Focus sur Hillary Clinton la candidate investie par le partie Démocrate, elle elle pourrait devenir la première femme présidente du pays !

C’est bon, tout est officiel, jeudi soir, Hillary Clinton a accepté l’investiture démocrate pour la présidentielle du 8 novembre. Le grand objectif pourrait avoir un impact symbolique considérable, d’une portée mondiale et historique : elle pourrait devenir la première femme élue à la présidence des Etats-Unis, la première puissance mondiale.

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Après l’arrivée en force des femmes dans les arcanes du pouvoir britannique, illustrée par les Premières Ministres Theresa May en Angleterre et Nicola Sturgeon en Ecosse, ou l’élection de Virginia Raggi à la mairie de Rome, c’est aux Etats-Unis qu’une femme pourrait arriver au pouvoir.

En tout cas, c’est autour de ce point-là qu’Hillary Clinton a axé une grande partie de sa stratégie électorale. Cependant, l’engouement qu’avait pu suscité Barack Obama comme premier président noir, ne semble pas accompagner la candidature de l’ancien secrétaire d’Etat qui ne déchaînerait guère l’enthousiasme.

 Une solide expérience du pouvoir

Née le 26 octobre 1947 à Chicago (Illinois), elle s’engage bien vite dans un parcours politique. Initialement engagé chez les Républicains, de plus en plus opposée à la guerre du Viêt Nam et marquée par la lutte pour les droits civiques, elle décide de les quitter suite à l’élection de Richard Nixon. Décrite comme une bourreau de travail très attentive aux moindres détails des dossiers, diplômée de droit à Yale où elle rencontre Bill Clinton, elle mène ensuite une brillante carrière d’avocate.

bill-hillary-clintonAccompagnant la montée au pouvoir de son mari, elle refuse le rôle traditionnel de First Lady en retrait de son président de mari et, au contraire, essaye d’influer sur les décisions politiques. Son incessante défense du droit des femmes à travers le monde et son engagement pour les enfants lui valent de nombreux soutiens, ainsi que son attitude très digne lors du scandale Monica Lewinsky.

Son réel parcours politique sur le devant de la scène débute au début des années 2000 lorsqu’elle devient sénatrice démocrate pour l’État de New York (elle devient d’ailleurs ainsi la première First Lady à être élue à un poste officiel et la première femme à être élue sénatrice de l’État). En 2008, considérée par beaucoup comme une des femmes politiques les plus brillantes de toute l’histoire des États-Unis (et de « gauchistes » par les Républicains), elle s’engage dans la course pour les Primaires du parti Démocrate.

504149-hillary-clinton-nommee-secretaire-d-etatElle sera battue par Barack Obama qui en fera sa secrétaire d’Etat. Axant sa politique étrangère américaine sur la paix entre Israël, la Palestine et les voisins arabes d’Israël, elle se déplace beaucoup et s’offre une grande popularité dans le pays et à l’international. Elle ne reprend pas ses fonctions lors de la réélection de Barack Obama en 2012.

C’est cette forte popularité qui l’incite à se présenter aux Primaires de son parti en 2016, mais celle-ci commence à chuter avec la révélation de l’utilisation d’une messagerie personnel hébergée sur un serveur privé (l’audit dénonce « des failles de longue date et systématiques liées aux communications et enregistrements électroniques », elle « utilisait des appareils mobiles pour des activités officielles et a largement eu recours à un compte email personnel sur son serveur privé », et cela sans avoir obtenu des directives ou l’approbation pour mener ses activités officielles via un compte email personnel sur son serveur privé). Une popularité qui ne cessera de baisser parallèlement à la montée en force de son rival Bernie Sanders.

 Candidate féministe, stratégie discutable…

Sa stratégie de communication peut être critiquée : pour séduire l’électorat féminin, Hillary Clinton a mobilisé des grandes figures du féminisme américain (la sénatrice Elizabeth Warren, Gloria Steinem, Madeleine Albright, première femme à avoir occupé le poste de secrétaire d’Etat). Un soutien bien maladroit tant elles ont dérapé, appelant agressivement au soutien des femmes à HC (« Rappelez-vous qu’il existe en enfer un endroit spécial pour les femmes qui ne s’entraident pas », Madeleine Albright) ou fustigeant les jeunes femmes soutenant Bernie Sanders en les accusant de ne le faire qu’en suivant les jeunes hommes. Ainsi, Gloria Steinem a accusé les partisanes de Sanders de se rendre à ses meetings « pour rencontrer des garçons ».

