Malgré une augmentation de la parité dans les assemblées locales, la place des femmes reste marginale dans les instances dirigeantes.
Une étude de la direction générale des collectivités locales (DGCL) revient sur le profil des élus locaux. Si la part des femmes a augmenté dans les assemblées locales, le constat reste cependant à nuancer : la parité, malgré une constante progression, n’est pas encore atteinte.
De plus en plus de femmes dans les assemblées locales
Publiée en novembre dernier, une grande enquête menée par le département des études et des statistiques locales de la DGCL montre une forte progression de la part des femmes parmi les élus locaux, même si cette part demeure souvent en dessous de la parité. Ainsi, elle est passée de 20% pour les conseillers municipaux en 1995 à 40% depuis 2014. La part des femmes dans les conseils régionaux représentait à peine plus de 10% après les élections de 1992 et elle se stabilise désormais juste en dessous des 50% depuis les élections de 2004. Et les conseils généraux, qui ont longtemps représentés l’institution locale avec le plus faible pourcentage de femmes, sont les premiers à atteindre la parité depuis les élections de 2015, lorsqu’ils sont devenus des conseils départementaux.
Une progression essentiellement impulsée par la loi
Toutes ces progressions s’expliquent par les différentes lois qui imposent aux partis politiques de mieux respecter la parité pendant les élections. L’obligation de l’alternance hommes/femmes sur les listes municipales pour les communes de plus de 3500 habitants explique la féminisation des conseils municipaux, qui atteint 33% en 2001. Et la baisse de cette exigence aux communes de 1000 habitants explique, quant à elle, une nouvelle augmentation de ce taux, qui plafonne désormais à 40 % depuis 2014. On constate le même phénomène pour les élections régionales de 2004, date à laquelle cette même alternance est imposée. Pour le conseil départemental, c’est l’imposition stricte des candidatures binominales hommes/femmes qui permet d’obtenir une parité parfaite en 2015, alors que la part des femmes dans les anciens conseils généraux n’était que de 14% en 2011.
Si on peut regretter le fait de devoir recourir à l’appareil législatif pour imposer plus de parité en politique, force est de constater que cette méthode fonctionne.
Une faible représentation des femmes dans les instances dirigeantes
Bien que la part des femmes ait progressé dans les assemblées locales, la parité n’est pas acquise partout. Les fonctions dirigeantes de ces instances restent majoritairement détenues par des hommes.
En effet, seules 19% des présidentes de conseils régionaux sont des femmes, même si c’est une progression par rapport aux élections de 2010, où elles n’étaient que 8%.
Il n’y a que 16% de femmes maires et ce chiffre varie selon la taille des communes. Elles sont 18% pour les communes de moins de 500 habitants mais cette part baisse continuellement jusqu’à atteindre 11% pour les communes entre 30.000 et 100.000 habitants, pour finalement remonter à 14% pour les communes de plus de 100.000 habitants (soit 6 femmes sur 42 maires).
Exemple le plus marquant du maintien des anciennes pratiques malgré les lois paritaires, les conseillers départementaux, alors qu’ils possèdent autant de femmes que d’hommes, et malgré leur importante féminisation suite aux élections de 2015, ont maintenu leur taux ridiculement faible de femmes présidentes. Il y avait 14% de femmes dans les conseils généraux et 6% de femmes présidentes en 2011, désormais il y a 50% de femmes dans les conseils départementaux mais seulement 8% à leurs têtes.
La question des femmes, liée à celle de l’âge ?
La question de la représentation des femmes dans les instances locales n’est pas la seule problématique traitée par l’étude de la DGCL. Celle-ci analyse aussi les différentes classes d’âge des élus.
Bien que la population française de plus de 18 ans se divise en trois tiers équivalents entre les personnes de 18 à 40 ans, celle de 40 à 60 ans et de 60 ans à plus, cette répartition ne se retrouve pas chez les élus locaux. Les moins de 40 ans sont sous-représentés dans les assemblées locales puisque leur part se situe entre 5% pour les conseillers communautaires et 19% pour les conseillers régionaux. Leurs représentations au sein des conseils départementaux et municipaux se situent entre ces deux valeurs. Les plus 60 ans sont, eux, sur-représentés parmi les élus locaux des conseils municipaux (35%) et communautaires (35%), mais pas dans les conseils régionaux et départementaux où c’est la classe d’âge située entre 40 et 60 ans qui domine.
Cette répartition s’articule avec les enjeux de la représentation féminine, à la fois parce que les deux valeurs se rejoignent ; les femmes étant plus nombreuses parmi les conseillers de 18 à 40 ans (47%) et plus faible parmi les élus de plus de 70 ans (seulement 28%). Mais aussi parce que les inégalités s’accentuent lorsque cela concerne les fonctions directives ; 60% des maires et plus de 50% des présidents des conseils départementaux ont plus de 60 ans. La part des moins de 40 ans est véritablement infime dans toutes ces instances dirigeantes, voire tout simplement nulle en ce qui concerne les présidents de régions.
Ce que l’on remarque, c’est que dans les instances Communautaires (EPCI, ComCOm, Energies, Eau,…), il n’y a que des hommes. La part des femmes y est encore plus faible. Dès que l’on s’immisce dans les débats (énergies), que de paires d’yeux se portent sur vous : mais que fait-elle là…l’électricité, c’est pour son fer à repasser !!! 🙂
La parité devrait être OBLIGATOIRE dans ces instances ; cela éviterait de n’avoir que des hommes dans les “hautes” instances, des vices-présidences composées pratiquement exclusivement d’hommes et > 65 ans, dans nos campagnes !