minutes avant la commémoration mais aussi pour vérifier que tout est prêt. Les drapeaux, la gerbe, la sono… Une année, la mairie avait oublié de commander le bouquet aux morts. Un esclandre local ! L’association des anciens combattants a été particulièrement furieuse, nous avons dû, pour nous rattraper, organiser un moment convivial avec l’association lors d’un repas, peu de temps après…

Et dans mon village, pas question de demander cela au personnel, nous avons peu d’agents et ils sont déjà débordés. Alors c’est la femme du maire ou l’adjoint.e aux affaires sociales qui s’y colle. Mais il ne faut pas que les deux soient parti.e.s en week-end au même moment. Une véritable organisation à anticiper !

Moment convivial avec la mémoire locale

Je laisse entendre que je me plains mais cette journée n’en est pas moins une belle rencontre avec ceux qui sont garants de la mémoire du village. Nous avons encore quelques hommes “de la classe 22”, celle qui a été déportée qui témoignent d’une expérience bouleversante. Ces moments d’échanges nous permettent de nous rappeler que cette période de l’Histoire n’est finalement pas si vieille.

Le verre de l’amitié qui suit, comme un apéritif bien mérité, à la RPA nous font entendre leurs récits. Après quelques années de mandature je commence à connaître les histoires – et pour tout dire, les potins de la Résidence sont souvent les sujets les plus abordés ! Mais c’est toujours un plaisir – que j’aborde en traînant des pieds parfois – que de pouvoir partager des moments conviviaux tels que ceux-là.

Je leur demande constamment comment c’était dans les années 40 dans nos rues, les commerces, la vie politique, etc. De ces questions découlent régulièrement un discours habité par l’enthousiasme mais avec une pointe de nostalgie. C’est grâce à ce partage que je découvre comment, parce que les élu.e.s ne voulaient pas être envahis par des pouvoir financiers, l’électricité est arrivée 5 ans après nos voisins entre les années 50 et 60. Un débat d’époque qui fait écho à nos questions sur le déploiement de Linky.

Des moments remplis de malice

Et ce que je préfère reste les moments espiègles que nous offrent les seniors. Entre quelques réflexions bien lancées – parce que l’avis des autres n’a plus d’importance dans leur quotidien – et le nombre de verres absorbés, les rires sont au rendez-vous. Certains, n’ayant plus de filtre, redoublent d’ingéniosité dans leurs paroles, des moments que l’on garde tous en tête tant le maire, et parfois nous-aussi, devons nous accrocher pour leur répondre.

Les porte-drapeaux, décorés par des dizaines de médailles, font les rires des enfants. Je les ai souvent entendu dire “je ne comprends pas comment il tient debout, il a trop de médailles, ça doit être lourd !”. Les roulements de tambour, la minute de silence, les discours du Maire, du Président de l’association des anciens combattants, de la représentante de l’association du Canton… Si la journée s’organise tambour battant (sans mauvais jeu de mot) le décalage entre le côté très sérieux et officiel et les paroles bien trempées de ceux qui incarnent ces moments sont à chaque fois un régal !

Aujourd’hui encore je me serai levée tôt pour représenter le pouvoir local, je serai encore arrivée avec 15 minutes d’avance pour parler avec les “early commémoration”, j’aurai encore servi des dizaines de whisky “parce que c’est l’alcool le plus adapté à notre âge” comme ils me disent à chaque fois et j’aurai encore appris de cette commémoration. Si nous nous réunissons en l’honneur de notre Histoire, nous partageons bien plus que cela lors de ces rencontres.

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