En Bretagne, une association a créé un site internet pour mettre en relation conducteurs et usagers afin de promouvoir le covoiturage.
Dans le Finistère, une association a monté un projet innovant pour promouvoir le covoiturage. Dans un but écologique et citoyen, une plate-forme internet ainsi que des panneaux d’autostop ont vu le jour pour inciter les habitants à une utilisation plus responsable de la voiture. Une initiative attendue qui rencontre un vrai succès.
Une association pour promouvoir le covoiturage
Le projet est né de l’association Octopouce.net, implantée dans la ville de Crozon en Bretagne. Armel Ménez, l’un des membres, présente cette association comme “un groupe citoyen, structuré dans le but de développer un projet d’auto-stop organisé.” Octopouce.net a permis “l’implantation de points de rendez-vous sur toutes les communes du coin. A terme, dans chaque village, il y aura un, deux, trois panneaux adressés aux usagers, auto-stoppeurs comme conducteurs. Ce sont des points de rendez-vous matérialisés, qui sont sécurisés et où une voiture peut s’arrêter ». Inauguré en septembre pendant la semaine des mobilités, ce service sera effectif à 100% au printemps prochain.
Le but d’Octopouce.net est simple : il vise à inciter plus de monde à pratiquer le covoiturage afin de limiter l’usage de la voiture. Cela passe par la création d’une plate-forme internet afin de mettre en relation conducteurs et usagers et surtout, permettre de rassurer sur cette pratique souvent perçue comme étant à risque. Une crainte qu’il a fallu combattre : « Pour faire du stop aujourd’hui, il faut être rassuré, notamment sur la personne qui nous prend en stop. Donc si ce sont des personnes du réseau, des personnes qui ont délivré des informations personnelles auprès de la plateforme, on se sent un peu plus en confiance. » Le site délivre en effet des cartes de membre, pour officialiser les profils des conducteurs. Mais sans pour autant renoncer à l’esprit même du covoiturage avec une part laissée à la spontanéité, pour les auto-stoppeurs.
Sur la plateforme internet, on compte actuellement 137 “poulpes”. Armel Ménez précise : “Poulpes, c’est le nom qu’on a donné à un usager du réseau Octopouce. Ils sont répartis sur les différentes communes. On peut le voir sur notre site. L’objectif est d’embarquer un maximum de personnes. Plus il y aura d’annonces de transport que ce soit des propositions de conducteurs comme celles d’auto-stoppeurs, plus le site fonctionnera. »
Mutualisation d’un service : une initiative à la fois citoyenne et écologique
Par cette démarche, l’association souhaite promouvoir un comportement plus écologiquement responsable, tout en compensant le manque d’alternative en campagne : « Il y a une problématique d’éclatement sur un territoire rural spécifique. On a un réseau très peu dense aujourd’hui. Il faut pouvoir assurer les déplacements. On est parti d’un constat, qui est général ; quiconque se poste à un rond-point à une heure de pointe peut se rendre compte de la sous-utilisation des voitures. 80% des voitures ne sont occupées que par une seule personne ! Avec un petit calcul, on se rend compte qu’il y a un déficit de place assez monstrueux. » La plate-forme est conçue précisément pour palier ce problème : “Cela permet aux gens de s’interconnecter. Plutôt que de se suivre dans une chaîne de voitures le matin, pourquoi ne pas covoiturer ensemble, puisqu’on fait le même trajet ?
