En 1925, alors que les femmes n’ont pas encore le droit de vote, le Parti communiste décide, de présenter des femmes aux élections municipales.
En ce 8 mars, il est temps de rendre hommage à un événement politique peu connu, mais riche de symbole. En 1925, alors que les femmes n’ont pas encore le droit de vote, le Parti communiste décide, un an après la victoire du cartel des gauches aux élections législatives, de présenter des femmes aux élections municipales. Cette décision est annoncée dans L’Humanité : “Dans l’histoire politique de ce pays, dans la lutte menée depuis tant d’années pour l’émancipation politique et économique de la femme, l’année 1925, par suite de l’initiative du P.C., aura une importance considérable.”
Le PCF profite en effet d’une lacune dans la réglementation électorale pour présenter une dizaine de femmes à des places éligibles sur leurs listes municipales : “Le fait de porter un nom de femme ne constitue pas et n’a jamais constitué un cas de nullité”, affirme L’Humanité car les “déclarations de candidatures ne sont nullement obligatoires et que, ne comportant la présentation d’aucun papier d’identité, personne n’a qualité pour affirmer le sexe du titulaire d’un prénom féminin”. L’Ouest-Eclair du 04 mai 1925 se fait le relais de cette initiative communiste : “En banlieue, c’est une femme qui, dans chaque commune, est tête de liste des candidatures communistes. A Paris, une femme a été désignée pour tenir le drapeau des revendications féminines”. Malgré des tentatives de déstabilisation contre ces candidatures, le gouvernement est obligé de céder, et “sur l’intervention du ministre de l’Intérieur, la Préfecture de la Seine a fait inviter tous les présidents de sections de vote à tenir compte des bulletins déposés dans l’urne au nom d’une femme”. Les candidatures ne se limitent pas à la “banlieue rouge”, à Avignon, par exemple, la liste communiste est menée par “Mmes Antoinette Bellot, manoeuvre au P.-L.-M., et Angèle Rame, coiffeuse”.
Le 10 mai 1925, quatre femmes sont élues en banlieue parisienne : Augustine Variot à Malakoff, Marie Chaix à Saint-Denis, Marthe Tesson à Bobigny et Chapon à Villejuif. Il y a souvent très peu d’écarts de voix avec leurs homologues masculins puisque leurs noms sont peu rayés, preuve que l’électorat est déjà prêt pour cette avancée.
Continuant à profiter des imprécisions de la loi, le Parti communiste prend la décision de faire siéger ces femmes, qui ont été officiellement élues. Marthe Tesson devient maire-adjointe de Bobigny. La Préfecture de la Seine invalide son élection le 20 mai et celle des trois autres femmes le 28 mai. Mais elles formulent un recours devant le Conseil d’État. Tant que celui-ci ne s’est pas prononcé, elles peuvent continuer à siéger. Leur inéligibilité est finalement confirmée le 29 janvier 1926. Mais Augustine Viard continuera à assister au conseil municipal jusqu’à sa révocation par le Préfet, le 29 mars 1926. Il faudra alors l’intervention de la police pour l’empêcher de siéger.
Lire l’article de RetroNews, le site de presse de la BNF.
Lire l’hommage de Jean-Luc Boeuf, spécialiste des collectivités locales.
Consulter la “chronologie du droit de vote et d’éligibilité des femmes” de l’Assemblée Nationale.