Une femme qui prend le pari de nouer des actions politiques et sociales où l’ambition féminine est le fil conducteur et la parité.

Nathalie Loiseau est l’un des nouveaux visages du gouvernement d’Edouard Philippe. Nous l’avons rencontrée dans le cadre de notre club « Mixité et territoires » le 6 juin dernier à Strasbourg. Présentation d’une femme inspirée et inspirante …

Nathalie Loiseau est diplômée de Sciences Po Paris et de l’INALCO en chinois. Entrée au Ministère des Affaires étrangères en 1986, elle a notamment servi aux directions de la communication et de la presse, d’Asie et des Nations unies, puis a été conseillère technique au cabinet du ministre. A partir de 1990, elle est affectée à Jakarta, Dakar, Rabat et à Washington, où elle dirige le service de presse de l’ambassade en 2002, au moment où la France affronte des sommets d’impopularité aux Etats-Unis en raison de son opposition à la guerre en Irak. En 2007, elle devient sous-directrice d’Afrique du Nord puis directrice adjointe d’Afrique du Nord et du Moyen Orient au Quai d’Orsay avant d’y être nommée directrice des ressources humaines et directrice générale de l’administration et de la modernisation. Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur et Officier de l’Ordre National du Mérite, Nathalie Loiseau est nommée directrice de l’ENA le 3 octobre 2012. En 2017, elle devient ministre chargée des affaires européennes par Emmanuel Macron.

Nous avons rencontré une femme dont le combat ne se limite pas à remettre en cause les failles d’un système dépourvu d’une égalité homme femme. Nathalie Loiseau prend le pari de nouer positivement des actions politiques et sociales où l’ambition féminine est le fil conducteur et la parité, notamment en politique, sa traduction concrète.

L’ambition dans ses actions

L’ambition est ce qui ressort le plus de l’entretien avec la nouvelle ministre. L’ambition, elle la préconise de prime abord dès le plus jeune âge. Il y a donc une éducation dédiée qui peut être l’un des principaux moteurs de réussite et de dépassement du carcan dans lesquelles les femmes semblent être enchevêtrées. Cette ambition peut aussi être caractérisée par la volonté d’indépendance et d’autonomie. A ce titre Nathalie Loiseau a insisté sur le principe de l’indépendance financière des femmes, marqueur d’autonomie et d’évolution sociale et sociétale. Cette indépendance financière, c’est aussi la capacité à intégrer les codes sociaux, apprendre à parler d’argent pour mettre un terme à ce monopole de thèmes vus comme exclusivement masculin.

« J’ai appris à faire une chose terrible pour une femme, j’ai appris à parler d’argent »

Il est aussi question, toujours au sujet de cette ambition, de pouvoir la pérenniser par l’identification à un modèle de réussite. Un rôle modèle qui permet de donner concrètement des objectifs et des motivations précises. L’image d’un standard de réussite est aussi importante dans une dimension plus sociologique : là où elle donne une idée des codes sociaux et des désirs objectifs d’une société dans un temps déterminé.

Par ailleurs Nathalie Loiseau reste nuancée dans ses propos. L’idée de l’ambition n’est pas incompatible avec celle de l’échec. Au contraire, en acceptant l’échec, on apprend à anticiper les situations et à se perfectionner.

« J’ai toujours l’impression de mal faire, mais je fais avec !
Tout n’est pas parfait, dans ma vie professionnelle et dans ma vie familiale, mais ça me convient. Je me dis que je fais au mieux ! »

Si Nathalie Loiseau veut avant tout abreuver de conseils les femmes pour réveiller l’instinct de révolte et d’ambition, elle vise aussi à ouvrir le débat sur la parité, notamment au sein de l’espace politique.

La parité, l’impérieuse visée politique

Nathalie Loiseau

Bien que le mouvement de légifération en faveur de la parité et de l’égalité homme femme se soit accéléré dans les dix dernières années, il demeure certains points d’ombres quant à son intégration au sein des collectivités et notamment au sein de ses différentes assemblées. L’exemple est également probant au niveau des cabinets ministériels où la place laissée aux femmes reste marginale. Le combat n’est donc absolument pas terminé et les renouveaux politiques orchestrés par les dernières élections laissent encore de l’espoir pour la neutralisation de ces inégalités. Lorsqu’elle était encore, il y a quelques mois, directrice de l’Ecole Nationale d’Administration, Nathalie Loiseau avait œuvré pour favoriser l’accès des femmes à ces hautes études. Il ne fait pas de doute que ses convictions seront renforcées à la tête de son tout nouveau ministère. Il est d’ailleurs certain que la posture européenne de sa récente fonction soit une facilité supplémentaire pour la mise en place d’un débat centré sur la place des femmes dans l’espace politique national et supranational.

« Quand la loi impose la parité, on trouve des femmes ; quand la parité n’est pas obligatoire, on trouve des excuses »

Espérons finalement que ce message positif que Nathalie Loiseau adresse aux femmes, et notamment aux femmes élues soit entendu à sa juste valeur. Ce message pourrait d’ailleurs être décuplé si cette ambition féminine faisait grâce à un mouvement de solidarité entre toutes les femmes et pour toutes les femmes.