Le jumelage dans les collectivités permet des échanges avec d’autres pays. C’est une occasion de créer du lien entre territoires éloignés.

Le jumelage, belle occasion de créer du lien avec des territoires lointains, qui seraient inconnus sans ce lien particulier. Etre jumelé, aujourd’hui, ce n’est plus envoyer des lettres pendant l’année entre les 2 villes : avec les outils numériques, des jumelages plus ambitieux se développent, pour le plus grand bonheur des habitants. Animer ces échanges tout au long de l’année peut paraître compliqué, heureusement de nouvelles solutions existent !

Un outil pour lier les acteurs des communes

Point de départ du projet : « chaque entrée de ville possède ses panneaux de jumelage qui font rêver » explique l’une des fondateurs, Caroline Bonnavenc. Ainsi, à l’entrée d’une ville rurale comme Villeneuve-sur-Lot (47), trônent les noms de Bouaké en Côte d’Ivoire ou de Troon en Ecosse (ndlr : jolie ville côtière accueillant le parcours de golf mythique de St Andrews). De la même manière, le nom de la métropole Melbourne est inscrit à l’entrée du petit village de Genech (59).
Suite à cette observation, le couple d’enseignants à l’origine de Gemini Way se posait une autre question : dans le cadre des échanges scolaires, que faire de tous les jumelages qui existent ?

« Le réseau que constituent les villes jumelles permet une ouverture sur l’étranger », Caroline Bonnavenc, fondatrice de Gemini Way

C’est ainsi qu’est née Gemini Way, une plateforme numérique favorisant les échanges entre villes jumelles. Cherchant à installer de « nouvelles façons de faire des échanges » et de rapprocher les habitants en facilitant la mise en relation et la communication. La plateforme vise à ainsi permettre de trouver des solutions d’accueil et d’hébergement.

Enlevant ainsi l’aspect commercial d’un Airbnb, Gemini Way se veut une alternative intéressante s’appuyant sur les collectivités et facilitant les jumelages, « points de partage, d’ouverture et de rencontre » explique-t-on à la mairie de Frontignan.
Une mairie qui, dès fin 2015, a très vite soutenue le projet des deux enseignants par l’intermédiaire de la maire adjointe, en charge de la culture, séduite par l’idée. Des échanges ont déjà eu lieu entre Frontignan et ses villes jumelles, Gaeta en Italie, Vizela au Portugal, Pineda de Mar en Espagne, d’où sont originaires une partie de sa population.

La notion d’échange (au sens physique du terme) est au cœur de la démarche de Gemini Way : l’idée est, via les jumelages, est d’accueillir chez soi des habitants des villes jumelles puis d’y être accueilli en retour. Il est possible d’indiquer sa « structure familiale sur la plateforme afin de rejoindre, en famille ou non, une famille “similaire” ». Par ces échanges et les rencontres des diverses cultures, les fondateurs souhaitent « pacifier les relations humaines en s’ouvrant aux autres et en découvrant d’autres cultures ».

Actuellement en version beta, les fondateurs de Gemini Way vont toujours à la rencontre des collectivités et est déjà soutenue par la Région Occitanie, la commune de Frontignan, LR SET (ndlr : incubateur chargé de structurer le secteur sport, loisirs, tourisme au sein du Languedoc-Roussillon) et le département de l’Hérault.
A titre d’information , la plateforme demande une adhésion de 2€ annuelle aux particuliers intéressés alors que les collectivités qui souhaitent rejoindre le projet et créer leur profil s’acquitteront d’un tarif « au prorata du nombre d’habitants » (ndlr : 900 € par an pour Frontignan, commune de 23 000 habitants).

Des jumelages parfois exotiques

Si les jumelages avec des villes européennes sont légions (plus de 2 000 avec des communes allemandes), saviez-vous que Marseille est jumelée avec Shanghai ? Qu’Issy-les-Moulineaux a des liens avec Pékin ? Que Bordeaux a multiplié les jumelages exotiques : Los Angeles, Ashdod en Israël, Fukuoka au Japon, Lima au Pérou, Ouagadougou au Burkina Faso, la ville chinoise de Wuhan ou encore Ramallah dans les Territoires Palestiniens ?

