Alors que le développement durable et ses exigences se répandent progressivement partout, dans les territoires ruraux, l’agriculture biologique et des méthodes de production alternatives gagnent des partisans à grande vitesse….
Alors que le développement durable et ses exigences se répandent progressivement partout, dans les territoires ruraux, l’agriculture biologique et des méthodes de production alternatives gagnent des partisans à grande vitesse. Ces mutations s’insèrent aussi dans les villes notamment sous la forme de ferme urbaine.
Soumises à ces impératifs, elles sont en pleine évolution : les façons de penser la ville, de se déplacer dans la ville, de consommer et de produire évoluent. Dans de nombreux endroits, les circuits courts tendent à devenir la norme (ils sont une façon de réduire les émissions de gaz à effets de serre lors du transport mais aussi un moyen de soutenir le monde agricole en difficulté). A Albi ou, à l’étranger comme à Detroit, les fermes se rapprochent des villes afin d’assurer ces circuits courts.
Solution plus radicale : installer des fermes dans la ville !
L’exemple de la Cantine, Nantes
À la Cantine, restaurant situé à Nantes, face à la Loire, est proposé de mai à octobre un menu unique (entrée, plat, dessert) concocté avec une majorité de produits locaux et de saison. Jusqu’ici, rien de bien innovant, sauf que ce restaurant est approvisionné par le potager, véritable îlot végétal et nourrissant situé en plein Nantes. Initialement prévu s’arrêter fin octobre 2016, le projet va durer plus longtemps voire peut-être s’inscrire dans la durée.
Projet novateur mais aussi gros terrain d’expérimentation, le potager, c’est 930m² de cultures installées confortablement dans 2 230 palettes récupérées et 150 mètres cubes de terreau. De la culture hors-sol mais sans aucun produit phytosanitaire, même pas de bouillie bordelaise. C’est aussi un lieu qui se veut pédagogique puisque les visiteurs peuvent accéder à une petite partie du potager. Les légumes étant consommés, il y a une sécurité sanitaire à garantir. Ainsi, depuis le mois de mai, 8 000 salades (laitue de Doulon, cressonnette du Maroc, feuilles de chêne rouges ou vertes), douze sortes de basilic différents cinq de tomates, des fraises…ont été plantées, cultivées avec soin puis acheminées dans les cuisines. …
L’environnement particulier d’une ville est à prendre en compte méticuleusement tant il y a de choses à prendre en compte dans un contexte urbain, comme la pollution nocturne ou une biodiversité moins présente par exemple : peu voire pas de ravageurs type chenilles ou pucerons, mais aussi peu des pollinisateurs que sont les guêpes par exemple. De plus, situé en plein vent, le potager pose un important défi concernant l’irrigation car la terre a tendance à sécher rapidement, il faut donc en théorie beaucoup arroser. La solution est un arrosage réalisé avec un tuyau microporeux, qui distille l’eau goutte à goutte et évite le gaspillage.
L’idée du potager est aussi de s’inscrire dans un territoire, celui de Nantes. L’utilisation de palettes et de châssis nantais (sorte de grosse boîte, accessoire idéal pour les boutures, les semis précoces, ainsi que pour les cultures tardives, système très pratique pour protéger les légumes du potager) renvoient à l’Histoire locale : les palettes, à l’ancienne zone de fret, de transport de marchandises, les châssis nantais à une vieille technique locale utilisée dans la région depuis un siècle et demi.
Les plants se développent au sein d’un équilibre entre terre franche, tourbe et compost : le compost apporte les éléments nutritifs, la tourbe permet à l’eau de se diffuser partout et la terre franche, grâce à l’argile, agit comme un tampon en maintenant l’eau.
Ne sont cultivés que des légumes à cycle court et qui n’ont pas besoin d’une énorme profondeur de terre : épinards, poireaux, navets japonais…(en ce qui concerne les légumes d’hiver).
A Lyon, la ferme urbaine robotisée
Dans un tout autre registre, à la limite de la science-fiction, à Lyon, la société FUL pour Ferme Urbaine Lyon expérimente une nouvelle façon de produire particulièrement surprenante (et presque effrayante selon le point de vue…) qui se veut comme un projet clé en main et aisément transposable, s’inscrivant dans le modèle avancé par beaucoup d’une ville technologique et durable, autosuffisante. La structure ne requière que peu de place au sol (20m² pour le site pilote) et peut donc facilement s’insérer dans la ville de demain.
Imaginez une ancienne serre (site pilote de 50m²) au sein de laquelle est installée une vaste structure entièrement robotisée que l’on pourrait décrire comme de vastes étagères (2 fois 4 étages) où chaque étage serait motorisé. Les plants sont automatiquement déplacés et écartés en fonction de l’avancée de leur croissance par des robots préhenseurs et pousseurs situés aux extrémités des « étagères ».
Ces plants sont nourris par hydroponie, en hors-sol. L’eau de pluie récoltée est enrichie en nutriments puis répandue partout au sein de la structure, directement au niveau des réceptacles des plants via un arrosage verticale, assurant ainsi une perte minimale d’eau. Circulant dans un circuit continu, celle-ci est ensuite réutilisée (90 % de l’eau est réutilisée).
La serre cloisonnée permet de parfaitement contrôler l’environnement, ce qui permet d’optimiser la qualité des produits cultivés tout en évitant d’utiliser des pesticides. Le « climat » au sein de la serre est permis par l’utilisation de parois diffusantes, l’air chaud produit au sein de la serre est récupéré et réutilisé une fois déshumidifié. Le contrôle de l’ensemble des facteurs de croissance d’une plante permet de produire à peu près n’importe quel type de produits
La photosynthèse nécessaire à la bonne croissance des plantes est assurée par 111 leds blanches, réparties sur 3 niveaux de culture, moins énergivores que des ampoules standards.
En résumé, cet original projet répond bien aux enjeux de la ville durable et aux exigences de consommation de ces habitants :
- Qualité des produits ;
- Circuits courts (difficile de faire plus court, la structure étant dans la ville !) ;
- Ne prend que très peu de place ;
- Pas de pesticide, pas de rejet dans l’environnement (environnement cloisonné) ;
- La capacité à reproduire tous les climats du monde permet de produire n’importe quel produit ;
- Economie d’énergie et de ressources (10 fois moins d’eau qu’une structure standard).