Nous avons tendance à réduire la différence ville-campagne à l’opposition bitume-nature. Pourtant, les espaces verts, et notamment les arbres, ont une présence et un rôle très importants en milieu urbain….
Nous avons tendance à réduire la différence ville-campagne à l’opposition bitume-nature. Pourtant, les espaces verts, et notamment les arbres, ont une présence et un rôle très importants en milieu urbain. Ils sont de précieux alliés à ne pas négliger pour améliorer la vie en ville.
La ville, un espace vert ?
Il n’est pas rare d’associer la vie urbaine à un environnement grisâtre. En 1995, Mathieu Kassovitz avait fait le choix audacieux de réaliser son film La Haine en optant pour le noir et blanc, comme pour rappeler qu’on ne pouvait trouver d’autres couleurs en banlieue ; de la rue aux bâtiments, tout n’y est que gris. Pourtant, la ville est en réalité loin d’être exempte de végétation et depuis quelques décennies, l’explosion des aires urbaines et la construction des grands ensembles ont démontré la valeur essentielle des arbres et des environnements naturels en milieu urbain.
En France, les grandes villes sont dotées de plusieurs espaces verts, comme les parcs, où les habitantes et habitants peuvent se rendre pour y trouver un petit coin de nature aménagé. Mais on peut aussi trouver des arbres le long des boulevards, des avenues et des rues, ce qui rend le paysage urbain plus reposant. Certains arbres, comme le platane, sont devenus caractéristiques des ornements urbains. D’autres, comme le chêne ou le séquoia, peuvent être de véritables témoins du passé, grâce à leur longévité extraordinaire.
Les arbres, un atout précieux pour l’environnement
Les vertus associées aux espaces verts et aux arbres en ville ne se limitent aux critères purement esthétiques : les arbres, de par leur nature, ont des bienfaits écologiques très importants. Ce sont de véritables puits de carbone naturels : ils peuvent capter une part du CO2 dégagé par les villes et ainsi répondre à une des problématiques les plus importantes des villes modernes. Ils sont ainsi capables de réduire la pollution dans les villes et de diminuer les particules fines ; leurs feuilles peuvent piéger jusqu’à plusieurs kilos de particules par an.
En outre, ils produisent une quantité importante d’oxygène et favorisent l’écosystème, en étant un abri naturel pour la faune en ville. Ils sont, enfin, un allié précieux pour réguler la température des villes : en été, ils absorbent une partie des rayons, ce qui évite le réchauffement du bitume, et en hiver, ils peuvent bloquer les grands vents froids.
Outre les bienfaits environnementaux, les arbres et les espaces verts améliorent grandement la qualité de vie des habitants. En effet, ils permettent de diminuer le stress des citoyens et, par opposition au cadre gris des villes qu’on associe à un environnement morose et hostile, les espaces urbains avec un aménagement naturel sont perçus comme des endroits rassurants et sécurisants.
Mais leurs bienfaits ne sont pas uniquement psychologiques. Les arbres et les espaces verts améliorent grandement le confort des habitants : ils peuvent masquer les mauvaises odeurs s’ils sont correctement placés à proximité des égouts, des poubelles, etc. Ils peuvent aussi couvrir en partie les bruits intempestifs. Et, ils sont, comme nous l’avons évoqué en début d’article, un excellent moyen d’embellissement urbain.
Un moyen efficace de lutter contre les îlots de chaleur
Le réchauffement climatique a des conséquences directes pour les villes : les canicules et la sensation de chaleur y sont accentuées par le bitume et la pollution des villes. L’été, certaines zones urbaines peuvent devenir de véritables îlots de chaleur avec, par moments, des écarts de température considérables : à Rennes, on mesure parfois six degrés d’écart entre le centre-ville et la campagne. La faute aux bitumes et aux macadams qui emmagasinent trop de chaleur, et aux nuits trop courtes l’été qui ne leur permettent pas de tout évacuer. Un problème qui va s’accentuer au cours des prochaines décennies.
Jacque Le Letty, chargé de mission santé environnement à la MCE de Rennes, a confié à Ouest-France que la solution ne peut venir que des « îlots de fraîcheur » ; les espaces verts qui permettent de rafraîchir les villes. A Paris, où le problème est identique, la mairie expérimente une solution radicale : certaines parties vont être « débitumées ». Pour l’instant, trois cours de récréation sont concernées. Mais les urbanistes sont désormais prévenus, l’avenir des métropoles passent par un retour aux espaces verts.