Les grandes villes sont souvent jumelées ensemble, Rio de Janeiro est par exemple jumelée avec Nice, Paris mais aussi Montpellier, Québec est jumelée avec Bordeaux, Paris et Cannes, les liens peuvent être bien plus originaux. Exemple avec Montpellier jumelée avec la Ciudad del Sol, Quilpué, grosse ville chilienne de plus de 150 000 habitants.

Liens historiques obligent, de nombreux jumelages existent avec d’autres communes canadiennes (57 jumelages) ou avec des communes africaines (un peu moins de 200 jumelages). Paradoxalement, il n’existe que très peu de jumelages avec des villes d’ex-Indochine, seulement deux avec des villes du Viêt-Nam (Rennes avec Hue et Choisy-le-Roi avec Dong Da).

Si, en règle générale, les jumelages sont réalisés entre communes de dimensions relativement similaires, la différence de population peut parfois être conséquente. Par exemple, Bergerac (un peu plus de 20 000 hab) est jumelée avec Repentigny (Québec, 83 800 hab) et Faenza (Italie, 58 000 hab). De la même manière, la petite ville d’Aiguillon (4332 habitants dans le 47) est jumelée à la commune de Visé en Belgique (près de 17 500 habitants).

La culture, fondement des programmes de jumelages, permet de mettre en place des ponts entre des communes françaises et des villes étrangères aux riches cultures. Ainsi, Nîmes est jumelée avec l’ancienne capitale marocaine Meknès, au patrimoine culturel considérable. De la même façon, Rennes est jumelée avec la métropole japonaise de Sendai (plus d’un million d’habitants) qui accueille, entre autres, une médiathèque de renommée mondiale, des musées et un château réputés mais aussi le sanctuaire shinto Ōsaki Hachiman-gū, trésor national. Enfin, on pourrait également citer les villes de Château-Chinon-Ville (58) et de Saintes (17) qui sont jumelées avec la richissime cité malienne de Tombouctou (classée au patrimoine mondial de l’humanité).

jumelage

Twinning.org, site d’informations du CCRE

« Moyen utile de mieux faire comprendre aux citoyens les objectifs de l’Union Européenne, de renforcer le sentiment d’une identité européenne et de rapprocher les citoyens entre eux », l’UE encourage les jumelages à travers deux programmes :

  • Depuis 1989, à l’initiative du Parlement européen, un programme communautaire sur les jumelages a vu le jour. Importante source de financement pour les jumelages, l’action européenne de soutien aux jumelages entre dans le cadre du programme « l’Europe pour les citoyens » et vise à soutenir un vaste éventail d’activités et d’organisations en faveur de la promotion d’une “citoyenneté européenne active”.

La Commission européenne supervise le programme et consulte régulièrement le réseau Jumelages du CCRE pour discuter du processus de subvention des projets de jumelage.

  • Le Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE), créé au début des années 50, a impulsé le mouvement des jumelages en tant que mouvement structuré. Le réseau Jumelages du CCRE rassemble les experts de ses associations membres. De par ses relations privilégiées avec les institutions européennes, le CCRE s’assure que les jumelages bénéficient d’un financement adéquat et organise également des événements dans le domaine des jumelages (séminaires, conférences, congrès…).

A l’ère des replis identitaires, une importante partie de la jeunesse mondiale, enfants du monde globalisé et numérique aux frontières floues, est ouverte sur le globe et en demande d’opportunités, de découvrir de nouveaux horizons. Les outils se démultiplient pour permettre aux collectivités de garder contact entre elles. Ainsi, avec un peu d’imagination et de créativité, il peut devenir aisé de rendre service à votre collectivité et de vos concitoyens.