Le véhicule autonome permet de concilier accès à la mobilité et respect de l’environnement. Un bon argument pour les transports en commun
Dans un monde où il faut concilier accès à la mobilité et respect de l’environnement, le véhicule autonome apparaît comme la solution du futur et offre de multiples perspectives de développement sur les territoires. Et de fait, des véhicules autonomes circulent déjà en France depuis quelques mois. Tour d’horizon des enjeux avec Patricia Villoslada, directrice Véhicule Autonome de Digital Factory, filiale du groupe Transdev.
Civaux, une expérimentation prometteuse
Depuis avril 2016, le groupe Transdev a mis en service six navettes autonomes 100 % électrique sur le site de la centrale EDF de Civaux (département de la Vienne). Accueillant jusqu’à 12 passagers, ces navettes assurent le transport du personnel sur le site industriel, sur un circuit de 2400 mètres.
En collaboration avec la start-up spécialisée dans la conception de véhicules autonomes, électriques et robotisés Navya, 6 navettes du modèle Arma ont été mises en exploitation. Il s’agit d’un véhicule complètement autonome, sans pédales, ni volant, qui circule à une vitesse de 10 à 12 km/h. « Le véhicule est équipé de technologies multicapteurs de dernière génération qui lui permettent de comprendre l’environnement dans lequel la navette se situe, de détecter les obstacles et d’anticiper les déplacements. La décision, qui calcule et détermine son itinéraire et sa trajectoire. Et la navigation, qui fait appliquer au mieux les décisions de l’ordinateur sur le véhicule », explique Patricia Villoslada.
Sur le site de Civaux, le trajet prévu pour la navette comporte des arrêts fixes mais aussi des arrêts facultatifs qui ne seront desservis qu’à la demande. « On peut commander une navette parce qu’il y a un circuit fixe qui correspond aux besoins de la majorité des usagers mais pour les quelques points peu demandés comme la déchetterie, une navette est envoyée à la demande ».
Le véhicule autonome partout : pas pour demain
Un tel déploiement technologique pose de nombreuses questions en matière de sécurité : quels sont les possibles risques de piratage des véhicules ? Ou encore quelle sécurité à bord ? Un premier accident mortel impliquant une voiture automatique en Floride est venu rappeler les limites de cette nouvelle technologie.
Un enjeu particulièrement pris au sérieux chez Transdev : « notre principal cheval de bataille est d’assurer la sécurité et la sureté du service. C’est dans le but d’assurer la sécurité physique mais aussi la cyber-sécurité que la technologie de supervision de flotte a été développée. Cette technologie qui vise à protéger des cyber-attaques permet aux véhicules de communiquer avec notre service de supervision. Nous travaillons chaque jour à l’amélioration des systèmes en place pour contrôler de plus en plus de véhicules en même temps. Nous développons un centre de contrôle où l’opérateur pourra arrêter les véhicules à distance ». Actuellement, le contrôle humain demeure indispensable, « pour assurer la sécurité, à court terme, il faut passer par une supervision automatique mais aussi humaine », nous confie Patricia Villoslada.
Un enjeu de société
A l’heure du développement de l’économie du partage et de l’avènement du covoiturage et de l’autopartage, le véhicule particulier pourrait être remplacé par le véhicule autonome et partagé qui permet une meilleure optimisation des déplacements individuels. Patricia Villoslada estime ainsi que de nombreux propriétaires de véhicules particuliers se tourneront vers les services de mobilité en véhicule autonome : « ce mouvement de fond de la société, notamment au sein des nouvelles générations recherche des modes de consommation optimisés et la question du coût d’un véhicule se pose. Un véhicule particulier est relativement cher (ndlr : une voiture couterait en moyenne 5 500€/an). S’il existe a un véhicule public qui peut nous amener d’un point A à un point B de manière efficace et moins coûteuse, sans problème de maintenance ni de parking, il est probable qu’une bonne partie d’entre eux basculera vers les véhicules autonomes partagés ».
Une réponse aux problématiques de transport des collectivités ?
Du côté des collectivités, les objectifs en termes de transport sont connus : accroître les services de mobilité, réduire la pollution et la congestion urbaine… le tout alors que les moyens budgétaires stagnent quand ils ne diminuent pas. Dans ce contexte, les collectivités s’intéressent de plus en plus au véhicule autonome, comme nous l’explique Patricia Villoslada : « beaucoup nous contactent pour des projets sur route ouverte. Depuis la loi de transition énergétique, la réglementation française habilite le gouvernement à prendre par ordonnance des mesures pour expérimenter ce type de mise en circulation. Aujourd’hui, le groupe Transdev répond à un maximum de demandes d’expérimentation, en France mais aussi à l’étranger. »
Nul doute que les systèmes de conduite autonome vont se développer. Mais jusqu’où ? Un tel service est promis à un bel avenir dans les villes où il vient compléter les modes de transport traditionnels pour desservir de manière fine le dernier kilomètre. « Aujourd’hui, le véhicule autonome fait ses premiers pas en environnement protégé. Nous travaillons à développer des systèmes de transport autonome vers des modes d’exploitation de plus en plus complexes, intégrés au réseau de transport en complément des modes classiques tels que le bus ». Offrir un tel maillage peut convaincre de nombreuses personnes à abandonner la voiture particulière et donc à accroître les recettes des réseaux de transport public. Cependant, « le prix d’une navette autonome est de 200 000€ auquel il faut ajouter les coûts de maintenance et de licence pour les logiciels embarqués » ; pour une capacité d’accueil bien inférieure à celle d’un bus thermique classique.
D’aucuns estiment que cette évolution arrivera dans les 10 prochaines années, mais pour Patricia Villoslada, « une période de transition de 20 ans est à prévoir pendant laquelle apparaîtront de nombreux véhicules autonomes neufs, mais transformer le parc automobile existant va prendre facilement 30 ans ».
Article écrit en partenariat avec Transdev