Intégrer les jeunes dans la vie locale, c’est possible ! Un peu d’organisation et une politique jeunesse ambitieuse entraînent de beaux résultats. C’est là tout l’engagement de Nazek Meksi, adjointe…
Intégrer les jeunes dans la vie locale, c’est possible ! Un peu d’organisation et une politique jeunesse ambitieuse entraînent de beaux résultats. C’est là tout l’engagement de Nazek Meksi, adjointe en charge de la Citoyenneté et du projet jeune à La Mulatière (69) et gagnante de notre concours “la meilleure initiative des collectivités locales” en 2017. Retour sur ce beau projet.
Collectivité-jeunesse, une communication à revoir
Lors d’un précédent mandat « à l’éducation et l’enfance avec une casquette touchant la citoyenneté et le développement durable », Nazek Meksi s’est rendue compte que, « les jeunes n’avaient pas connaissance des propositions locales et pensaient que rien ne leur était destiné ».
Consciente de l’écart entre la proposition et l’information retenue, l’élue de La Mulatière décide de s’engager dans une politique ambitieuse grâce à un enjeu clairement identifié : renouer le dialogue entre la politique locale et la jeunesse. La communication entre collectivité et jeunes, pour diverses raisons, fonctionne mal. «On a des jeunes sur place qui pensent qu’on ne les intègre pas. Les actions sont une façon de leur apporter de la lisibilité et de montrer qu’il y a tout un ensemble d’élu.e.s et de partenaires qui veulent communiquer et aller vers eux pour les impliquer dans la vie de la commune ».
Premier constat : la communication est à revoir. En effet, les outils traditionnels comme les bulletins municipaux ne peuvent pas convenir à une population hyper connectée loin des supports papiers.
« on a un journal local et, en discutant avec certains jeunes, j’ai l’impression qu’ils ne le lisent pas », Nazek Meksi
Dans certaines collectivités, on répond que « la population est majoritairement âgée et n’est donc que peu sur les réseaux sociaux » pour justifier un moindre engagement dans la communication numérique. Une stratégie qui n’est plus possible si l’on veut impulser une politique jeunesse ambitieuse. C’est pourquoi Mme Meksi envisage la création d’une page Facebook entièrement dédiée à la jeunesse mulatine, observant déjà davantage d’interaction avec la page de la mairie.
La politique jeunesse : travailler le vivre ensemble aujourd’hui et demain
Au-delà des traditionnelles politiques qui se contentent “d’occuper” les jeunes, la politique jeunesse a également pour tâche de tisser le lien social des générations de demain. « Aujourd’hui, il y a deux jeunesses : une qui sait ce qu’elle veut et qui a des projets, s’insère et sait déjà où elle va, et une jeunesse qui n’est pas désœuvrée mais presque, découragée, démotivée, en situation de décrochage scolaire et qui a besoin d’appuis de personnes déjà en place, d’adultes références. Il est intéressant que ces deux jeunesses se côtoient et apprennent à vivre ensemble. De même, il ne faut pas oublier l’intergénérationnel. Et tout cela, ça manque au quotidien ».
Dans l’optique de (re)créer du lien intergénérationnel, une action a été menée « où des jeunes vont encadrer et animer. Ils vont aller au contact de tout-petits mais aussi de parents et de grands-parents par le biais d’ateliers musicaux et/ou sportifs ». Un foot-salle organisé dans la commune où, pour le moment, les jeunes joueurs sont encadrés par des éducateurs “mais deviendront, à terme, les relais de ces derniers”, comme le confie l’élue locale.
Cette notion de responsabiliser tient à cœur à Nazek Meksi qui explique : « il faut identifier les jeunes qui semblent n’avoir pas peur de s’engager et essayer de faire en sorte qu’ils se structurent en association pour qu’on ait des référents, des personnes avec qui l’on puisse communiquer et avoir un relais en cas de soucis ». Un appui local incarné par des référents qui relaient l’information.
Alors que certaines idées reçues voudraient qu’il soit difficile de trouver des volontaires pour encadrer des seniors notamment, Mme Meksi s’est dite « positivement surprise. Je pensais que cela serait peut-être un petit peu compliqué, c’est vrai qu’ils vont avoir plus de facilité à s’occuper des plus jeunes que des seniors mais nous avons pris les choses à l’envers. Avec l’équipe municipale, nous les motivons pour des projets en ayant une participation financière et en leur demandant une implication dans les actions de la commune. C’est là où nous allons faire jouer l’intergénérationnel ». Une proposition donnant-donnant qui semble avoir rencontré un accueil positif.
Ouvrir les coulisses de la mairie aux jeunes
Pour recréer du lien entre la collectivité et les plus jeunes citoyens, Nazek Meksi organise des accueils en mairie. Des classes sont conviées afin de devenir les citoyens de demain. « Les enseignants nous en font la demande par mail et on prévoit une plage horaire d’une heure à une demi-journée. Nous avons accueilli une classe de CM1 pour le 14 février et, comme c’était la Saint-Valentin, nous avons organisé un mariage citoyen fictif… ce qui a énormément plu ! ».
Ces activités sont régulièrement organisées. Ainsi, en mai, il est prévu qu’une classe de CM2 vienne visiter la mairie. « Le principe, est de leur faire visiter les locaux, découvrir les services… Ensuite, nous les amenons dans la salle du conseil et nous répondons à leurs questions. Tout cela dans l’idée de rendre la mairie plus accessible ». De même, avec les beaux jours, des idées d’activités sont à l’étude avec les services des espaces verts afin que les enfants « voient que la commune, ce n’est pas que la mairie, il y a de nombreux services qui gravitent autour ».
Un aperçu des coulisses municipaux très positif selon les enfants qui « sont très motivés et beaucoup voudraient créer un conseil municipal d’enfants. Cela leur donne encore plus envie de faire remonter des idées. ». Une façon de susciter des vocations chez des citoyens en herbe qui découvrent le travail des collectivités et les coulisses du travail politique.
Pour toucher un public plus âgé, à La Mulatière, est également organisée chaque année une Cérémonie de la Citoyenneté – cérémonie lors de laquelle « on remet la carte d’électeur en main propre, avec accueil en mairie » – qui commence à attirer de plus en plus de jeunes de 18 ans et qui « permet aussi d’avoir plus de lisibilité et de recueillir leurs propos ».
Si, dans l’immédiat, la parole des jeunes n’est exprimée que de façon indirecte lors des réunions de concertation entre élus et partenaires que sont les “groupes opérationnels enfance-jeunesse”, ces jeunes devraient à terme être directement présents dans ces organes décisionnels. Ainsi, en ligne de mire des nombreuses actions envers les jeunes, on retrouve l’objectif de former une jeunesse avec un fort engagement citoyen « qui soit actrice de la cité » afin de pouvoir organiser un véritable Conseil Jeune « qui permettra de donner des impulsions à la ville ».