Mais cette mise en relation s’accompagne aussi d’un travail de pédagogie et de promotion des bonnes pratiques : « Pour 2018, on prévoit beaucoup de communication, de community management via l’outil web ; on veut informer les usagers, les accompagner. Le but est de casser les habitudes fortement ancrées depuis l’arrivée de la voiture. Dans le monde d’aujourd’hui et de demain, il faut repenser nos usages. » Il ne s’agit pas seulement de promouvoir le covoiturage : « On va inciter les usagers à laisser leur voiture de temps en temps à la maison. Il vous faut trois boulons et vous voulez aller dans un magasin de bricolage ? C’est peut-être un peu stupide de faire des kilomètres en voiture uniquement pour ça ! »
Cette implication militante se ressent aussi dans la volonté de ne pas tout confier au numérique : « Il y a beaucoup d’initiatives aujourd’hui qui se basent sur le smartphone. Nous, nous avions vraiment la volonté de proposer de faire du stop organisé sans ce genre d’appareil. Tout le monde n’a pas un smartphone, ou alors certains ont cet appareil mais ne l’utilisent pas tout le temps avec internet. Ici, la couverture réseau n’est pas extrêmement bonne non plus. Et on a aussi envie de se défaire du numérique parfois. C’est pour ça que notre système est un peu hybride : il permet l’usage avec un mobile ou un ordinateur mais on peut aussi faire du stop avec le pouce. Et ça, on ne l’a pas vraiment vu dans les autres initiatives françaises, toutes très portées sur le numérique. »
Un projet en lien avec les collectivités
Si l’association a mené le projet, elle a été accompagnée dans sa démarche : « On souhaitait rencontrer les collectivités pour nous aider à porter cette initiative. On a fait beaucoup de réunions sur les communes du territoire pour essayer d’identifier les besoins et les différentes problématiques des usagers. » De nombreuses collectivités locales ont ainsi contribué à la mise en place du projet : « Il est soutenu par la communauté de communes de la presqu’île de Crozon-Aulne Maritime. On a un soutien financier de la collectivité et chaque commune participe. C’est elles qui implantent les réseaux. On a aussi le soutien de la région, via le Pays de Brest, dans le cadre d’un appel à un projet d’économie sociale et solidaire, et également du conseil départemental. » Mais les soutiens ne se limitent pas aux collectivités : « Il y a d’autres instances parapubliques comme l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Le projet est également soutenu par des centres sociaux comme le centre social ULAMIR Crozon et la plateforme des mobilités du Pays de Brest. »
Parmi les besoins financiers, outre la mise en place du site internet et de celle des panneaux pour le covoiturage, il y a la publicité, à la charge de l’association : « On a imprimé des affiches et des flyers. On a des petits outils de communication, comme des autocollants aussi. Toute la logistique est faite bénévolement par un petit collectif. »
En amont, un important travail de recherche a été réalisé comme nous l’indique Armel Ménez : “On s’est renseigné avant de se lancer. Il y a un outil qui s’appelle forge.octopus.net : c’est un outil de co-écriture participative et nous avons notamment réalisé une veille sur les initiatives de stops réalisées en France. Il y a des exemples que l’on a vus à Dijon, en Ille-et-Vilaine, dans le massif des Vosges, etc.” Et des rencontres ont même eu lieu : “On a fait ça pour bien gérer notre affaire et ne pas tomber dans les mêmes pièges que d’autres“, précise Armel Ménez.
Une initiative locale fortement recommandée
Armel Ménez conseille fortement à d’autres associations et à d’autres communes de reprendre cette initiative et donne quelques conseils pour les éventuels intéressés : « Il ne faut pas partir de zéro mais partir de l’expérience des autres.” Il propose même de s’appuyer sur la propre plate-forme de son association: ” Une autre commune, une collectivité pourrait utiliser le code de notre site, puisque c’est un logiciel libre. Pour l’instant Octopouce.net a vocation à être utilisé ici mais pourquoi ne pas imaginer à l’avenir d’autres instances ailleurs. On peut le partager. En tout cas, nous l’avons conçu pour. » Pour un travail efficace, il faut une véritable implication collective à une échelle assez importante : “une collectivité ne doit pas faire ça seule.” Tout en n’oubliant pas de répondre aux attentes de sa population : “Les points forts des communes de demain, c’est un travail avec les habitants pour mettre en place des projets et les aider à se structurer, à concrétiser leur projet.”
Sur certains points, on aurait souhaité, mais on n’en a pas formulé la demande, un technicien qui serait en charge d’aider les bénévoles, de gérer un peu certaines actions, comme la recherche de financement par exemple. La collectivité aurait pu participer avec nous à l’élaboration de demandes de subvention. » Armel Ménez insiste sur ce point : “Ce qui pèse beaucoup sur les associations, c’est cette charge de professionnalisme qui est demandée aux bénévoles, alors quand une collectivité peut mettre à disposition une personne, sur une partie du projet, à temps partiel, là-dessus, ça peut être très intéressant.” Il conclut en rappelant l’importance du travail collectif : “Il faut travailler en horizontal, consulter les habitants et co-construire ses projets. »
bonjour, cette initiative a également été développé sur ma communauté de communes (Grand Pic Saint Loup Hérault) mais elle porte le nom de REZOPOUCE. D’autres collectivités locales se sont appuyées sur ce dispositif, très souple. https://www.rezopouce.fr
Il existe également une variante sympathique au covoiturage sans smartphone 🙂
https://steemit.com/fr/@hellofuture/fr-profiter-du-covoiturage-sans-smartphone-est-ce-possible
Bonour à tous
Je pense à l’implantation des panneaux Octopouce. Ils ne sont pas toujours installés à un endroit bien choisi pour “lever le pouce”. Par experience, quand on fait du stop, on cherche à se positioner à un endroit où les possibilités de destinations sont réduites pour qu’il n’y ait pas dans l’esprit du conducteur la question “Ou Va-t-il? ( ou elle!) On peut répondre d’ailleurs à cette question implicite par une pancarte indiquant sa destination. A Roscanvel, le panneau Octopouce est placé sur le rond point de l’église, avec quatre directions possibles, donc peu efficace.
A voir…