Une commune échange les postes de ses équipes municipales pour renforcer la cohésion et l’esprit d’équipe pour améliorer leurs services

Échanger les postes des équipes municipales ; voilà l’idée surprenante de Gargès-lès-Gonesse pour améliorer la cohésion d’équipe et valoriser l’expérience des agents et des cadres municipaux. Une expérience réalisée en 2015 et qui se maintient depuis.

Un projet pour améliorer la qualité de vie au travail

La commune du Val D’Oise sait prendre en compte le bien-être de ses agents. C’est en tous cas ce que nous affirme Guilhem Pellet le directeur général des services de la commune : « Gargès est engagé dans une politique importante de qualité de vie au travail. C’est un sujet prioritaire en interne, fixé par Monsieur le Maire pour ce mandat. Cela a débouché sur l’élaboration d’un plan d’action “qualité de vie au travail” avec de nombreuses initiatives réalisées sur nos locaux, sur nos formations et une attention forte accordée à la connaissance de l’autre, à la transversalité, à la transmission d’informations. » C’est dans ce cadre que l’idée d’instaurer un échange de poste voit le jour. C’est une première pour une commune, mais l’inspiration vient du secteur privée : certaines entreprises réalisent en effet des échanges de poste entre cadres afin d’améliorer l’esprit de l’équipe. Guilhem Pellet décide de s’en inspirer.

L’objectif, c’est de favoriser la cohésion entre les équipes municipales ainsi que la transversalité entre les services, tout en apportant une expérience originale et professionnelle aux intéressés.

Une initiative en plusieurs étapes

A l’origine de l’idée, en 2015, l’initiative ne concernait que les directeurs. Guilhem Pellet cherchait alors à améliorer l’équipe : « Sur cette problématique commune à toutes collectivités, on a testé un dispositif : “échange ton poste”. Au sein de la DGA, pendant une semaine, et par le biais d’un tirage au sort, les directeurs ont assuré et ont interverti leur poste, avec toutes les missions et compétences que cela implique”.

Les retours sont très positifs. Ce qui amène non seulement l’expérience à se renouveler mais aussi à s’étendre. Guilhem Pellet s’en souvient : « C’est quelque chose qu’on a souhaité réaliser pour tous les services de la ville. On a continué à le faire au niveau des directeurs une fois par an, toujours avec un tirage au sort. » Pour les agents, en revanche, la forme diffère : “Il n’y a pas de tirage au sort pour eux, c’est une démarche fondée sur le volontariat.” Ils ont le choix entre un « échange ton poste » sur le modèle de celui réalisé pour les cadres, ou alors de manière plus classique, ils peuvent réaliser un stage de cinq jours sur le poste de leur choix. La mairie offre ainsi la possibilité à tous ses agents de découvrir à travers une réelle mission, ce que sont les différents métiers de la ville.

Pour les agents, l’expérience est encore récente puisque cette possibilité leur est offerte depuis le 1er janvier 2017. Pour l’instant, seule une dizaine d’agents ont participé mais la mairie compte bien prolonger l’initiative : « On espère développer ça dans les prochaines années et avoir plusieurs dizaines d’agent chaque année. » Les cadres, eux, dans le cas des démarches obligatoires, sont une trentaine.

Un autre dispositif est mis en place pour les agents : « Quand il y a une bourse interne sur un poste au sein de la collectivité, tous les agents qui veulent candidater peuvent aller passer une journée sur ce poste. On a bien sûr beaucoup plus de monde dans ce cadre-là. »

Un retour bénéfique pour la cohésion d’équipe de la commune et ses services

Les apports d’une telle initiative pour la commune et les personnes impliquées sont nombreux. Selon Guilhem Pellet, les agents, « par rapport à leur perspective de mobilités professionnels, voient un intérêt à aller découvrir tel ou tel poste ». Pour les cadres, l’objectif, « c’est vraiment de développer leur capacité managériale, de favoriser la transversalité entre les directions et de prendre en compte les contraintes de l’autre » Et dans les deux cas, le retour est positif ; la plupart d’entre eux sont convaincus par ce système. Malgré son caractère imposé et quelques réticences au début, l’expérience est maintenue chaque année pour les cadres : “Il y a un aspect découverte qu’ils apprécient beaucoup : on découvre le métier de l’autre, on réalise de nouvelles actions, on rencontre de nouvelles personnes. Certains développent de nouvelles compétences, ils sortent de leur confort et de leur domaine d’expertise technique. » Mais parfois, l’enjeu peut les impressionner : « Ils sont un peu hésitants sur certaines décisions. Ils ne veulent pas forcément agir, ils n’ont pas complètement les manettes. »

Pour les agents, ce qui est valorisant pour eux, c’est le fait de découvrir de nouveaux métiers. Et ils ont conscience que cela favorise aussi la mobilité interne. Guilhet Pellet prend exemple sur ce qui est pour lui la « belle histoire » de cette initiative : « Notre premier agent, non cadre, à faire l’expérience début janvier 2017 voulait se reconvertir professionnellement depuis pas mal de temps. Elle a profité de cette expérience, elle a fait un stage sur un poste d’agent de guichet. Le stage s’est très bien passé. Six mois plus tard, coup de chance, une bourse interne est parue pour un poste au guichet. Elle a candidaté, elle a pu mettre en avant ce qu’elle avait fait et elle a été retenue. On est content car cela nous fait une belle publicité. »

Echanger de poste : un dispositif fortement recommandé

L’initiative a très vite convaincu. Guilhem Pellet le rappelle : “Dès la première expérience, tout le monde était d’accord. On a fait une réunion de bilan avec le maire et les élus. C’était un bilan très positif sur la démarche et les retours des directeurs. Le maire était donc d’accord pour l’étendre dans toutes les directions de la ville. On a ensuite rédigé un protocole pour tous les agents”.

Quand on lui demande s’il conseillerait ce dispositif à d’autres communes, Guilhem Pellet se montre catégorique : “Je le recommande ! C’est un dispositif qui ne coûte rien et qui a une dimension ludique. Il permet de travailler sur la transversalité et la connaissance de l’autre. Je pense que parfois dans la collectivité, il y a toujours le fantasme du “je travaille plus que l’autre, l’autre a plus de moyens que moi, mon contexte est plus dur, etc.” Ce dispositif met à bas ces préjugés-là. Cela participe à une vision assez dynamique de la collectivité. Du côté des agents, cela recueille de très bons retours, y compris des syndicats. Ça développe la politique de formation, cela développe la politique de mobilité interne et les agents voient ainsi qu’on favorise leur parcours de carrière. Et le tout, pour un coût inexistant“.