Aujourd’hui dans notre rubrique témoignage de vie d’élue : une élue nous raconte son quotidien et son combat pour ses convictions !

Il y a des jours où je ne suis pas enthousiaste dans mon mandat. C’est vrai, ce n’est pas facile, loin de là. La confrontation avec les habitants qui pensent que nous sommes leurs salariés car nous avons des indemnités qui proviennent de l’argent publique, les échanges houleux avec les autres élus, les tensions aux sein de l’intercommunalité, les tensions aussi dans la commune, bref il y a des jours où j’ai envie de démissionner. Et il y a des jours où mon engagement m’apporte plus que ce que je n’espérais recevoir.

Une famille pour qui on veut se battre

Je les connaissais peu mais les avais déjà rencontrés, une famille immigrée vie dans la commune où je suis élue. Certes, il n’y en a pas qu’une mais je les connais un peu mieux car les membres de cette famille sont amis avec des habitants que je fréquente régulièrement. Ils sont arrivés en France espérant trouver un jour meilleur après avoir vécu un coup d’Etat. D’abord l’Espagne puis quelques mois après l’hexagone. Une association les a accompagnés car ils ont été “retrouvés” dans une voiture, où ils vivaient à trois avec un enfant de 3 ans et la mère enceinte de 7 mois.

Une situation pas facile en somme. Depuis près de 5 ans, ils n’ont pas de papiers et nous les accompagnons, tant bien que mal, dans les démarches administratives car ils souhaitent plus que tout au monde être naturalisés français. Ce sont des personnes riches d’une expérience incroyable qui s’intègrent à la vie de la commune. Les enfants sont scolarisés dans l’école municipale, partent en voyage scolaires, pratiquent des sports au sein d’associations locales, bref des citoyens comme on les aime qui permettent une dynamique locale.

Sauf qu’ “ils ne sont pas français”. Alors, toutes les semaines des rencontres sont organisées pour les aider. Un CDI attend le père et la mère de famille travaille 7h par jour, tous les jours de la semaine, ou presque. Quand on voit leur motivation à s’intégrer, leur envie de partager avec les citoyens de la commune, leur détermination à apprendre à leurs enfants les valeurs de partage et d’échanges, on finit par se demander “que faire de plus ?”. Mais la réalité est là, la préfecture décide et les procédures peuvent-être longues.

La motivation des débuts

Quand j’ai un “coup de mou” : une journée désagréable, un reproche de la part d’un élu, d’un citoyen, d’un agent, j’essaie de me ressaisir et penser à eux. Eux et les autres, car ils ne sont pas seuls. D’ailleurs, une associations d’alphabétisation s’est constituée il y a peu sur notre territoire, ce sont des dizaines d’apprenants qui viennent étudier pour parler, écrire, lire le français avec une volonté de fer.

Un jour, une élue m’a parlé de son engagement. Elle est du sud-est et a des parents qui sont venus vivre en France alors qu’elle était encore toute jeune. Son discours est limpide : si elle s’est engagée en politique locale c’est parce qu’elle veut remercier sa commune pour l’accueil des débuts. Quand elle est arrivée elle s’est sentie intégrée et remercie la France pour avoir pu étudier, se soigner … Sa spécialité c’est l’aménagement car “c’est ce qui lie les citoyens entre eux” : créer du lien entre les populations, les bâtiments communaux, les services proposés, c’est ce qu’elle aime faire. Et c’est quand je vois des personnes comme la famille de ma commune, comme cette élue, que je me rappelle pourquoi je suis là : moi aussi je veux faire que mon territoire évolue avec sa population et qu’il soit à son service, moi aussi je veux créer du lien entre tous et toutes.

C’est dans les moments de doutes que je pense à eux. Je m’efforce de remettre du sens à ce que je fais. Non je ne fais pas une animation parce que c’est ma délégation mais parce que c’est du devoir du service publique que d’apporter une offre culturelle gratuite pour ses habitants, pour cette famille qui n’a pas beaucoup d’argent ou pour les voisins qui découvrent ce type d’intervention. Ce sont les rencontres et le partage qui nous le rappellent chaque jour : nous sommes là pour eux et à leur service.

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