Il s’avère que, pour cette génération dite des milleniums (de 18 à 35 ans), le fait d’élire une femme n’est pas particulièrement significatif, l’égalité des sexes apparaissant comme une évidence. Ainsi, Vincent Michelot, spécialiste de l’histoire politique des États-Unis, estime qu’au sein de l’électorat démocrate, « les jeunes prêtent davantage attention aux idéaux du candidat qu’à son genre », préférant Bernie Sanders, plus progressiste à leurs yeux.

Sa grande force est un très important soutien (plus de 80 % dans les Etats du Sud) des minorités de couleurs (qui avaient déjà massivement soutenu son mari), et qui vont difficilement voter pour un Donald Trump qui ne cesse de les fustiger.

Barack Obama soutient Hillary ClintonAutre grand atout, le soutien de Barack Obama qui n’a cessé de la présenter comme LA candidate idéale. L’élection présidentielle américaine étant très largement un référendum sur le président sortant, sa cote de popularité joue un rôle majeur, et celle-ci est largement déterminée par la perception qu’ont les Américains de l’état de l’économie. Et sur ces critères, Barack Obama est un soutien de poids, fort d’une cote de popularité à faire pâlir de jalousie bon nombre de leaders français et d’un bilan honorable. Si tout est loin d’être parfait, l’économie américaine va mieux qu’avant son arrivée (chômage à 5 %, au plus bas depuis sept ans, croissance plus forte que prévue, réussite certaine de l’Obamacare…).

« Je peux le dire en toute confiance, il n’y a jamais eu de meilleure personne, aucun homme, ni moi, ni Bill (Clinton) pour occuper la fonction de présidente des Etats-Unis » (Barack Obama)

Une popularité qui n’a jamais décollé

Sa campagne a été laborieuse. Le succès de Bernie Saunders a forcé Hillary Clinton à virer bien plus à gauche que prévu, l’entraînant à de régulières contradictions gênantes. Au Département d’Etat, elle s’était battue pour le Traité commercial transpacifique, elle a exprimé son hostilité au même traité pendant la campagne. En mars, vantant l’écologie, elle annonçait qu’elle allait remplacer aux Etats-Unis le charbon par des énergies renouvelables mais en mai, traversant la Virginie-Occidentale, région minière, elle a dû rétropédaler, parlant de malentendu, expliquant qu’il fallait se battre contre la fermeture des mines…

Woman supports BS
Majoritairement pro-Saunders, Hillary Clinton a du mal à séduire la jeunesse

Son adversaire aux primaires Bernie Saunders n’a fait qu’écorner davantage l’image de l’ancienne First Lady, non pas nécessairement par des attaques, mais en déchaînant un enthousiasme certain chez les jeunes, mais aussi chez de nombreuses femmes ! Son discours, franchement à gauche, socialiste dans un pays où c’était traditionnellement presque un gros mot, s’attaque à l’immobilisme et prône une révolution politique en profondeur, proposant de s’attaquer au coût exorbitant des études supérieures (les étudiants s’endettent en moyenne à hauteur de 35 000 dollars lors de leur scolarité) et une réelle réforme sociale. Et séduit donc une grande partie de la jeunesse, désireuse d’un vrai changement.

Ainsi, souvent présentée comme la candidate de l’establishment, l’alliée de Wall Street et du monde de la finance, Hillary Clinton incarne pour beaucoup d’américains, et surtout de jeunes, tout ce qu’ils reprochent au monde politique contemporain. Ainsi, selon un récent sondage, encore six Américains sur dix ne la trouvent pas “honnête et digne de confiance”.

« Hillary est corrompue, liée à l’establishment, elle a menti et n’a aucune prise avec le monde réel qui nous entoure. C’est une néoconservatrice, pire une pragmatique » (une militante pro-Saunders)

Au final, deux lectures sont possibles : d’une part, une de ses meilleures armes est que son adversaire Donald Trump est tout aussi détesté d’une bonne partie de l’électorat américain….

D’autre part, après l’élection d’un président noir, un nouveau mur tomberait aux Etats-Unis ouvrant la voie à de nombreuses jeunes filles qui grandiraient avec l’exemple que, oui une femme peut diriger la première puissance mondiale !